Certains journaux bleus en font leur choux gras et les frondeurs exultent aujourd’hui parce que le Parti Communiste Français (PCF) a refusé de recevoir le président du FPI en visite à Paris. Quel est cependant l’impact de ce refus sur l’agenda du président Affi et sur ses objectifs? En quoi le PCF nous est utile dans les stratégies que nous construisons pour la reconquête du pouvoir d’État, la restauration de la Côte D’Ivoire et la libération de Laurent Gbagbo?
En réalité, le PCF est loin de pouvoir peser sur la politique extérieure de la France, il reste encore plus loin de pouvoir un jour ou l’autre parvenir au pouvoir en France. Le séjour du président Affi en Europe se poursuit avec succès, d’importantes rencontres se suivent et il a même été déjà reçu à l’Élysée. Le PCF reste bien sûr un parti de gauche comme le PS qui est actuellement au pouvoir et qui a la haute main sur tout. C’est de l’Élysée à l’époque de Nicolas Sarkozy, qu’est parti l’ordre de renverser le président Laurent Gbagbo, c’est de l’Élysée sous le président François Hollande qu’est parti l’ordre de laisser l’opposition ivoirienne manifester pacifiquement et librement, c’est de l’Élysée que partira l’ordre de veiller à la sécurité et à la régularité des élections prochaines.
Le PCF n’aurait alors aucun rôle notable en rapport avec nos préoccupations actuelles. Et si nous pouvons avoir accès au bon Dieu, pourquoi devrions-nous perdre notre temps à discuter avec les anges? De tout temps, les Communistes ont été des activistes et ont flirté avec les agitateurs de tout bord. Ce n’est donc pas une surprise de les voir épouser certaines thèses des frondeurs et d’accuser Affi N’Guessan de soutenir la dictature du régime d’Abidjan « en faisant appel aux forces armées et à la justice du pouvoir d’Alassane Ouattara ». Que pouvait faire d’autre, un démocrate face à des fanatiques excités qui veulent piétiner et les Textes du FPI et les Lois de la République?
Cette accusation farfelue ramène d’ailleurs les Communistes à leurs origines. Ils sont contre un État organisé, le communisme est une doctrine qui prône une société sans classes et une organisation sociale sans État ni monnaie, où la propriété privée serait abolie, au profit de la communauté des biens matériels. C’est une utopie. Il faut aussi reconnaître que le PCF qui ose fustiger les graves dérives du régime Ouattara semble oublier les horreurs commises dans l’histoire sous les régimes communistes.
Rédigé par un collectif d’universitaires et publié en 1997 par les Éditions Robert Laffont, l’ouvrage intitulé «Le Livre noir du Communisme» nous dresse en effet un sombre bilan des victimes des régimes communistes dans les crimes, la terreur et la répression en Russie et à travers le monde. Cet ouvrage fut un gigantesque succès commercial avec plus d’un million d’exemplaires vendus dans le monde (dont deux éditions broché et deux éditions poche en France) et plus de 26 traductions à l’été 2011.
Le PCF qui refuse de recevoir le président Affi, c’est donc un épiphénomène et ne nous y attardons pas. Que le président Affi honore ses rendez-vous de haut niveau, qu’il rencontre aussi les différentes composantes de la Diaspora ivoirienne en France (car ce sont avant tout les Ivoiriens qui voteront bientôt leur président et non les communistes français), qu’il rencontre enfin les médias programmés, et le succès de cette visite est acquis. Quand nous nous rappelons surtout de quelle situation le FPI sort et de la campagne de diabolisation dont le parti a été victime.
C’est cependant une bonne initiative pour le président Pascal Affi N’Guessan d’avoir sollicité une rencontre avec le PCF. C’est ne pas demander à le rencontrer et le saluer comme un parti frère du FPI au sein de la Gauche démocratique qui aurait certainement signifié faillir aux bons usages. Ni rire donc de leur refus, ni en pleurer, mais penser au plus important pour le FPI et pour les Ivoiriens.
Océane Yacé, Politologue, Monte-Carlo, Monaco Principio del formulario