« Aucune culture n’est seule; elle est toujours donnée en coalition avec d’autres cultures, et c’est cela qui lui permet d’édifier des série cumulatives » Claude Lévi-Strauss
La justice ivoirienne a décidé d’accorder la liberté provisoire à 14 personnalités pro-Gbagbo emprisonnées dans le cadre des enquêtes qui ont mené aux violences postélectorales, en 2010-2011. C’est ce qu’a annoncé Bruno Koné, le porte-parole du gouvernement, lundi 5 août, à la sortie du Conseil des ministres. Même si les charges qui pèsent contre 84 proches de Laurent Gbagbo, y compris ceux qui bénéficient de la liberté provisoire, n’ont pas été levées, le geste de la justice et du gouvernement est louable en ce sens qu’il engage le pays sur la voie de l’apaisement et de la réconciliation. Selon Bruno Koné, parlant au nom du gouvernement, « Cette décision est la bienvenue pour le gouvernement. C’est une mesure d’apaisement pour faciliter la réconciliation. La Côte d’ivoire doit sortir de l’état de belligérance ». Le pouvoir espère redorer son image ternie par les fréquentes atteintes à la démocratie et la bonne gouvernance. Mais l’opposition, dans son ensemble doit apprécier cet acte d’une autre façon, en lisant le message de l’heure. Mais la grande famille de l’opposition devrait saisir cette occasion pour traduire dans les actes l’appel du 6 mai du Président de LIDER.
La nécessité de la coalition
Le régime actuel a totalement montré son visage hideux caché pendant longtemps : mauvaise gouvernance, corruption, totalitarisme, népotisme, tribalisme, régionalisme. Le Président Ouattara attaque constamment la république et la nation. Il déconstruit la nation et la république par des actions qui accentuent la fracture sociale. Il a donc mis pendant deux années la république en danger. Sous son règne, la Côte d’Ivoire a perdu son âme et son fondement spirituel. Il est donc temps que les démocrates ivoiriens passent à l’offensive pour redonner au pays son lustre d’antan.
Les premiers à s’organiser pour redonner aux ivoiriens cette joie qu’ils avaient à vivre ensemble, sont les opposants. L’opposition doit s’unir dans la diversité pour gagner ce combat. Aujourd’hui, la seule voie qui s’ouvre à l’opposition est celle de la coalition.
La coalition est une alliance momentanée de personnes, de partis ou de puissances, dans le but de lutter contre un adversaire commun. Il est admis que, depuis la période du multipartisme, aucun parti politique ne peut se vanter de gagner seul des élections. Ainsi donc, une alliance est nécessaire pour abréger la souffrance des ivoiriens. Il faut donc une rupture dans la politique économique et sociale menée depuis deux années dans notre pays.
Tout près de nous, au Sénégal, c’est une coalition menée par Macky Sall qui a eu raison de régime de Wade. Les exemples sont légions à travers le monde.
Une coalition autour d’un programme
Les ivoiriens ont un désir pressant et ardent de voir un programme économique et social rassembleur. Le problème des ivoiriens n’est pas la recherche d’un homme providentiel ou d’un parti salvateur, ils aspirent à une vie meilleure dans un pays réconcilié avec lui-même. Il s’agira pour tous ceux qui constatent l’éclatement de la nation, de se mettre ensemble, pour défendre des valeurs communes. Ce rassemblement pourrait se comparer à une coopérative politique, il doit fédérer autour des valeurs communes, au-delà des clivages habituels. L’appel du 6 mai 2013 s’adresse à tous les ivoiriens épris de paix, déçus de la gouvernance actuelle et qui souhaitent que les choses changent. Rendre les citoyens maîtres de leur destin implique la définition de la gouvernance. C’est pourquoi le rassemblement doit se faire autour d’un programme de rupture en faveur des ivoiriens. Il s’agira de se rassembler pour défendre l’intérêt de nos compatriotes.
Un programme autour des questions suivantes pourrait intéresser les ivoiriens. Il s’agit de la question du recensement général des populations, de celle de l’enrôlement, de la mise sur pied d’une nouvelle Commission Électorale Indépendante paritaire, du règlement de la question foncière, de la question du statut de l’opposition et des libertés dans notre pays.
La coalition pour la rupture 2015 doit prendre forme maintenant pas demain
Si l’opposition veut changer la gouvernance actuelle, elle doit gagner les prochaines élections présidentielles. Pour y arriver, elle doit concentrer tous ses efforts pour une organisation libre et transparente des élections futures. Avec la libération des dignitaires du front populaire ivoirien (FPI), il faut sans délai donner une forme à cette idée de coalition. Il faut penser maintenant à créer un Présidium, un Secrétariat Général et des Secrétariats techniques et fonctionnels. Le temps qui nous est imparti n’est pas long car la présidentielle, c’est dans 26 mois. Notre victoire dépendra de notre capacité à nous organiser, à remobiliser nos militants et à faire de nouveau rêver et cela nécessite un minimum de temps.
Dr PRAO Yao Séraphin
Porte-parole de la Cellule de Veille de LIDER