[media url=”http://www.youtube.com/watch?v=35Vp9ot6MzQ” width=”600″ height=”400″ jwplayer=”controlbar=bottom”]
EXCLUSIF. Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie, est l’invité exceptionnel de TF1 et Europe 1 ce mercredi. Le conflit en Ukraine, sa présence aux cérémonies du Débarquement, la place de la Russie dans le monde, la relation avec les Etats-Unis et… Hillary Clinton. Le président russe n’a esquivé aucune des questions de Jean-Pierre Elkabbach et Gilles Bouleau.
par Nicolas Fertin
Depuis la crise en Ukraine, il ne s’était jamais exprimé sur une télévision occidentale. Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie a accordé une interview à Gilles Bouleau et Jean-Pierre Elkabbach. Voici ce qu’il faut retenir de cet entretien exclusif.
Le Débarquement “C’est un évènement très important pour toute l’Europe, et le monde entier. Nous allons rendre hommage à ceux qui ont empêché les nazis de réduire l’Europe en esclavage. Je pense que la participation de la Russie à cette commémoration est très symbolique. Je veux dire par là que la Russie et les autres pays de la coalition antihitlérienne, y compris la France, étaient alliés dans cette lutte pour la liberté la participation de notre pays a été très importante, voire décisive pour vaincre le fascisme.”
“Nous n’oublierons jamais non plus les combattants français de la Résistance, notamment ceux d’entre eux, citoyens français, qui sont venus combattre à nos côtés au front de l’Est, front germano-soviétique. Et il me semble que c’est quelque chose qui doit nous rappeler notre passé et en même temps nous servir à construire nos relations d’aujourd’hui et futures.”
La Russie dans le monde
“Je suis persuadé, que dans le monde contemporain une politique basée sur l’expansionnisme et les conquêtes n’a plus aucun sens. Il est évident que la Russie dans le monde d’aujourd’hui et de demain, peut être et doit être partenaire de ses alliés historiques. C’est cela que nous voulons et nous allons œuvrer en ce sens. C’est la seule manière pour nous de concevoir nos relations avec nos voisins et d’autres pays”.
“Nous n’envisageons ni de soutenir le nationalisme russe ni de reconstituer un empire. Quand je disais que la disparition de l’URSS était une des plus grandes catastrophes du XXe s., je parlais d’une catastrophe humanitaire avant tout. “
Une nouvelle guerre froide ?
Premièrement, j’espère qu’il ne s’agit pas d’une nouvelle phase de la guerre froide. Deuxièmement, et j’insiste là-dessus, les gens, où qu’ils vivent, ont des droits et doivent avoir la possibilité de les défendre. C’est seulement cela qui est en question.
La Russe veut-elle annexer de l’Ukraine ?
“Non. Nous ne l’avons jamais fait et ne le faisons pas maintenant. …. Et le pouvoir qui est aujourd‘hui en place en Ukraine devrait établir le dialogue avec sa propre population. Et pas à l’aide d’armes, de chars, avions et hélicoptères, mais en lançant des négociations.
Nous reconnaissons la souveraineté de l’Ukraine, et nous aurions au contraire aimé qu’elle se sente elle-même comme un état souverain. Parce que la participation à quelconque bloc militaire, quelconque structure rigide d’intégration signifie perte d’une certaine partie de sa souveraineté. Ensuite si le pays accepte cela et accepte cette perte – c’est son choix. Mais quand nous parlons de l’Ukraine et des blocs militaires, il est évident que cela nous inquiète. Parce que si par exemple l’Ukraine rejoint l’OTAN, les infrastructures militaires de cette organisation se retrouvent à côté de nos frontières, et nous ne pouvons y rester indifférents.
“Ce n’est pas une guerre, mais une opération de représailles que mène le pouvoir de Kiev contre cette partie de sa population. Ce n’est pas une guerre étrangère, il y a là une grande différence. “
La vente des Mistral par la France
“Si la France décide d’annuler ce contrat – elle peut le faire, mais nous exigerons alors un dédommagement. Mais cela ne contribuera pas positivement au futur développement de nos relations… dans le domaine de coopération technique et militaire. Mais en principe, nous sommes ouverts à la coopération, éventuellement à placer de nouvelles commandes si nos partenaires français souhaitent continuer la coopération.”
L’OTAN, la Russie et… De Gaulle
La langue n’est pas une barrière, le fait que je ne parle pas français ne nous empêche pas, François Hollande et moi, de dialoguer. Nous avons des interprètes si besoin et en général nous pouvons toujours très bien nous comprendre.
Pour ce qui concerne la souveraineté, je répèterai : un pays qui rejoint une organisation militaire consent à céder une partie de sa souveraineté à une institution supranationale. Pour la Russie cela est inacceptable, pour les autres pays, à eux de décider, cela ne nous regarde pas. Mais cela me rappelle la France, la tradition gaulliste, De Gaulle était un défenseur de la souveraineté française et selon moi cela mérite du respect. Un autre exemple, François Mitterand qui parlait d’une Conféderation Européenne où, d’ailleurs, même la Russie pourrait participer. Je pense que rien n’est encore perdu en ce qui concerne le futur de l’Europe.
Les relations avec Barack Obama et les Etats-Unis
“Quant à nos relations avec M. Obama, je n’ai aucune raison de penser qu’il ne souhaite plus du tout communiquer avec le président de la Russie. Mais c’est à lui de décider après tout. Je suis toujours prêt pour le dialogue, car le dialogue est le meilleur moyen de se comprendre. Jusque-là nous étions toujours en contact, nous avons régulièrement parlé au téléphone… “
“En ce qui concerne la politique des USA, ce n’est un secret pour personne, que le pays qui mène la politique internationale la plus agressive, la plus dure, en défense de la vision qu’ont ses dirigeants de l’intérêt national est menée par les USA et ce depuis de nombreuses années. Nous n’avons pratiquement pas de présence militaire à l’étranger alors que les bases de l’armée des USA sont présentes sur toute la planète et ils partout où ils sont, ils participent activement dans ce que sera le sort d’autres peuples, à des milliers de kilomètres de leur frontière. Et nous reprocher de ne pas respectes des règles me semble un peu étrange de la part de nos interlocuteurs américains.”
Une nouvelle course à l’armement ?
“Ce n’est pas connu de tout le monde sauf les spécialistes, mais le budget militaire des Etats-Unis est plus élevé que les budgets de tous les autres pays du monde pris ensemble. Et qui mène une politique agressive alors ? En ce qui concerne notre budget militaire : en termes de pourcentage du PIB il n’augmente pratiquement pas, de quelques dixièmes de pourcent peut-être. Mais nous souhaitons rééquiper notre armée et notre flotte avec des technologies de pointe, réduire la quantité et améliorer la qualité. Nous avons tout un programme de rééquipement qui ne date pas d’hier, n’a aucun lien avec les évènements en Ukraine, c’est un projet à long terme que nous allons poursuivre. “
Hillary Clinton… et les femmes
“Vous savez, il est préférable de ne pas débattre avec les femmes. Quant à Mme Clinton, elle n’a jamais été trop subtile dans ses déclarations, mais cela ne nous a pas empêché de la rencontrer à de différents évènements internationaux et discuter normalement. Je pense qu’ici également nous pourrions trouver un langage commun, mais quand les gens dépassent certaines limites de politesse, cela montre leur faiblesse, pas leur force. Pour une femme cependant, la faiblesse n’est pas tellement un défaut.”
La Syrie et le soutien de la Russie
“Ce qui nous inquiète le plus, c’est que si nous agissons avec trop d’imprudence, la Syrie peut devenir une sorte de deuxième Afghanistan, un nid de terroristes totalement incontrôlable. D’ailleurs, c’est une menace pour les états européens également, parce que les extrémistes présents maintenant en Syrie vont se rendre un jour dans d’autres pays, y compris ceux d’Europe.”
Les libertés en Russie
“Nous avons plein d’opposants, de nombreux partis d’opposition, nous avons tout récemment libéralisé la création de nouveaux partis politiques. Et plusieurs dizaines de partis sont apparus, qui ont participé aux élections municipales ou régionales.
Avons-nous limité Internet ? Non, à mon avis. Certains de nos contradicteurs vont affirmer cela, dire qu’il existe des limitations intenables. Lesquelles ? Par exemple nous avons une interdiction de propagande du suicide et des méthodes de suicide, de propagande de stupéfiants, de pédophilie – voilà nos interdictions. Qu’y a-t-il d’exagéré ? “
L’homosexualité
“Nous n’avons pas de loi interdisant l’homosexualité, nous interdisons la promotion de l’homosexualité auprès des mineurs, ce sont deux choses tout à fait distinctes. Comprenez-vous ? Par exemple, certains états des Etats-Unis ont des lois, qui punissent pénalement les relations homosexuelles. Nous n’avons pas de peines de ce genre. Seulement quand il s’agit de propagande destinée à des mineurs, nous avons le droit de défendre nos enfants et nous allons le faire.”
Les camps de travail
Il ne s’agit pas de “camps”. Il s’agit d’endroit où les personnes sont, en effet, privées de liberté, mais peuvent mener une vie plus ou moins normale. Ce n’est pas des prisons, ou la personne au contraire, n’aura pas la possibilité de travailler. Une prison où l’individu ne peut pas travailler est justement la pire punition, et je ne pense pas que tous les condamnés doivent être placé dans ce type d’établissement, je pense que c’est encore pire que les établissements que vous mentionnez.
Hillary Clinton… et les femmes
“Vous savez, il est préférable de ne pas débattre avec les femmes. Quant à Mme Clinton, elle n’a jamais été trop subtile dans ses déclarations, mais cela ne nous a pas empêché de la rencontrer à de différents évènements internationaux et discuter normalement. Je pense qu’ici également nous pourrions trouver un langage commun, mais quand les gens dépassent certaines limites de politesse, cela montre leur faiblesse, pas leur force. Pour une femme cependant, la faiblesse n’est pas tellement un défaut.”