Le président malien IBK rend un dernier hommage aux deux journalistes assassinés sur le tarmac de l'aéroport de Bamako, le 4 novembre 2013. AFP PHOTO / PHILIPPE DESMAZES

Le président malien IBK rend un dernier hommage aux deux journalistes assassinés sur le tarmac de l’aéroport de Bamako, le 4 novembre 2013.
AFP PHOTO / PHILIPPE DESMAZES

Par RFI

Les dépouilles mortelles de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon sont attendues ce mardi 5 novembre peu après 6h00 à l’aéroport parisien de Roissy-Charles-de-Gaulle. Le président François Hollande viendra en personne les accueillir. Lundi soir, avant le décollage de l’appareil d’Air France de Bamako, les deux journalistes ont reçu un dernier hommage, sur le tarmac de l’aéroport, dans le camp militaire de la force française Serval. Une cérémonie sobre, présidée par le chef de l’Etat malien Ibrahim Boubacar Keita, en présence, notamment de la direction de RFI, et de l’ambassadeur de France au Mali. IBK, très ému, (qui est ce matin l’invité de RFI), a décoré les deux journalistes de l’Ordre national du mérite.

Une cérémonie sobre. Solennelle. Sans hymnes ni musique. Sans même un discours du président malien Ibrahim Boubacar Keita, qui préfère garder le silence par respect pour les familles. Alors c’est le ministre de la Communication, Jean-Marie Sangaré, qui se charge des dernières paroles :

« On peut éteindre un corps mais jamais taire une voix. Surtout les voix de l’espoir. Le Mali vous sera éternellement reconnaissant. Au nom du peuple malien, le président de la République et le gouvernement présentent à toute RFI, à la presse mondiale, et française, aux familles des disparus, leurs condoléances profondément émues et attristées. Que le Tout-puissant vous reçoive dans son royaume de paix ».

Le président Ibrahim Boubacar Keita s’approche des deux cercueils pour y déposer des médailles : Ghislaine Dupont et Claude Verlon sont faits chevaliers de l’Ordre national. IBK appose ses deux mains sur les cercueils en signe de bénédiction.

Puis c’est au tour de la délégation de RFI de se recueillir une dernière fois, avec émotion, devant les dépouilles qui s’éloignent enfin pour rejoindre l’avion qui les ramènera vers la France.

Marche de solidarité

 Ghislaine Dupont et Claude Verlon

Ghislaine Dupont et Claude Verlon

A l’initiative des organisations de journalistes maliens, une marche a été organisée dans les rues de la capitale. Une marche silencieuse, entre la Maison de la presse de Bamako et l’ambassade de France. Une centaine de personnes sont réunies, beaucoup de journalistes, mais également des artistes et des politiques.

Sorry Ibrahim Maïga est journaliste pour Afrique TV. Il salue le courage de Ghislaine Dupont et Claude Verlon : « C’est des confrères qui méritent respect et considération puisqu’ils ont osé aller là où nous, Maliens, souvent nous avons eu peur d’avancer. Dans la quête de l’information, ils ont bravé toutes sortes de dangers pour être au cœur de l’évènement (…). Et je trouve que c’est un courage qui mérite d’être salué. Et c’est un exemple qui doit être suivi. Et ceux qui pensent aujourd’hui qu’ils ont arrêté la mission du journaliste qu’ils se détrompent ».

Aliou Djim est le secrétaire général de l’Union des radios et télévisions libres du Mali. « C’est pour témoigner ma solidarité, et toute ma compassion pour mes confrères lâchement assassinés à Kidal, dit-il. Il s’agit de deux personnes qui faisaient un travail bien déterminé, qui n’avait rien à voir avec ce qui se passe au niveau politique et des revendications. Ils étaient là tout simplement pour dire à la face du monde quelles sont les vérités que tienne l’une ou l’autre partie au conflit ».

Ultime message à Ghislaine Dupont et Claude Verlon, inscrit sur la banderole déroulée devant l’ambassade de France : « Le travail, le professionnalisme, le risque, c’était ça votre vie. Le Mali vous dit merci ».

Parmi les marcheurs, quelques représentants de la société civile aussi. Comme Sy Kadiatou Sow, présidente de l’association Alliance pour la démocratie au Mali, qui a milité dans les années 1990 pour la conquête des libertés.