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Dr Claude KOUDOU, Enseignant-Ecrivain, Directeur de la Collection « Afrique Liberté » chez les Editions L’Harmattan

A quand les prémisses d’un véritable débat idéologique ? La gestion des ressources humaines au FPI – comme dans d’autres partis – est une question récurrente qui mérite donc d’être regardée de plus près. Car malgré les dégâts que le silence d’antan a contribué à réaliser, tout continue de se faire comme si rien ne s’était passé. Et ce, au nom d’une hypothétique cohésion. En 2005, Dans deux des quinze chapitres qui composent mon premier livre, j’avais posé des interrogations sur la gestion des ressources humaines au FPI. Aux alertes, aux mises en garde devant des dérives, aux propositions, il m’a été opposé que j’étais un aigri. Cette tendance à répondre par le mépris, l’arrogance et l’autisme facile ont fait le lit d’une naïveté méthodique et d’une suffisance inutile.

Il se trouve que lorsqu’on veut faire des propositions, des objections ou des contre-propositions, en interne, elles sont balayées d’un revers de la main. Il nous est parfois opposé que nous ne sommes pas des militants. Une posture qui n’est plus observée lorsqu’il s’agit de demander des oboles pour soutenir le Parti. Le président Affi vient de former un nouveau Secrétariat général. Nombre de personnes qui ne comprennent pas, observent pantois. L’incompréhensible et l’émergence de confusions résident dans ce que ceux qu’on qualifie abusivement et à dessein de “durs” ou de très proches de la vision de Laurent Gbagbo sont mis en embuscade lorsqu’ils ne sont pas simplement mis hors jeu. A quelques jours de l’arrivée de François Hollande à Abidjan, on peut légitimement se demander à quoi répond ce jeu de chaises musicales. Y a-t-il une nécessité, une urgence ou une opportunité, surtout après la décision du 12 juin de la CPI ?

Il est sans conteste que la cohésion du FPI est primordiale. Mais la ligne suivie par le premier responsable de ce parti plaide-t-elle pour la cohésion ? Au-delà de soutiens à relents émotifs, il me semble que le débat doit s’instaurer. Car à avancer tête baissée parce qu’il faut être unis, il peut y avoir un problème plus grave. C’est en étant effectivement uni qu’on est fort. Il y a donc matière à écouter les autres et examiner leurs façons de voir plutôt que de diriger un aussi grand parti comme une chose à soi. La situation que traverse notre pays est aussi quelque part le résultat d’un autisme dans la gestion de la gauche ivoirienne. Avoir des atouts n’exclut donc pas de discuter des suffisances pour gagner en efficience. Le temps du vrai débat a sonné au moment où des manœuvres se trament en vue des élections. Notons que chacun a légitimement le droit d’aller aux élections. Mais on n’aura pas le droit de tromper les Ivoiriens en allant à des élections dans les conditions actuelles. Il y a trois jours, nous lisions dans la presse « en l’espace de trois mois, plus de 12 000 souscriptions pour la … en lieu et place de la procédure de naturalisation, en vigueur, jusque-là. … nées en Côte d’Ivoire de parents étrangers et âgés de moins de 21 ans ». Par ailleurs, la CEI ne répond pas aux conditions d’élections transparentes. Elle est plutôt un dispositif à adouber Ouattara. Que fait-on pour que les conditions changent ? C’est ce qui devrait mobiliser le FPI !

Reconnaissons qu’à sa sortie de prison, le président Affi a fait des tournées pour mobiliser, et sensibiliser l’opinion. Cette démarche qui est à son actif a effectivement contribué à faire reculer la peur qui s’était installée comme une maladie qui affectait l’ensemble des populations. Il ne s’agit donc pas ici d’accabler Affi Nguessan. Il s’agit de voir comment un débat idéologique peut être engagé pour consolider le Parti à l’inverse d’approximations successives. Que des adorateurs et des supporters inconditionnels comprennent que là où un avenir collectif se joue, la complaisance n’a pas sa place.

Les frustrations dans un Parti doivent faire l’objet d’une attention particulière. Il y a quelques mois, des camarades ont décidé de créer un courant. Même si la démarche et les motivations suscitent des réserves, il est judicieux de traiter la « fronde » pour rassembler plutôt que de diaboliser, marginaliser ou tenter de museler. Le sens du propos ici est de contribuer à susciter et à nourrir le débat.

Dr Claude Koudou

Source: page facebook de Dr Claude Koudou