(Notre Voie, 13 avril 2013) – La Convention de la société civile ivoirienne (Csci) dit ne pas comprendre le bien-fondé du chèque en blanc donné à Ouattara par l’Assemblée nationale, qui l’autorise ainsi à gouverner par ordonnance durant toute l’année 2013. L’assemblée générale ordinaire de la Csci, tenue hier 12 avril à l’immeuble Crrae-Uemoa au Plateau, a été l’occasion pour la société civile ivoirienne de faire part de ses appréhensions sur la gouvernance par ordonnance voulue par Ouattara. La société civile ivoirienne, qui dit ne pas comprendre la démission des députés ivoiriens, envisage d’ouvrir grandement les yeux sur les futures ordonnances de Ouattara. «La Convention de la société civile ivoirienne dit ceci : il y a certes des dispositions de l’article 75 qui donnent le droit au président de la République d’avoir de tels pouvoirs. Mais la question que nous nous posons, à partir du moment où il n’y a que le Rhdp qui est la coalition au pouvoir, est de savoir quelle est la pertinence d’aller demander encore du pouvoir là où vous êtes sûr que les partis à l’Assemblée nationale vous sont favorables. On se pose la question de savoir ce que cela cache. Est-ce pour adresser la question du foncier seul ? Est-ce pour adresser seul la question de la nationalité ? Est-ce pour adresser le programme minier et pétrolier seul ? On se pose la question. Aujourd’hui, la société civile est mobilisée pour suivre ces ordonnances à la loupe, pour éviter un autre Ppte, un autre surendettement afin que la fracture sociale soit déjà à ce niveau maîtrisée», a indiqué le coordonnateur national de la Csci, Kouamé Christophe.
Concernant l’état de la justice ivoirienne, le coordonnateur s’est inquiété du fait que la liberté d’expression en Côte d’Ivoire soit en danger. Car il y a, selon lui, une volonté manifeste de faire taire toute opinion contraire à celle du gouvernement. «Moi qui vous parle, je n’ai plus de siège parce que la police nationale de Côte d’Ivoire refuse de chasser des individus identifiés de mon siège. Des individus identifiés arrivent dans un lieu privé associatif, mettent les gens dehors. Le président légal et légitime fait appel au commissariat du 8ème arrondissement, au chef de la police du district, au procureur de la République, au préfet de police. Depuis le lundi 8 avril jusqu’à ce jour, rien n’est fait. Ces individus ont cassé les portes et changé les clés. C’est à vous de savoir s’il existe une Justice efficace. C’est une volonté manifeste de museler la seule organisation de la société civile qui ose prendre la parole aujourd’hui en Côte d’Ivoire pour dire une opinion différente de l’opinion gouvernementale. Il existe parmi nous des Ivoiriens qui n’ont pas intérêt qu’on aille à la paix. Parce que cette situation de non-Justice, où l’Etat n’arrive pas partout, arrange certains trafiquants. Et ces personnes peuvent être haut placées dans l’administration ivoirienne. Il ne s’agit peut-être pas d’un plan étatique, mais d’un plan individuel de certaines personnalités qui sont dans l’administration ivoirienne et qui ne veulent pas que la Côte d’Ivoire aille bien», a déploré le coordonnateur de la société civile ivoirienne. Qui entrevoit ainsi une mutation du citoyen ivoirien, à travers une tournée de sensibilisation nationale. «Pour nous, il est question que tout gouvernant qui pense à bâtir des infrastructures économiques pense parallèlement à bâtir des infrastructures institutionnelles. Pour la Csci, c’est incisif et c’est le plus important, car il ne faut plus d’homme fort, mais des institutions fortes. Il faut instruire le citoyen ivoirien, pour qu’il passe de l’Ancien type d’ivoirien (Nti) au Nouveau type d’ivoirien (Ati), qui, lui, va faire des institutions et de la Constitution ivoirienne une boussole».
Djè Abel