affi-agoh.

Les femmes qui se prostituent le font-elles de bon cœur? Toutes les études sociologiques qui se sont penchées sur le phénomène de la prostitution ont reconnu la pression des facteurs sociaux et hétérogènes qui pèsent sur les sujets actifs et déterminent leurs comportements. Très souvent la prostitution s’impose quand il n’y a aucune autre issue, aucun autre choix. Aucune femme ne naît prostituée, toute femme peut le devenir selon ses conditions de vie et d’existence.

Voici donc madame Agoh Marthe qui de retour d’une visite à Laurent Gbagbo à la prison de la Haye, déclare lors de la conférence publique qu’elle a prononcée le 21 février 2015 à Paris, qu’elle ne veut pas d’une libration quémandée et prostituée pour l’ex-président ivoirien. Comme sésame pour ouvrir les 10 portes blindées de la prison de Scheveningen et permettre à Laurent Gbagbo de retrouver la liberté, Agoh Marthe propose que l’on fasse du bruit et encore du bruit.

Elle a certainement bien réfléchi Dame Agoh Marthe, car il est de notoriété que ce dont les blancs ont surtout horreur chez les nègres, ce sont les bruits et… les odeurs. Mais en quoi produire des bruits (et même des odeurs) pourrait-il contribuer à la libération du président Laurent Gbagbo? Les foules ivoiriennes et panafricaines battent le pavé à Paris depuis des années sans réussir à faire fléchir la position des Occidentaux qui tiennent Laurent Gbagbo en otage. Pourquoi persister alors à prescrire au malade un médicament qui a montré ses limites? L’intention serait-elle en réalité de tuer le malade et non de le guérir, de le libérer?

A Paris, Agoh Marthe a donc volontairement ou involontairement dévoilé la vraie stratégie des frondeurs, faire en sorte que les actions pour la libération de Laurent Gbagbo traînent en longueur ou même se bloquent pour conduire inéluctablement l’ex-chef d’Etat vers la mort. Oublie-t-on que le lundi 11 avril 2011, alors que les militaires français venaient de l’arrêter et le remettaient aux rebelles enragés et surexcités, Laurent Gbagbo avait prononcé ces importantes paroles en disant: « Ne me tuez pas! ». Laurent Gbagbo est donc un homme qui ne veut pas mourir mais qui veut vivre. Tous ceux qui l’aiment devraient donc aussi respecter son droit à la vie. L’univers carcéral est un univers claustral qui génère toutes sortes de maux opportunistes pouvant mettre en péril la vie du détenu. Dire, croire et même penser que Laurent Gbagbo, à son âge et dans son état psychologique et moral que nous connaissons, doit passer encore du temps dans cette cellule, c’est sans conteste l’exposer à tous les dangers. Rappelons-nous que jusqu’ici, personne ne sait exactement ce qui a pu tuer l’ancien président serbe Slobodan Milosevic le 11 mars 2006 dans cette même prison.

Mais on le voit, contrairement au camp Affi, pour Marthe Agoh et les frondeurs, la libération de Laurent Gbagbo n’est ni une urgence, ni une priorité. Pour eux, il peut continuer de croupir dans sa prison, seuls son nom et son image les intéressent pour les exploiter, les utiliser, s’emparer du FPI et le diriger par procuration. Comment peut-on être aussi méchants et cyniques à ce point?

Soutenons et encourageons Affi à poursuivre dans sa voie pour obtenir la libération de Laurent Gbagbo, il n’y a aucune honte à négocier, à rencontrer l’adversaire et même l’ennemi pour chercher des compromis. Tout ceci n’est ni une compromission, ni une prostitution, même s’il faut être prêt à faire tous les sacrifices nécessaires voire accepter le pire pour que Laurent Gbagbo soit libre et revienne parmi nous. Laurent Gbagbo le mérite largement, le FPI le lui doit, la Côte D’Ivoire et l’Afrique le lui doivent.

Océane Yacé, Politologue, Monte-Carlo, Monaco.