La mise en examen d’une dizaine de haut gradés issus des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), par le tribunal militaire d’Abidjan, est la résultante de la crise post-électorale. Celle-ci aurait fait un peu plus de 3.000 morts entre mars et avril 2011. Ces morts sont imputables, tant aux Forces pro-Gbagbo qu’à celles qui ont combattu pour l’actuel président, Alassane Ouattara. Pour situer donc les responsabilités en vue d’un éventuel procès, le tribunal militaire d’Abidjan, que dirige le procureur militaire Ange-Bernard Kessi Kouamé, a entrepris d’auditionner quelques têtes fortes des deux armées belligérantes d’hier. C’est dans ce cadre que le 17 mai 2015, son parquet a adressé des convocations au Colonel-major Doumbia Lacina, actuel patron des Forces spéciales de l’armée ivoirienne et ex-Commandant du 1er bataillon d’infanterie d’Akouédo. Sont également concernés, le colonel Kokou Sako, officier de cavalerie, ancien commandant du Cciat (Centre de commandement d’Inter-armée tactique), le lieutenant-colonel Touré Hervé dit « Vétcho », le lieutenant-colonel Koné Zakaridja alias Koné Zacharia, le lieutenant-colonel Mourou Ouattara, le commandant Koné Seydou dit « Oustaze » qui était en charge de la zone de l’Agneby après la chute de Laurent Gbagbo, le lieutenant Kpi Patrick qui était , lui, chargé des relations extérieures à l’Empt de Bingerville et le lieutenant Duran dit « Ali ». Commentant ces citations, le procureur militaire disait, en substance, que « cela veut dire qu’en Côte d’Ivoire, il n’y a pas de justice à double vitesse, ou encore de justice des vainqueurs, contrairement à ce que certains politiciens tentent de faire croire à l’opinion nationale et internationale. La Côte d’Ivoire est un Etat de droit ». Dans son numéro de cette semaine, « Jeune Afrique » apprend que des officiers de l’armée ivoirienne, dont Cherif Ousmane alias « Papa Guépard » font l’objet de poursuites judiciaires devant le Tribunal militaire d’Abidjan. Cherif Ousmane est réputé très proche du chef de l’Etat, Alassane Ouattara. Lorsque nous l’avons joint hier mardi 30 juin 2015, en début d’après-midi, Ange-Bernard Kessi était en « réunion », selon un texto qu’il a eu l’amabilité de nous envoyer. « Qui sont les officiers de l’armée ivoirienne- depuis la crise postélectorale de 2010-2011, elle rassemble les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), favorables à Alassane Ouattara, et les ex-Forces de défense et de sécurité (Fds), pro-Gbagbo- récemment inculpés par la justice ivoirienne de crimes d’une extrême gravité ? S’interroge le magazine panafricain. Et l’hebdomadaire d’esquisser une réponse. « Côté FDS, on trouve notamment le général Georges Guiai Bi Poin, homme fort du système sécuritaire de Gbagbo et ancien patron du Centre de commandement des opérations de sécurité (Cecos) ». Inculpé de crimes en août 2011, il avait été libéré quelques mois plus tard, sans procès. Côté Frci, « huit chefs militaires ont été mis en examen, parmi lesquels Chérif Ousmane, dit Papa Guépard, ex-comzone du fief rebelle de Bouaké (Centre), qui juste après la crise, avait été promu commandant en second du Groupe de sécurité de la garde républicaine (Gspr) », assure Jeune Afrique. Charismatique, il joua un rôle capital dans la crise d’Abidjan en conquérant la commune de Yopougon au prix, selon plusieurs Ong, « de graves exactions », poursuit l’hebdomadaire de Béchir Ben Yamed, Français d’origine tunisienne. Qui cite, par ailleurs, « Losseni Fofana dit « Loss », ex-comzone de Man (Ouest) et actuel chef de la Brigade de sécurisation de l’Ouest (Bso), et deux de ses hommes. Le lieutenant Daouda Koné dit «Konda », ancien chef militaire de Duékoué, et le lieutenant Eddie Medy, ancien chef du service de Danané, sont également inculpés ».
Armand B. DEPEYLA
Source : Soirinfo 6222 du mercredi 1er juillet 2015