Koua Justin

Koua Justin

Je m’en souviens encore comme si c’était hier. Dans les rues d’Abidjan, nous avions crié sur tous les toits au régime PDCI de libérer Anaky Komenan, détenu à la Maca peu après le Congrès du FPI à Dabou. Tous les militants du FPI étaient mobilisés pour lui. Finalement, il fut libéré. Et en janvier 1995, le parti organisa alors un grand meeting au stade Robert Champroux de Marcory pour lui rendre un hommage mérité. Après la brillante intervention du professeur Harris Memel Fôté et avant celle de Laurent Gbagbo, Anaky s’était levé pour saluer et remercier tout le monde avant d’ajouter : « La lutte pour laquelle nous sommes allés en prison, a baissé d’intensité, de courage et d’audace. Dans les prochains jours, je vais obliger Laurent Gbagbo à entreprendre les actions qu’il faut pour chasser ce régime tyrannique du pouvoir ».

Stupéfaction, coup de froid et murmure dans la foule, colère et indignation mélangées. Qu’insinuait Anaky? Se demandaient les militants. Que Gbagbo et le FPI dormaient quand il était en prison à la Maca? N’avait-il pas entendu parler du 18 février ou des autres actions que le parti avait menées avec bravoure? Qui était-il lui Anaky pour venir parler ainsi? Beaucoup regrettaient d’avoir tant prié et tant marché pour lui et souhaitaient même que la Gestapo du PDCI l’attrape une nouvelle fois pour le remettre en prison.

Que veut donc nous apprendre ainsi le camarade Koua Justin? Pourquoi faut-il que certains prisonniers politiques restés longtemps au trou, coupés des réalités et de l’actualité, pensent toujours qu’avec leur libération vient le moment des vraies batailles? Chez les psychologues et les psychiatres, on appelle cela la révolution des cavernes. C’est le syndrome des cavernes qui emmène ceux qui ne savent rien de ce qui se passe dehors à croire que rien ne ne se passe dehors. A peine libéré, voilà en effet Koua Justin qui clame haut et fort qu’il est sorti de prison pour chasser Ouattara du pouvoir, ignorant que cela est et reste la grande priorité d’Affi et de Sangaré, qui travaillent tous les jours à cela, malgré leur division qui perdure. Le camarade Koua Justin devrait donc mettre sa fougue et son expérience au service de l’union de la jeunesse du FPI, pour pousser nos deux leaders à la réconciliation au sein du parti. Une réconciliation venue de la base serait imparable pour s’unir à tous les niveaux et mieux préparer notre victoire en 2020. Chasser Ouattara et son régime devrait être cela en vérité.

Charles Sinclair Zeze, Ottawa, Ontario, Canada.