Emmanuel Macron et Marine Le Pen, les deux finalistes à l’issue du premier tour de l’élection présidentielle © Crédit photo : AFP

 

Par ONGUI Simplice
s.ongui@afriquessor.co.uk

Après un premier tour marqué par un faible taux de participation, la domination d’Emmanuel Macron au premier tour des élections ne fait aucun doute. Mais après avoir remporté 52 départements, le président sortant est suivi de près par Marine Le Pen qui en a gagné 42. Le leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon arrive troisième en remportant 10 départements et n’accède pas au second tour. Force  est de constater que ces résultats sont serrés et ne laissent aucune chance aux petits candidats.

En outre, ce scrutin apporte son lot d’enseignement tout comme l’étaient les précédentes élections présidentielles en France. En effet, ce duel Macron et le Pen sur fond d’abstention importante lors du premier tour sonne comme du déjà-vu il y a cinq ans. C’est pourquoi, les résultats du scrutin du 10 avril dernier ont été accueillis sans surprise par les électeurs.

Alors, même si cet affrontement entre le président sortant et Marine Le Pen est redouté, il promet d’être épique et riche en rebondissements.

Analyse des résultats du premier tour des élections présidentielles en France

Les résultats des récentes élections du premier tour de la présidentielle française semblent varier en fonction des âges des électeurs. D’emblée, on constate que les moins de 35 ans ont massivement voté pour Jean-Luc Mélenchon alors que Macron a gagné sa place au second tour grâce aux seniors.

À première vue, on peut conclure que la jeunesse française continue de tourner le dos au Front National à l’image des dernières manifestations contre Jean-Marie Le Pen lors du second tour des élections présidentielles de 2002. Toutefois, cette opposition reste mitigée dans la mesure où, selon les sondages, de nombreux électeurs de moins de 35 ans ont votés pour le Rassemblement National.

Cela n’empêche pas de constater que, d’un point de vue global, un clivage générationnel apparaît parmi les électeurs. Ainsi, les jeunes ont préférés voter pour Jean-Luc Mélenchon, leader de la France insoumise, car son programme répondait le plus à leur sujet de préoccupation.

L’électorat d’outre-mer a été le moins enclin à se rendre aux urnes avec un taux de participation de seulement 55,93%. Et pourtant, le chef de l’Etat a obtenu son meilleur score en Nouvelle-Calédonie avec 40,51% de suffrages.

Ensuite, une partie des indépendantistes Corses ont appelé au boycott des élections, ce qui a explosé le taux d’abstention. Par contre, les départements du Sud-Ouest come la Haute-Garonne sont allés massivement aux urnes. Ils enregistrent un taux de participation avoisinant les 80%.

Par contre les petits candidats n’ont pas réussi à s’imposer dans les urnes. Ce sont notamment la républicaine Valérie Pécresse et la socialiste Anne Hidalgo.

L’ifop a affirmé que Jean-Luc Mélenchon a collecté 32% des suffrages des moins de 35 ans avec une majorité de primo-votants âgés de 18 à 24 ans. On peut donc en conclure que le leader de la France insoumise est le « candidat des jeunes », cependant, Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont également réussi à gagner une part non négligeable du jeune l’électorat.

En effet, un récent sondage a déterminé que le Pen détient 18 à 26 % du vote des 18 à 24 ans et 24 à 30 % de ceux de 25 à 35 ans. De plus, suite aux récentes élections, le président-candidat a quand même réussi à gagner 20 à 24,3 % du vote des jeunes. Cela n’empêche pas que Macron soit devenu le candidat préféré des retraités.

Si le Rassemblement National a séduit les jeunes actifs de 35 à 65 ans, Emmanuel Macron, lui, a obtenu un résultat équivalent dans la même tranche d’âge. Mais celui-ci devance nettement Le Pen grâce aux voix des plus de 60 ans, une classe d’âge peu emballée par Jean-Luc Mélenchon.

Cet électorat sénior votre d’une manière spécifique créant ainsi un clivage politique bien présent entre les générations. C’est-à-dire qu’ils ne vont voter que pour des candidats qui adhèrent à des valeurs conservatrices.

Par contre, les jeunes ont plutôt tendance à voter pour les mêmes candidats créant ainsi un rapprochement générationnel entre les plus jeunes électeurs et la population active. Bien sûr, chaque tranche d’âge exprimera une préférence particulière selon le fait qu’ils recherchent la justice sociale ou l’environnement. Les résultats des élections du premier traduisent ce phénomène avec un vote partagé entre Macron, Le Pen et Mélenchon.

Les analystes ont constaté que le vote des seniors a pesé sur les résultats du premier tour des élections car cette population a été moins touchée par l’abstention de vote. Cela explique en partie la victoire d’Emmanuel Macron le 24 avril dernier.

Autre fait marquant ces présidentielles de 2022, les moins de 24 ans plébiscitent la France Insoumise.  Ce sont surtout de jeunes étudiants sensibles aux questions mis en avant par le parti comme l’inégalité des genres ou la suppression de Parcoursup. Alors, on peut aussi penser que les jeunes qui ont voté pour Le Pen et Macron sont âgés au moins de 25 ans. Ce sont surtout de jeunes travailleurs qui ont déjà terminé leurs études et sont déjà plongés dans la vie active. Ils font surtout face au chômage, aux difficultés de logement et n’ont pas forcément encore de patrimoine.

Analyse des programmes des deux derniers candidats au second tour du 24 avril 2022

Les deux candidats qualifiés au second tour des élections présidentielles vont devoir s’affronter à distance pendant plus de quinze jours avant le second scrutin. Seulement, le combat s’annonce plus serré qu’en 2017.

Les résultats du 24 avril prochain vont dépendre surtout du vote de gauche et de la défaite des partis socialistes et républicains.

Si Macron jouissait d’une confortable avance sur sa rivale lors des dernières élections présidentielles, il sait que l’écart entre lui et sa rivale d’extrême droite va être très faible pour le second tour. Selon des sondages effectués juste après le scrutin, Macron devrait l’emporter avec un score de 54% contre 46% pour Le Pen.

Face à ce pronostic, chaque candidat à la pression de devoir mobiliser un maximum d’électeurs pour le second tour. Ils doivent d’abord convaincre les électeurs qui ont déjà voté puis faire monter le taux de participation du groupe social qui adhère à leurs programmes et enfin créer des coalitions pour renforcer les votes de candidats malheureux.

Ils vont donc, chacun à leur façon essayer de récupérer les près de 22% d’électeurs qui ont  votés pour la France insoumise lors du premier tour des élections. Certain candidats ont déjà clairement appelé à boycotter l’extrême droite et ne pas donner de vois à madame Le Pen.

C’est le cas par exemple de Valérie Pecresse qui a appelé son électorat à voter pour Emmanuel Macron par acquis de conscience, afin de ne pas laisser un candidat du parti d’extrême droite d’accéder au pouvoir.

Décidé à ne pas refaire la même erreur qu’en 2017, le président sortant, va aller à la conquête du Grand-Est pour séduire l’électorat de Mélenchon. Il promet notamment de résoudre le conflit russo-ukrainien puis affirme son intention d’aider tous ceux qui souhaitent travailler pour la France.

Par ailleurs, Marine Le Pen, a décidé de mettre au point sa stratégie d’approche pour remporter le second tour. Elle s’est notamment attardée sur l’exercice du pouvoir et la démocratie.

Plusieurs dirigeants du Rassemblement National (RN) ont affirmé que le plus important n’est pas de changer une formule déjà gagnante mais de ne pas dormir sur ses acquis en renforçant ses capacités et en étudiant ses faiblesses.

En fait, au lieu de détourner l’électorat d’Eric Zemmour à son profit, Le Pen a décidé d’appeler tous ceux qui se sont abstenus de voter lors du premier tour de la rejoindre pour réaliser la grande alternance politique dont le pays a besoin.

Analyse des possibles coalitions

Les candidats malheureux disqualifiés à l’issu du premier tour des élections présidentielles ont déjà donné des consignes à leurs électeur pour le 24 avril 2022. Anne Hidalgo, Yannick Jadot et Fabien Roussel ont appelé à voter pour le président sortant pour empêcher la prise de pouvoir du parti d’extrême droite.

Valérie Pécresse a déjà affirmé son soutien au chef de l’État sans préciser le motif. Par ailleurs Jean-Luc Mélenchon et Philippe Poutou ont formellement déconseillés de ne pas voter pour l’extrême droite, sans forcément recommander ouvertement de voter pour Macron.

Zémmour et Aignan eux ont au contraire encouragé leurs partisans à soutenir la candidate du RN au second tour.

Macron a appelé à créer un grand mouvement politique rassemblant tous ceux qui souhaitent le développement de la France, au-delà de toute différence.

Marine Le Pen, elle martèle que la France a besoin d’un renouveau et appelle aux électeurs de tous horizons pour l’aider à instaurer la grande alternance.

Du côté de Jean Lassalle, aucune consigne de vote n’a été donnée à ses électeurs lors de sa dernière allocution et affirme faire confiance  au choix des français.

Malgré les recommandations de Mélenchon, certains militants insoumis affirment avoir un penchant pour le programme électoral de Marine Le Pen. D’autres avouent ne vouloir voter pour aucun des deux finalistes.

Dans tous les cas, les macronistes peuvent être content car les sondages sont en faveur du président sortant. Grand favori de cette élection présidentielle, Macron doit cependant rester prudent s’il veut gagner le second tour car les scores sont très serrés et les résultats peuvent basculer à tout moment en faveur du parti nationaliste.

Conclusion : qui des deux candidats rassemblerait le plus les Français autour de son programme

En se référant aux résultats des présidentielles de 2017, l’issu de l’affrontement entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen reste incertain. Chacun devra rester vigilant et suivre l’évolution du comportement des électeurs des candidats qui n’ont pas été qualifiés pour le second tour.

Emmanuel Macron sait que sa victoire ne sera pas aussi tranquille que lors de son premier mandat. Le candidat devra ferrailler dur pour convaincre les français de lui faire à nouveau confiance pour un autre quiquénat. L’exercice ne sera pas facile même si les sondages le montre gagnant avec 52 % des intentions de vote contre 48% pour Marine Le Pen. Cet écart si étroit ne permet donc pas de donner un pronostic certain pour le scrutin à venir. 

 

SOURCE :

https://www.tf1info.fr/politique/election-presidentielle-2022-les-resultats-du-premier-tour-revelent-un-clivage-entre-les-generations-2216357.html

https://www.lexpress.fr/actualite/politique/reports-de-voix-au-second-tour-de-la-presidentielle-ce-que-disent-les-sondages_2171555.html

https://www.sudouest.fr/elections/presidentielle/presidentielle-quel-programme-pour-macron-et-le-pen-d-ici-le-second-tour-10561866.php