Des secrets livrés sur Jacob Zuma
Le deuxième livre de Koné Katinan Justin « Idéologie, conscience et combat politique » sort en septembre 2015 chez l’Harmattan en France. Dans le chapitre introductif, notamment dans la partie « L’absence d’une idéologie claire qui sous-tend le combat politique de l’élite africaine », le Porte-parole de Laurent Gbagbo fait des révélations sur la chute de son leader. Il explique comment la France a réussi à convaincre Jacob Zuma, le président sud-africain, pour lâcher Laurent Gbagbo. Procès et réquisitoire en règle contre la Françafrique, ode à l’insurrection idéologique contre l’impérialisme, exhortation des peuples africains au nationalisme. Voilà la trame du chapitre introductif du deuxième livre de Justin Katinan Koné, à paraître chez l’Harmattan en septembre 2015, et dont nous avons reçu les « belles feuilles ». Il ressort de l’observation de la démarche géopolitique des puissances occidentales, analysée par Katinan Koné, que leur objectif est l’affaiblissement du continent africain. Les tentatives d’installation de nouvelles bases militaires des anciennes puissances colonisatrices sur le sol africain, ainsi que le mouvement de remilitarisation de la diplomatie occidentale en Afrique, s’accompagnent d’un casting pour renouveler la classe dirigeante africaine pour le prochain quart de siècle, fait observer le Porte-parole de Laurent Gbagbo. « Tout ce jeu de domino », à ses yeux, vise, en particulier, un seul pays, la seule véritable puissance africaine : l’Afrique du Sud. « Tout semble être mis en œuvre pour l’affaiblir, afin d’ôter au continent noir ce qui lui donne encore l’illusion de compter sur l’échiquier international », écrit-il. Il indexe le Nigeria, comme jouant « le mauvais rôle ». L’occident veut se servir de l’antagonisme des deux puissances régionales africaines. « Ces deux puissances régionales sont toutes deux candidates au strapontin de membre permanent du Conseil de sécurité de l’Onu, que lorgne également le Royaume chérifien », assure Katinan Koné. Qui apprend que Nicolas Sarkozy, l’ancien président français, avait réussi à charmer Jacob Zuma, le président sud-africain, avec la promesse de ce poste, pour le retourner contre Laurent Gbagbo. « Il se dit que ce fut la proposition faite par le président Nicolas Sarkozy à son homologue Sud-africain, pour obtenir l’adhésion, du moins passive, de l’Afrique du Sud, au projet de destitution du président Laurent Gbagbo. C’est pourtant, également la même promesse faite à Jonathan Goodluck pour booster son engagement dans la même guerre contre Laurent Gbagbo, comme nous l’a confié un ancien chef d’Etat africain », révèle Katinan Koné, sans autre précision. Il pointe aussi du doigt la « balkanisation » orchestrée par les puissances occidentales de certains Etats africains dont, notamment, le Soudan et l’Ethiopie.
« Ambassadeur recruteur »
Katinan revient sur la chute de Laurent Gbagbo en avril 2011 et attribue un rôle prépondérant à l’Ambassadeur des Etats-Unis d’alors, Philippe Carter III. « Les zones étant bien connues, les acteurs jouent parfois les relais. Par exemple, en ce qui concerne le cas ivoirien, après la proclamation des résultats de l’élection présidentielle, c’est l’ambassadeur des États-Unis qui jouait le rôle d’agence de recrutement des cadres pour le camp Ouattara, avant que l’armée française ne vienne porter l’estocade au pouvoir en place. En Libye et en Syrie, la France joue le rôle de prête-nom pour le compte des États-Unis », fait-il valoir. Selon lui, la nouvelle idéologie de domination du monde se construit autour d’un axe majeur, « celui de l’affaiblissement des États, notamment africains. L’objectif étant, en fin de compte, de tuer dans l’œuf, toute velléité nationaliste ou du moins, souverainiste des peuples africains ». Parce que « un rapport très récent des services américains révèle un regain du nationalisme en Afrique. Ce nationalisme africain inquiète les États-Unis ». Dans cette dé- marche, la sémantique qui « donne une licence d’actions aux forces impérialistes » reste un élément catalyseur. D’où, pour lui, les termes du genre « terrorisme, dictature, droits de l’Homme », sont des cache-sexes, voire « les avenants du projet initial de l’entreprise coloniale criminelle ». L’ancien dernier ministre de Laurent Gbagbo, en charge du budget, soutient mordicus, que « la xénophobie collée à la Côte d’Ivoire vers la fin des années 90, préparait les esprits pour l’entreprise criminelle de l’Occident, du 11 avril 2011 ». La Cour pénale internationale (Cpi) a eu, de la part de Katinan, son coup de «glaive ». Il pense que « la Cour pénale internationale (Cpi) complète le dispositif prédateur de l’Afrique ». En étayage de son propos, Koné Katinan Justin avance l’idée selon laquelle, « pour contraindre les pays africains à adhérer au traité de Rome de 1998 qui a créé la Cpi, les bailleurs de fonds, notamment européens, sous le couvert de la lutte pour la protection des droits de l’homme, avaient élevé au rang de conditionnalité, la ratification de ce traité. Cette conditionnalité faisait partie des annexes au protocole des accords Ue-Acp, entrés en vigueur dès l’entame des années 2000. C’est ce qui explique que de nombreux africains l’aient finalement ratifié ». « Le processus de l’affaiblissement des États africains passe également par le choix des hommes politiques à la tête des États », soutient-il. Katinan apprend que « tous les pays occidentaux ont fait une étude analytique très confidentielle, sur les partis politiques africains. Cette étude a dressé un tableau des profils des partis politiques qui, de par leur organisation, la qualité des leaders, leur axe idéologique, et leur emprise sur les populations, sont capables d’entretenir l’éveil des consciences africaines. Dans ce tableau, le Front populaire ivoirien (Fpi) vient en deuxième position derrière l’Anc de l’Afrique du Sud, et avant le Fnla d’Algérie. Le président Laurent Gbagbo y est qualifié de leader charismatique au même titre que Nelson Mandela ». Il ajoute que « la Françafrique recrute de nouvelles élites pour remplacer la vieille garde qui est en rupture de ban avec les populations. A cette fin, François Hollande veut « ses » présidents africains. Il s’y active en Côte d’Ivoire, au Gabon et au Tchad. Les prétendants à ce nouveau pacte sont gagnés par la frilosité. La crise ouverte au Fpi s’explique par cette volonté d’entrisme dans la nouvelle Françafrique ».
Armand B. DEPEYLA
Source: Soirinfo 6245 du vendredi 31 juillet 2015