Les galons d’Affi N’guessan effraient l’Ouest !

 Affi n;guessan

Entre guéguerre au sein de son parti et appréciation de la politique nationale, Affi N’guessan semble garder le cap. Il aurait muri, en l’absence de son mentor ( ?!)…

Malgré son emprisonnement au nord du pays au lendemain de la crise post-électorale, Affi N’guessan, président en sursis du FPI, semble prendre son envol. Et cela, au fur et à mesure que les peaux de banane sont jetées sur son chemin par quelques-uns de ses camarades de parti. Lesquels voient d’un mauvais œil les galons politiques qui s’accumulent sur ses épaules en l’absence sur le terrain de ceux qui faisaient la pluie et le beau temps il n’y a pas bien longtemps. Certes, certaines des choses qui lui sont reprochées par ses camarades ne sont pas forcément infondées. Les textes dans un parti, jusqu’à ce qu’ils soient modifiés, sont faits pour être respectés à la lettre et non pour être piétinés. Or, le soldat Affi est soupçonné de s’être donné quelques libertés avec quelques textes majeurs du parti.

Le problème est que les tenants de cette thèse, notamment Akoun Laurent et autres Douati, ont commis une erreur en posant le problème qui a créé la crise que vit le parti et qui connaîtra son épilogue peut-être demain, avec le comité central qui devra se prononcer clairement sur la réalité des choses et ramener l’ordre ou accentuer le désordre dans le parti de Gbagbo.

Au lieu d’attaquer Affi N’guessan sur la base uniquement des actes constitutifs de violations des textes du parti, effrayé par on ne sait quoi, ils ont fait de terribles amalgames en s’offrant la liberté et le droit de perquisitionner l’esprit d’Affi N’guessan, pour tenter d’y percer les secrets qu’ils y croyaient enfuis : « Tourner la page Gbagbo et trahir sa lutte » en s’accommodant de petits arrangements avec le régime de sa majesté Alassane Ouattara 1er. Et, c’est cette façon de présenter les choses qui, en réalité, a transformé en une crise majeure, un banal problème de réaménagement technique. En réalité au FPI, certains cadres vivent en ce moment un véritable drame. Leur existence et leur survie politique se trouvent, pensent-ils, dans leur capacité à hurler plus fort que les autres ; que sans le retour de Laurent Gbagbo à Abidjan, il n’y a plus de FPI intéressé par la reconquête du pouvoir d’Etat. Ne pas répéter chaque jour « Gbagbo, Gbagbo, Gbagbo, Gbagbo », signifie pour eux la fin de leur vie politique en Côte d’Ivoire.

Or avec ses initiatives, Affi N’guessan qui n’a jamais officiellement réclamer de tourner la page Gbagbo déjà tournée par les bombes de la Licorne et de l’Onuci depuis avril 2011, crie à qui veut l’écouter au sein de son parti que le meilleur moyen de rendre Gbagbo fort là où il se trouve en ce moment, et lui permettre de consolider ses chances de libération, c’est bien de réorganiser le parti avec de nouvelles missions claires. Or, ce sont justement ces missions claires que certains de ses camarades le soupçonnent d’être enrobées dans une volonté d’effacer les traces au FPI.

Mais leurs attaques contre l’homme de Bongouanou ont tendance à produire un curieux résultat. Affi N’guessan est en train de prendre de la graine par le sang froid dont il fait preuve devant des attaques parfois vilaines. Dont certaines, balancées sur fond religieux voire prophétiques par le courageux Koné Katina depuis son lieu d’exil, ont surpris plus d’un : « Si ensemble, nous confessons qu’il n’est pas bon qu’un des nôtres soit détenu en prison à cause de notre haine, à coups sûrs, nous entendrons le coq chanter. Alors, comme Pierre, nous regretterons nos reniements. C’est seulement à partir de cet instant, que le Christ portera à nouveau son regard sur nous. Hâtons-nous sur ce chemin quel que soit le côté où l’on se situe, en nous concentrant sur ce qui nous divise. Notre contradiction principale est l’emprisonnement injustifié et moralement inacceptable, du président Laurent Gbagbo à la Cpi, auquel l’on vient de joindre le ministre Blé Goudé… » De là à soupçonner Affi N’guessan de s’apprêter à nier trois fois devant Ouattara qu’il fait partie de la refondation, voilà un pas que l’homme qui sait paraît-il les moindres pensées de Laurent Gbagbo, n’a pas hésité à franchir. Mais le pétard de Koné Katina n’a pas fait grand bruit, il avait surtout pour objectif de rappeler aux uns et aux autres qu’il est bien vivant et qu’on gagnerait au pays, à ne pas oublier son existence dans ce débat interne au FPI.

Cette sortie a plutôt permis à Affi N’guessan de siroter du petit lait du côté de sa résidence. Enfin ce qu’il en reste…

LE RADICAL S’EST-IL RAMOLLI ?

Au FPI, les uns et les autres semblent avoir la mémoire qui va et qui vient au gré des journées. Ce qui n’est vraiment pas de bonne augure pour un parti qui ne reconnaît pas avoir joué le moindre rôle dans le drame que ce pays vit depuis la mort d’Houphouët-Boigny, et l’irruption sur le scène politique de parvenus fabriqués par le parti unique, sans valeurs démocratiques véritables et qui, attirés par l’argent des Ivoiriens qu’ils n’entendaient pas laisser en paix , se sont subitement découvert une vocation d’opposants.

Sinon, chacun sait que pendant 10 ans, Affi N’guessan a bien figuré en bonne place sur la liste des faucons et autres radicaux du FPI. N’est-pas lui qui, au retour d’Addis-Abeba où l’intrépide Gbagbo venait de mordre encore la poussière devant ses paires dans le règlement de la crise postélectorale, a rejeté tout ce qui y avaient été arrêté comme décision et promis qu’ils étaient prêts, au FPI, à se battre jusqu’à la mort pour que Gbagbo reste dans le fauteuil ?

Aujourd’hui, sans Gbagbo dans le fauteuil, contre qui Affi devrait se battre jusqu’à la dernière goûte de son sang ? Contre sa majesté Alassane Ouattara 1er qui prépare sa candidature pour la future présidentielle en lui disant : « C’est toi qui a envoyé Laurent Gbagbo à la CPI, il t’appartient d’aller le chercher pour venir le juger ici si tu le veux. Mais ramène-le nous, sinon… » Sinon Koua Justin, qui joue son avenir et qui recherche un point d’ancrage pour pouvoir exister en récitant le nom de Gbagbo à longueur de journées, nous a promis, presque tous les trois mois depuis 2011, que « l’assaut final » est à deux mètres. Mais nul ne le voit… Et pourtant, paraît-il, ses annonces devraient plonger les dirigeants actuels dans l’effroi…

Affi devrait-il contraindre la CPI à élargir Gbagbo ? En faisant quoi concrètement ? En paralysant par des marches le pays, comme le souhaite et le revendique Koua Justin ? Pourtant, il suffit de lire entre les lignes des arrêts de la CPI pour réaliser que les déclarations à l’emporte-pièce de certains cadres de ce parti et les mobilisations désordonnées avec des mots d’ordre, surprenant parfois, sont utilisés comme arguments pour refuser la liberté provisoire au prince de Mama.

Chanter Gbagbo tous les jours et attendre que la communauté internationale, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité qui n’ont pas hésité à voter comme un seul homme pour la destruction de toutes les armes lourdes qu’il s’était offertes on ne sait à partir de quel fonds et de quelle manière, à cause l’embargo, soient subitement pris de remords et demandent la libération de Gbagbo ? Comment saurions-nous alors la vérité sur ce qui est arrivé à ce pays avec Laurent Gbagbo à sa tête alors qu’en « bon joueur », ce dernier nous a promis d’aller jusqu’au bout de ce procès pour que, enfin, l’on sache ce qui s’est passé de 2002 à 2011.

Heureusement que « L’Eléphant » a déjà une idée de ce qui se passera après l’élection de 2015, sur ce qui est déjà arrêté à la CPI. Prêts ? A vos mandats !

Bref, pendant que les Ivoiriens souffrent de tout, quel que soit leur bord politique, le FPI lui, est plus préoccupé, non pas par la souffrance des Ivoiriens dont il devrait se faire le premier dénonciateur. Mais non, il veut, sans aucune stratégie, faire libérer Gbagbo, comme si à la CPI, on abandonnait des poursuites sous les cris des sympathisants des détenus.

Affi N’guessan gardera ou perdra peut-être la direction de la tête du FPI aujourd’hui. Mais quelle que soit la décision d’arrondissement des ongles qui sera certainement prise pour maintenir dans ce parti le peu de cohésion qui reste, ce parti aura réussi un bel exploit. On ne tourne pas la page Gbagbo. On arrête juste de vivre en attendant que cette page s’arrache d’elle-même ?

BABETH BERIYTH

Source : L’Eléphant Déchaîné N°279 du vendredi 29 août au lundi 1er septembre 2014