L’union fait la force, a-t-on coutume de dire. La désunion pourrait cependant faire également la force. Quand au bout d’une période intérimaire, Pascal Affi N’Guessan, le président statutaire du FPI, a repris les choses en main après sa sortie de prison, une fronde s’est brutalement installée au sein du parti pour diviser les militants.
Cette crise interne a-t-elle cependant réussi à affaiblir Affi et le FPI? Non, car leur message de négociation, de paix et de réconciliation est bien accueilli au sein des militants et des populations. On l’a vu au cours de la tournée dans le Gbêkê qui reste pourtant loin d’être un fief du FPI. Partout, le message d’apaisement du président Affi passe aisément, car il coïncide parfaitement avec les réelles aspirations de ce peuple meurtri et traumatisé. Il passe aussi auprès de la Communauté internationale qui prône désormais la fin de la belligérance et souhaite que le pays renoue avec la stabilité. La France et l’Onu qui pourraient très bientôt s’engager dans le désarmement en vue de l’organisation d’élections libres, apaisées et sécurisées ne seraient pas disposées à accepter la prise du pouvoir par un FPI de la rancune et de la vengeance qui conduirait le pays vers une autre guerre et non vers la réconciliation.
Loin de briser donc l’élan de Pascal Affi N’Guessan, la déchirure au FPI a plutôt aidé le parti à faire sa mue et le président statutaire à se propulser comme le seul leader véritablement capable de battre Alassane Ouattara aux prochaines élections. Car les frondeurs étaient une malchance et leur auto-exclusion est une chance.
Océane Yacé, Politologue, Monte-Carlo, Monaco