Gbagbo_Laurent

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Par Khristiaan Kaz-Immirh

J’ai personnellement été témoin d’un fait assez révélateur de l’incorrection de certains cadres du FPI a l’égard du pdt Gbagbo. J’étais à Abidjan les jours précédents le second tour des élections présidentielles, pour raisons familiales. Je me suis rendu a Gagnoa ou Laurent Ottro, Gnahore Jean-Baptiste et feu Désiré Tagro devaient animer un meeting a Babré. Désiré Tagro qui m’avait associé au meeting me demande de me rendre au domicile du doyen Laurent Ottro des mon arrivée à Gagnoa. Ce que je fait au volant du superbe 4×4 Audi Q8 généreusement prêté par ma Doubehi Albertine Assoumoutou. Mais alors que John Yalley, ses musiciens et tout le monde, attendaient sur les lieux du meeting, personne ne se presse. Je rappelle incessamment au ministre Tagro qu’il va bientôt être 20h, pour un meeting initialement prévu pour 16h. C’est finalement aux environs de 22h que nous sommes arrivés sur les lieux. Il n’y avait plus personne. Alors qu’un meeting du RDR, tenu la veille, à Dioulabougou avait fait le plein. Voila ce que l’on a fait de la confiance de Gbagbo. Ce fait n’est hélas pas un exemple isolé de l’incompétence et du mauvais comportement de ceux en qui le pdt avait placé sa confiance. Car alors même que le FPI était arrivé au pouvoir avec La refondation, un programme de gouvernement ambitieux sensé gommer 40 ans de règne PDCI et les soubresauts de l’intermède Guei, tout est rapidement allé de travers. Des cadres du parti, hier enseignants ou petits fonctionnaires se sont brusquement retrouvés ministres, DG de grandes entreprises publiques avec des budgets colossaux. Allaient-ils à présent tenir les engagements pris et mériter la confiance du pdt et du peuple? Que non! Les voila paradant dans les rues de la capitale au volant de rutilants bolides et de 4×4 et s’offrant de véritables palais hors de prix. Ils en offraient même à tour de bras à leurs petites maitresses de plusieurs années leur cadette. Au bout du compte, Refondation, le programme politique qui devrait amorcer la résurrection de la Cote d’Ivoire, est devenu un gros mot. On dit désormais que vous êtes “Refondateur” pour dire “Arriviste, malhonnête, incompétent, etc…”. Voila comment le FPI s’est rapidement embourgeoisé, se coupant ainsi du petit peuple qui l’a porté au pourvoir. Et quand vint la crise et la guerre, ils furent bien évidemment, les premiers à prendre leurs jambes à leur cou abandonnant le président à son sort. Les revoilà, ces sorciers, revenus au bercail, toute honte bue et la queue entre les pattes en train de faire encore des gorges chaudes et faire le coup de poing au comité central du parti. Leurs fortunes prudemment mises à l’abri dans d’obscures paradis fiscaux alors même que Laurent Gbagbo dont l’indigence a entre-temps été établie par des experts mandatés par la CPI, n’a même pas de quoi se payer des frais d’avocat.

Le prochain congres devra donc amorcer un nouveau départ. Mais pour se faire, le parti a besoin de se réconcilier avec lui-même. D’abord entre les cadres. Ils doivent se parler en toute franchise, faire le bilan de nos 10 années d’exercice du pourvoir, revenir sur les causes profondes de la crise, etc… A huis clos et a l’abri des oreilles et regards indiscrets si nécessaire. En outre, le parti devra se réconcilier avec sa base. Il faudra nous donner la parole car nous avons beaucoup à dire. Les secrétariats en charge des fédérations et de la diaspora devraient initier des consultations a cet effet. Car beaucoup de familles ont été endeuillées. Des vies ont été brisées, nous comptons beaucoup d’anciens et d’actuels prisonniers dans nos rangs. De jeunes et prometteuses carrières ont été sacrifiées, condamnant beaucoup d’entre nous à l’exil. Oui, l’histoire du FPI s’est aussi écrite au prix de nombreux sacrifices. Il faudra crever l’abcès, tirer les leçons de nos échecs. Prendre des mesures pour éviter de retomber dans les mêmes travers. C’est seulement à ce prix que nous pourrons repartir. Il faut que le FPI réussisse car il n’y a pas en Cote d’Ivoire, d’alternative au parti de Laurent Gbagbo.