D’abord, il est étonnant que TF1 donne la parole à un individu qui, si on était dans un pays normal, devrait être derrière les barreaux depuis longtemps car là est sa vraie place. Mais, comme le disait Emmanuel Todd, “la France n’est plus une démocratie; on est dans un monde d’illusions”. En tous les cas, il était dans tous ses états, ce 22 mars 2018; abondamment et énergiquement, il insulta, jura de défendre son honneur, joua les victimes et promit de ne pas se laisser faire mais ne convainquit personne in fine parce que ses gesticulations et objurgations n’impressionnent plus. Excepté quelques Sarkolâtres comme Nadine Morano ou les Balkany qui peut-être eurent un peu de compassion pour lui, peu de gens crurent à son récit. Même sa famille politique, obligée de feindre de le soutenir, doit avoir sérieusement des doutes sur l’innocence de ce grand criminel et fieffé menteur. Ces deux qualificatifs (criminel et menteur) lui vont comme un gant; ils résument parfaitement sa vie et son parcours politique. Fier d’avoir organisé la traque et l’assassinat de Kadhafi, il osa affirmer qu’il était absent de Paris, le 26 janvier 2007 et donc qu’il ne pouvait pas avoir rencontré Ziad Takieddine. Un vrai mensonge puisque, ce jour-là, il était bel et bien présent à la cathédrale Notre Dame de Paris où étaient célébrées les obsèques de l’abbé Pierre.
Bref, en écoutant ce sinistre personnage, on ne peut s’empêcher de penser à Jérôme Cahuzac, ancien ministre du Budget de F. Hollande qui, lui aussi, se défendait d’avoir trahi la confiance des Français mais qui finit par reconnaître qu’il avait un compte caché en Suisse. En attendant la suite et le dénouement de cette affaire scabreuse, on peut juste dire ceci: le nabot peut mentir avec aplomb comme l’autre qu’il a installé à la tête de notre pays, il peut avoir de puissants amis comme Bouygues qui complaisamment le laissent fanfaronner sur un plateau de télévision, il peut tuer qui il veut mais il ne devrait pas oublier qu’il existe une chose qui s’appelle la justice immanente. Certes, elle est “rarement imminente” (Pierre Dac) mais elle finit par sévir contre les voyous et assassins, console et réhabilite toujours les victimes innocentes.
Le 25 avril 2012, au cours d’une réunion publique à Clermont-Ferrand et répondant à Dominique Strauss-Kahn qui se disait victime d’un complot politique dans l’affaire Nafissatou Diallo, Sarkozy conseillait fermement à l’ancien directeur général du Fonds monétaire international de “s’expliquer avec la justice et d’épargner aux Français [ses] commentaires”. On ne résiste pas à l’envie de lui prodiguer le même conseil: qu’il s’explique uniquement avec la justice de son pays!
Jean-Claude DJEREKE