Monsieur Jean-Marc Gogognon, psychologue clinicien de formation, connu dans la communauté ivoirienne au Royaume-Uni pour son franc-parler était précédemment militant du Front populaire ivoirien. Représentant du Fpi au Royaume-Uni d’Angleterre et de l’Irlande du Nord et Directeur de Campagne du l’ex-Premier ministre Pascal Affi N’Guessan à l’élection présidentielle de 2015, Jean-Marc Gogognon, ex-militant discipliné du Fpi, vient de viré à quatre-vingt-dix degré (90°) au Congrès Panafricain pour la Justice et l’Egalité des Peuples (COJEP). Dans cette interview par mail que nous publions pour vous, Jean-Marc Gogognon n’a pas répondu à certaines de nos questions à savoir depuis quand il a rejoint le parti fondé par Blé Goudé Charles et quel rôle il joue dans le Cabinet de celui-ci et aussi et surtout, s’il avait discuté de sa démission de son poste de Représentant du Fpi au Royaume-Uni avec le Président du parti, l’ex-Premier ministre Pascal Affi N’Guessan.
Afriqu’Essor : M. Jean-Marc Gogognon, comment se porte la Représentation de votre parti le Front populaire ivoirien (Fpi) au Royaume-Uni et en Irlande du Nord ?
Jean-Marc Gogognon : Merci à Afriqu’Essor pour cette opportunité de m’adresser à mes concitoyens après quatre (4) ans de silence. En effet, à votre question, je n’ai pas d’avis à émettre puisque je n’ai plus d’engagement avec le Front populaire ivoirien (Fpi) et sa Représentation au Royaume-Uni. Il va falloir interroger celui qui m’a succédé à ce poste.
Nous savons à la Rédaction de Afriqu’Essor que vous avez démissionné de votre poste de Représentant du Fpi, mais là vous nous apprenez que vous êtes désormais membre du COJEP.
Pouvez-vous nous dire depuis quand vous avez rejoint le parti politique du Ministre Blé Goudé Charles et quel rôle vous y jouer ?
L’identification à un parti politique n’est pas un évènement spécial. Ce n’est pas non plus le résultat d’un examen spécial ou national au point d’afficher son affiliation politique sur le visage pour en être identifie ou montrer au monde entier qu’on milite ici ou là et après? L’appartenance à une structure politique ou apolitique est un choix personnel qui se limite à l’ego de chacun par rapport à la motivation de sa décision. C’est tout et rien d’autre. Il nous faut nécessairement sortir de l’affichage grotesque parfois surévalué de nos choix politiques personnels sur les visages comme des timbres. Cela expose à des risques d’exploitations, à l’achat de consciences, aux débauchages démesuré ou politiquement orienté, au mauvais voisinage, aux différents abus discriminatoires dans l’administration civile, militaire et dans l’administration diplomatique.
Cela fait environ 18 ans que je suis au service de la Santé publique en Angleterre, jamais je ne connais l’appartenance politique de mes collègues et jamais nous n’avons parlé politique au travail. Idem chez mes voisins de quartier. Cela justifie que l’appartenance politique est exclusivement personnelle. Ce n’est pas un trophée national à brader à tout vent.
J’invite encore mes concitoyens à sortir du complexe nuisible de l’appartenance politique ou l’accointance avec les autorités politiques ou administratives, car être en contact avec une autorité politique ou administrative n’est pas un évènement en Europe, c’est d’ailleurs le dernier souci des populations très occupées à organiser leur vie professionnelle, individuelle ou collective.
Pour moi les titres n’ont pas d’importance, c’est le travail de terrain ou d’équipe qui fait avancer une structure. C’est ce que je ressens à ce moment au COJEP et souhaite qu’il soit ainsi aussi longtemps possible, car l’harmonie de groupe est la première valeur qui connecte un parti politique aux populations.
M. Jean Marc Gogognon, vous avez été nommé Directeur de campagne (DDC) au Royaume-Uni et en Irlande du Nord pour M. Affi N’Guessan Pascal, candidat du Front populaire ivoirien, le 15 septembre 2015 ; et confirmé Représentant de ce parti le 26 septembre de la même année. Aujourd’hui, vous vous retrouvez au COJEP. Pouvez-vous nous expliquer votre motivation ?
En ce qui me concerne, engager une structure sérieusement divisée à des compétitions électorales, pendant que la majorité visible donc indéniable des militants du Fpi demeurent très hostiles à son Président statutaire, me semble politiquement incorrecte. Cela s’apparente à une sérieuse erreur de jugement qu’il faut assumer dignement. Je ne pouvais en toute logique m’engager dans cette action de DDC.
Ma démission immédiate suite au résultat catastrophique aux élections présidentielles était inévitable malgré le grand respect que je voue au Président Pascal Affi N’Guessan.
Par ailleurs, je milite dans le Parti travailliste (Labour Party) au Royaume-Uni où je vis depuis environ trente (30) ans. Tous les leaders de ce parti qui ont enregistré de mauvaises résultats aux élections ont été tous contraints à la démission, pour permettre à de nouvelles personnes de réorganiser le parti, lui doter d’un programme de société révise ou décent par rapport aux besoins des populations. Idem pour les autres formations politiques du royaume. Des exemples existent tels que l’ex Premier ministre Gordon Brown qui a démissionné en 2010 pour avoir enregistré un résultat désastreux aux élections générales. De même pour M. Ed Miliband qui a démissionné le 8 May 2015 du leadership du Parti travailliste (Labour), après une chute vertigineuse.
J’invite donc mes concitoyens de la Diaspora à transférer ces valeurs démocratiques que nous vivons au quotidien en Europe, chez nous en Afrique, dans nos organisations politiques respectives pour aider à améliorer leurs niveaux politiques.
Cependant, les divergences de vue, les contradictions internes ou les courants de pensées sont propres à toutes les organisations sociétales à l’exception des monarchies et des régimes tyranniques. Selon Dale Carnegie, psychosociologue, “l’objectif d’un débat n’est pas d’avoir forcement raison, mais de présenter le sujet débattu sur plusieurs angles pour permettre sa compréhension diversifiée”. Donc les contradictions ne sont pas forcément négatives.
A titre d’exemple, l’ex Premier ministre issu du parti conservateur Margaret Tchatcher a profité de la division interne du Labour Party, pour faire trois mandats et battre ainsi le record de longévité à ce niveau, principalement à cause de la longue crise interne qui décimait le Parti travailliste à cette époque. Le Parti travailliste était divisé en trois clans consécutifs à des approches politiques divergentes, dont celui de John Smith, paix à son âme, qui a été remplacé par Tony Blair, ensuite le clan de Gordon Brown et celui que dirigeait John Prescott. Malgré les hostilités ouvertes par voie presse et médias interposés pendant des années, ils n’ont pas fait usage de Congrès solitaire pour se sanctionner les clans, plutôt ils sont parvenus à un consensus politique qu’ils ont appelle “gentleman agreement” qui a abouti au “New Labour” qui était le slogan avec lequel ce parti est revenue au pouvoir. Ce « gentlemen agreement » qui consistait à partager le pouvoir en cas de succès, a été respecté; Tony Blair a été Premier ministre selon le « deal », Gordon Brown Ministre de l’Économie et des Finances et John Prescott Vice-Premier ministre. Ce poste de Vice-Premier avait été créé spécialement par rapport au « deal » de l’unification du parti. Ce poste de Vice-Premier ministre et le concept du « New Labour » ont disparu à la fin des trois mandats de ce parti. C’est l’évidence qu’il y a toujours une porte de sortie honorable à toutes crises, qui peut lui éviter de se stabiliser dans la guerre clanique forcement contreproductive.
Votre transition s’est-elle passée sans regrets ? Que reprochez-vous aux dirigeants et à l’idéologie (vision politique) de votre ancien parti politique ?
Je suis un inconditionnel adepte de la non-violence comme idéologie politique, dans la mesure où la non-violence n’est pas destinée aux lâches, puisqu’il s’agit belle et bien d’une véritable résistance qui a fait ses preuves en Inde, aux USA, en Afrique du Sud et ailleurs. Selon le principe de la non-violence, on n’est pas obligé de se laisser faire, mais il ne faut pas non plus répondre par la violence. La non-violence montre non pas en étant passif, non pas en ne réagissant, mais en étant spirituellement et émotionnellement actif pour convaincre l’adversaire qu’il est sur le mauvais chemin. Il ne s’agit donc pas d’une non-violence au mal, mais d’une résistance non-violente au mal. Plus explicitement la non-violence n’est pas de vaincre à tous les coups l’adversaire, mais à gagner son estime, son amitié et sa compréhension. Une façon de le dérouter sans attenter à son intégrité physique. C’est un énorme travail psychologique à travers une consistante thérapie publique.
Suite à l‘humiliation dont il a été victime par le système raciste de l’Afrique du Sud à l’époque, qui l’avait contraint de descendre d’un train destiné aux Blancs, Mahatma Gandhi s’est imprégné du principe de la non-violence initiée par le Sud-Africain Docteur Joh Dube (1871 – 1946), pour non seulement défendre le droit des Indiens refugiés en Afrique du Sud à cause de la répression coloniale britannique en Inde, mais à son retour en Inde, Mahatma Gandhi est venu à bout de la colonisation britannique à travers des actions non-violentes pour irréversiblement libérer le peuple indien en 1947 avant d’être assassine par un séparatiste en 1948. L’une des phrases magiques de Mahatma Gandhi est la suivante, “ des fleuves de sang pourront couler mais cela ne nous empêchera de changer la vision de nos ennemis à travers notre combat de la non-violence”. Mahatma Gandhi demeure dans la conscience mondiale comme un monument et un grand acteur de paix ou de la non-violence.
J’ai été très fascine par la constance de la non-violence dans la crise ivoirienne par M. Blé Goudé. Je vois en lui le Sud-Africain Dr John Dube (1871 – 1946), créateur de l’ANNC (African Native National Congress qu’il a créé dans une Église en 1912, mouvement non-violent pendant que certains faisaient usage des armes pour se défendre du system de l’Apartheid, Dr Dube disait, “c’est eux les fabricants des armes et des munitions, nous ne pouvons pas acquérir les armes auprès de nos ennemis pour nous defender efficacement contre eux, c’est un combat perdu d’avance. l‘histoire lui a donné raison, puisque son organisation transformée en parti politique plus tard devenue ANC (African National Congress) pour venir à bout du pouvoir raciste sans tirer un seul coup de fusil en 1994, quand Mandela fut élu premier Président noir d’Afrique du Sud, pour ainsi libérer son peuple irréversiblement. Le cas Martin Luther King qui a aussi fait usage de la non-violence, dont la constance ou la force de la parole est venu à bout du système ségrégationniste américain pour ainsi libérer à jamais les peuples noirs d’Amériques sans tirer un seul coup de fusil, bien qu’il en ait été victime.
Voyez-vous, un jeune de moins de 30 ans avant la crise armée dont l’objectif était de contrôler l’État ivoirien afin de stabiliser la recolonisation de la Côte d’Ivoire, M. Blé Goudé étudiait à Manchester en Angleterre. Apres quelques heures de la tentative du plus long coup d’État de ce siècle (19 Septembre 2002 – 11 Avril 2011), M. Blé Goudé arrive sur Londres et nuitamment regroupe quelques leaders d’opinions, pour leurs demander de s’organiser pour dénoncer la violence en Côte d’Ivoire. A la suite de cela il décide de prendre le haut risque de rentrer en Côte d’Ivoire, pendant que les assaillants ou les rebelles occupaient le pays, fusillaient, égorgeaient passionnellement de façon sélective les Ivoiriens et Ivoiriennes. Pour Blé Goudé, “nous n’avons qu’un seul pays, si la Côte d’Ivoire est détruite par la guerre, nous n’avons plus de pays”, d’où la nécessité pour lui de rentrer afin de prôner la paix et la réconciliation. Cette approche non-violente lui a permis de mettre sur pied la caravane de la paix qui a sillonné le pays pour tenter de réconcilier les populations du pays, dont certaines avaient été conditionnées à travers des faux slogans, pour tuer les autres populations avec lesquelles elles vivaient en parfait harmonie pendant plusieurs années sans la moindre histoire. M. Blé Goudé a visité les rebelles, il a marché main dans la main avec eux, il les a même fait venir à Abidjan et au côté du Président Gbagbo les belligérants ont déposé les armes et brulé symboliquement certaines armes en signe de fin de guerre. Il y a eu plusieurs actions concrètes au bénéfice de l’arrêt de la guerre. M. Blé Goudé avait pour seules phrases dans la bouche “ la guerre n’a jamais rien arranger, on ne vient pas à la politique avec les armes, on vient en politique avec des projets de société pour améliorer les conditions de vie des populations etc.… “. Solidaire au Président Gbagbo il a parcouru tout le pays avec ses amis pour parler de paix et de réconciliation.
Malheureusement la caravane de la paix largement suivie par les populations du pays n’a pu éviter la guerre à la Côte d’Ivoire, de même que les nombreux voyages à l’extérieur du pays du Président Gbagbo; Accra, Lomé, Pretoria, Kleber et autres.
C’est avec le temps que nous avons effectivement compris que rien ne pouvait empêcher cette guerre à la Côte d’Ivoire puisqu’elle était inévitable.
Selon le principe de la causalité, rapport entre causes et effets d’une crise, aussi longtemps que les effets profiteront à ses auteurs, la fin de cette crise restera une simple vision de l’esprit. Telles sont à mon sens les vrais causes de l’échec de la paix dans cette longue crise.
Je ne suis pas le Porte-parole du COJEP, mais cela n’est un secret pour personne que M. Blé Goudé est un personnage de paix et bien évidemment le COJEP, ce parti politique qui prône la non-violence. C’est un parti qui croit en la force de la non-violence, en la paix et en la contribution de tout Ivoirien selon son expérience à contribuer au développement de la Côte d’Ivoire. Pour le COJEP, la guerre n’a jamais développé une société. Voyez-vous chez le voisin Ghanéen qui a connu un cycle de violence pendant une décennie, ce n’est qu’à travers la paix que ce pays est en train d’amorcer son développement. Ce pays émerge tranquillement. La démocratie y est une réalité. Notre pays peut en faire autant si nous retrouvons la paix et rejetons définitivement l’usage des armes et la violence en politique. C’est pourquoi j’encourage Mr Soro le responsable déclaré, bien qu’il a vanté ses mérités de rebelle, reconnait désormais que la guerre n’apporte pas le développement et la civilisation. La guerre détruit les vies humaines, les infrastructures économiques, les routes, les plantations, les forêts, les fleuves, les hôpitaux. La guerre détruit la vie.
Comment avez-vous vécu les derniers mois d’incarcération à La Haye de votre nouveau mentor ?
J’ai eu à visiter le Ministre Blé Goudé dans la prison de la CPI, le 17 septembre 2018. Je l’ai trouvé physiquement et mentalement stable. Il a gardé son humour qu’on lui connaît pour mettre ses visiteurs à l’aise. Il m’a même reçu avec un plat de “kèdjénou” au riz bien pimenté. J’en étais très surprise. A une question de savoir comment il s’est procurer les ingrédients pour préparer un tel repas dans cette prison Européenne ; il me répond qu’il lui a fallu réclamer ce droit parce qu’ils ne peuvent pas envoyer le “Vieux” ici et le nourrir avec les mets qui ne sont pas de sa culture. Premier combat qu’il remporte dans la prison au bénéfice des Africains. A une autre question de savoir comment allait le Président Gbagbo, il me répondit qu’il va bien mais qu’il lui a demandé de se reposer la matinée vue son âge pour ne recevoir ses visiteurs que dans l’après-midi. A peine nous nous mettons à table, un grand et bel homme se présente à nous très souriant, Bosco il se présente. Nous échangeons brièvement. Je profite de l’occasion pour m’acquérir de l’atmosphère entre eux, il répond “tout est parfait entre nous, nous jouons au football ensemble avec le vieux”. J’ai aussi observé que les gardes pénitentiaires étaient indulgents, très joviales, courtois et très respectueux. L’un d’entre eux approche le Ministre Blé pour lui annoncer à quelques minutes de la fin de ma visite que “ton père arrive”. Lui, le garde pénitentiaire annonce au Ministre Blé que le Président Gbagbo son père est entrain de venir dans la salle de réception des visiteurs.
Je tiens a insister sur ces détails qui peuvent sembler inutiles pour la simple raison que j’avais aussi eu vent des rumeurs persistantes de la suppose mauvaise dynamique entre le Ministre et le Président Gbagbo qui pullulent sur les réseaux sociaux. Le langage du corps et les faits tels que détaillés ci-dessus m’ont convaincu que certaines personnes, pour des raisons qui leurs sont propres, propagent des fausses informations. Nous avons à plusieurs reprises vue dans des vidéos lors de la déclaration du Ministre Blé Goudé, que le Président Gbagbo lui donnait des petites touches sur l’épaule ou au dos sans oublier le fils qui s’est par deux fois jeté dans les mains et sur la poitrine de son père le jour de l’acquittement. Tous ces faits démontrent l’attachement entre le père et le fils dans cette prison colonial très loin de leur société naturelle. C’est pourquoi j’ai trouvé inacceptable que la rumeur de la supposé maltraitance ai été questionné par certains panelistes et non des moindres d’Afrique media TV. Heureusement que la vérité a rapidement exposé cette tentative d’attente a l’intégrité morale du Minitre Blé Goudé.
Vous savez bien que le dénigrement est une forme d’agression morale dont l’objectif est de coller à votre personnage ce que vous n’êtes pas en réalité, dans le seul but de vous présenter autrement dans la société.
Par ailleurs, l’état psychologique solide du leader du COJEP depuis la prison de la CPI en passant par la liberté conditionnée est sans doute due au fait qu’il soit habitue à l’injustice et aux nombreuses humiliations dont il a toujours été l’objet depuis sa carrier sociale à travers la FESCI jusqu’à ce jour. Il est à son neuvième emprisonnement sans fondement. Bien que la prison a toujours des effets temporels ou à long terme sur tout individu, il est possible que dans son cas, vue la fréquence de l’injustice qu’il subit et étant conscient que c’est le fait de ses adversaires pour écarter un adversaire costaud qu’il est peut permettre à son cerveau de mettre en place dans son psychique un mécanisme de relais, de résilience, de résistance ou d’adaptation. C’est peut-être sa destinée pour être préparer à bien gérer son peuple dans la justice, car celui qui n’a pas connu la pénitence ne peut se rendre compte qu’il se trompe. Peut-être que c’est son “Golgotha” à l’image de Jésus dans la Bible du côté de l’Église Catholique Romaine.
Il y a eu l’acquittement du Président Laurent Gbagbo et du Ministre Blé Goudé Charles, le 15 janvier 2019. M. Jean Marc Gogognon, psychologue clinicien, décrivez-nous l’ambiance dans la salle d’audience à l’annonce de l’acquittement. Et aussi surtout quelle est votre interprétation de la manifestation particulière de la nouvelle entre le Président Laurent Gbagbo et du Ministre Blé Goudé Charles ?
Le 15 janvier 2019, c’était l’hystérie totale dans la salle de l’audience et partout à l’intérieur du bâtiment qui abrite la Cour de Justice de la CPI. Nous avons aussi noté l’immense joie de certains membres du personnel pénitentiaire, des gardes et des agents de la police qui sans doute étaient visiblement content de la réparation de l’injustice faites à deux pensionnaires supposés grands criminels pour lesquels des milliers d’individus défilaient chaque jour et manifestaient dans les rues de la Haye. Malgré la complaisance des charges, la comédie et surtout l’humeur auquel nous avait habitué la centaine des témoins à charge, le doute se lisait sur la plupart des visages du grand public dehors et à l’intérieur de la Cour avant l’acquittement total. Cependant les deux Mercedes noires et très surveillées par un dispositif de la Police ce jour à l’entrée de la Cour de Justice indiquaient une lueur d’espoir pour les observateurs avisés, puisqu’habituellement ils étaient transportés par les véhicules de transport de prisonniers qui stationnaient à cet endroit. La crainte de ne jamais les voir libérés était perceptible vue que de source historique tous les Africains déportés n’ont jamais recouvré la liberté pour retourner librement chez eux.
A l’annonce de l’acquittement le Ministre Blé Goudé se jette spontanément dans les bras du Président Gbagbo, son père qui s’est soudainement tourné vers lui en lui ouvrant grandement ses bras et sa poitrine. Cette image qui détermine la grande marque d’attachement entre les deux, continue de faire fièrement le tour du monde.
Cependant les restrictions qui ont suivi aussitôt démontrent que le droit et la politique sont difficilement séparables. Le temps nous situera davantage mais on peut déjà être fier d’avoir remporté cette partie du combat pour la justice de victimes jugées à la place des bourreaux. Le reste du scenario s’apparente au film de la libération de Mandela. Nous pouvons garder espoir que la justice sera faite, c’est pourquoi nous ne devrons baisser les bras, car sans lute pas de liberté dit l’adage. Pour ma part nous devons continuer à exiger la la libération sans condition du Président Gbagbo et du Ministre Blé Goudé respectivement à Bruxelles et à la Haye devant l’hôtel du Ministre Blé. Nous n’avons pas besoin de permission des détenus pour protester contre l’injustice dont ils continuent d’être l’objet.
Malgré la liberté restrictive, le Ministre Blé continue de vivre correctement. Il reçoit nuit et jour des personnes qui viennent des quatre coins du monde y compris les militants de son parti le Cojep. Il continue d’organiser son parti afin de l’engager aux compétitions politiques le moment opportune.
Le 28 Mars 2019, de son exil néerlandais, Blé Goudé Charles s’est adressé aux Ivoiriennes et aux Ivoiriens, à toute l’Afrique et au monde entier.
Pouvez-vous nous décrypter la teneur de son discours ?
Je message du 28 mars 2019, est un remerciement à tous ceux qui de près ou de loin, d’une façon ou d’une autre continue de contribuer au combat qui a abouti à leur acquittement suivi de la demie liberté. C’était une grande marque de reconnaissance au combat pour la dignité africaine. C’est normal que le Ministre s’adresse ainsi aux nombreuses personnes, collectivement ou individuellement, nuit et jour, dans le froid comme dans la chaleur ou dans la neige ont battu le pavé pour exiger la vérité et la justice. Il est du ressort de l’être humain et responsable d’être reconnaissant envers ceux qui lui ont apporté support dans ses moments difficiles. C’est bien cela l’humilité qui nous différencie des animaux. Il a aussi lancé un message d’apaisement pour le leader qu’il est afin de donner une chance concrète au processus de la réconciliation nécessaire au développement de notre société. C’est la grande marque d’humilité et de pardon qui caractérisent cette victime de la guerre qui part en prison en lieu et place des bourreaux et qui en ressort avec le pardon sur les lèvres et sans le moindre sentiment de haine ou de vengeance. C’est la marque des grands leaders que le monde ait connu.
Cela n’est point étonnant que le Ministre Blé Goudé, cet incontestable adepte de la non-violence, au Cœur et au dos suffisamment large pour son peuple de ne pas parler de pardon, de paix et de réconciliation. N’est-ce pas lui le concepteur de la caravane de la paix pendant la guerre?
A l’image du Président Gbagbo qui parle incontestablement de paix, de pardon et de réconciliation, de ses envoyés qui parlent de paix, de même que la première Dame Mme Gbagbo sans oublier le Président Affi qui est resté constant sur le sujet des échanges au bénéfice d’une paix durable, le message du Ministre Blé Goudé a été réceptif à Yopougon le fief de l’opposition et dans tout le pays. A l’image du Président Gbagbo, le Ministre Blé est dans la conscience de son peuple qui le porte dans son Cœur sans le moindre doute.
Ce message ne comporte en rien une hypothétique forme de démarcation de son mentor politique, comme ne l’est la transformation du COJEP en parti politique. Au pré congrès, le Ministre Blé a été plus que clair pour définitivement clore cette désespérée tentative de diversion pour l’opposer à son référent politique le Président Gbagbo, en déclarant fort et net à la face du monde que l’apogée politique de Gbagbo sera son introduction sur le terrain de la compétition politique. Le Ministre Blé Goudé a incontestablement les hommes et les femmes nécessaires et il est fin prêt bien qu’il ne soit pas pressé pour jour un rôle politiquement déterminant en Côte d’Ivoire. Pour le moment il continue de grandir sous le grand baobab et le peuple digne n’est point à la recherche d’un autre leader au retrait politique du Président Gbagbo.
Cependant, il faut noter que la déportation du Président Gbagbo et du Ministre Blé Goudé a la CPI par des Africains, est un fait déshonorant. La CPI est financée par certains pays Européens et Américains à coups de milliards, pendant qu’ils ne reconnaissent pas sa compétence à juger leurs ressortissants ou leurs criminels. Pour qui la financent-ils alors? La CPI a pour président un Africain, un ressortissant du Nigeria du nom de Chile Eboe-Osuji. La CPI a pour procureur une Africaine du nom de Fatou Benssouda une Gambienne. La majorité écrasante des juges sont de la race blanche. La CPI ressemble donc à une voiture blanche aux pneus noirs sur lesquelles elle roule. La plupart des détenus sont d’origine africaine où elle enquête de façon persistante. L’agression des armées américaines et anglaises sans l’autorisation de l’ONU en Iraq n’est-elle pas être investiguée pendant que certains rapports de presse parlent de crime humanitaire sur les populations civiles? L’agression des armées américaines et alliés en Afghanistan, en Lybie et l’agression de l’armée françaises en Côte d’Ivoire ne sont-elles pas des cas à investiguer par la CPI? Est-ce à dire qu’après l’acquittement des co-auteurs des crimes en Côte d’Ivoire sans qu’un seul auteur présumé ne soit à ce jour identifié, insinuerait que les 3000 morts le sont-ils par suicide?
Par le passé nos parents étaient ligotés comme des fagots. Ils avaient des chaines aux cous, aux pieds et dans les poignes, pour être déportés avec la complicité de certains collaborateurs africains aux maitres esclavagistes. La déportation du Président Gbagbo et du Ministre Blé Goudé avec la complicité de M. Alassane Ouattara et de M. Soro Kigbafori dans l’avion de l’État de Côte d’Ivoire, pour les livrer eux-mêmes aux chefs impérialistes, comme quoi “ chef nous les avons envoyé comme vous l’avez exigé, prenez les et faites d’eux ce que vous voulez”, constitue une grande honte et une insulte inacceptable a la mémoire des victimes de la traite Négrière et de la colonisation abominable. Est-ce à dire que les auteurs directs de cette déportation sont-ils devenus amnésique. C’est tout de même une grande évidence pour attester que les chaines coloniales sont encore bien loges dans le psychique de certains Africains qui les trainent sans doute sans en être conscients. Il leurs faut un test de dépistage pour minimiser pareils risques d’auto humiliation dans l’avenir. Plus jamais une telle dérive mentale. Que les Africains se jugent en Afrique. Qu’ils ne se rendent pas davantage vulnérables à la colonisation. Stop au complexe colonial. Réalisée par Simplice ONGUI