Par Patrice NganangIl y’a quelques jours, le 12 mai, j’ai rencontré à New York City une dame que l’ONU à spécifiquement ‘taskee’ pour mettre en branle le dialogue au Cameroun, pays qui sombre dans la guerre civile – les hasards très heureux de la campagne pour ma libération, et la force de frappe de l’équipe de campagne à l’extérieur ont rendu cela possible. Je lui ai dit ceci: je suis très heureux que l’ONU revienne au Cameroun, même si, comme elle a précisé, c’est à l’Etat du Cameroun, de formellement inviter l’ONU, l’État du Cameroun étant signataire de la charte de l’ONU. Je lui ai dit que l’ONU a une obligation au Cameroun, parce que c’est elle qui a créé le problème dans lequel les Anglophones sont empêtrés, parce qu’elle, et son ancêtre avant elle, la SDN, a abandonné les Anglophones. Elle m’a demandé pourquoi je dis cela, et je lui ai dit ceci: le Cameroun n’a jamais été qu’une colonie de l’Allemagne dont les colonies, le Cameroun entre autres donc, après sa défaite en 1916, mais surtout en 1919, ont été confiées à la SDN, qui a sous-traité leur gestion a des pays colonisateurs et vainqueurs de la guerre, afin que ceux-ci les mènent vers l’indépendance – l’Angleterre, la France, l’Afrique du sud, etc. J’ai bien dit, afin que ces pays les mènent vers l’indépendance, selon les statuts de l’ONU qui garantissent le droit à l’autodétermination des peuples, de tous les peuples de la terre – et pas des États, mais bel et bien des peuples, dont l’autodétermination aboutit sur la création d’Etats.
Une partie des peuples du Cameroun à été donnée ainsi à la France, et une autre à l’Angleterre. Le problème cependant, c’est que si la partie francophone a été ‘menée vers l’indépendance’, la partie anglophone n’a pas été menée vers l’indépendance. Son droit à l’autodétermination a donc été violé, oublié, réprimé, effacé. Et c’est justement cela le problème qui se pose depuis, et qui s’est transformé en guerre civile aujourd’hui. Je lui ai dit que, si elle demande à n’importe quel camerounais, il lui dira que tous les leaders indépendantistes camerounais, dont surtout Um Nyobe, ne sont pas allés s’exprimer à Paris ou à Londres, mais bel et bien à New York, à l’ONU – et pour cause. Le problème camerounais, anglophone et francophone, a été créé à cause du manque de regard de l’ONU par rapport à ses propres principes, et par rapport à ses propres décisions. Voilà, je lui ai dit, la racine profonde du problème. J’ai dit que dans ces conditions, il était donc extraordinairement positif que l’ONU revienne au Cameroun, même si encore en se cachant, en catimini donc, et reprenne le dossier camerounais qu’elle – son ancêtre la SDN donc – avait abandonné en 1919. C’est donc un très bon geste, un très bon signe, ce retour de l’ONU dans le problème camerounais, je lui ai dit en substance, lors de cet échange qui a duré exactement 50 minutes. Et cela dit, je lui ai remis une copie du livre ‘The Unrefined History of Southern Cameroons (1884-1984), Volume One’, écrit par Emmanuel Neba-Fruh qui résume le point de vue anglophone de cette histoire, ainsi que mes romans traduits en anglais, ‘Dog days’ et ‘Mount pleasant’, ainsi que ‘La Révolte anglophone’, en lui souhaitant un bon voyage et séjour au Cameroun, où elle sera pendant deux ans.
Avant d’aller à cette rencontre, j’ai évidemment informé les leaders anglophones à l’étranger et au pays qui n’y ont trouvé aucun inconvénient.
Concierge de la république