En politique les vérités des uns, ne peuvent pas être celles des autres, parce que les politiques rusent constamment. Dans ce monde irréel, marqué par le relativisme, où 1+1 = + ou – 2, me disait un ami, l’intérêt et l’absence d’objectivité, l’on ne saurait convaincre de vérité. D’ailleurs est-elle recherchée ? Autour de chaque pouvoir (d’État, d’argent, de nomination, de décision, d’opposition et de communication) gravitent en cercles concentriques, des galaxies de compétences et de talents, des structures satellites, qui travestissent la vérité, s’efforcent de dissimuler les faiblesses et les laideurs de ce pouvoir, celui qu’elles soutiennent sur le moment suivant la logique de leurs propres intérêts.
Vouloir relever les contradictions et les impostures de celui-ci, lorsqu’il correspond dans nos codes culturels à une certaine classe d’âge privilégiée, pousse les générations plus jeunes ou nouvelles à concevoir l’irrespect au nom de la vérité, comme un devoir, pour faire avancer positivement les choses. La dernière polémique née de la teneur de certains discours, doit nous rappeler cette nécessité, car il est impossible de se tenir à distance des risques qu’ils font courir à la communauté nationale, d’autant plus qu’ils ne sont d’aucune utilité pour le Pays. Leurs buts ne participent à aucun progrès de la pensée ou de l’action démocratique ou encore du développement dont nous avons prioritairement besoin. Au moment où des pans entiers de la République sont menacés par les manœuvres de politiques amnésiques et irresponsables, et doivent résister aux coups de boutoirs d’une idéologie et de comportements qui nous ont déjà fait basculer dans le chaos par le passé, il est bon de se rappeler que l’injustice est préférée au désordre dans la conception “houphouétiste” de l’exerce du pouvoir d’État.
Quand on fait de la politique, on doit croire dans notre capacité, de servir la nation, de la rassembler et non de la diviser et de l’entraîner dans l’affrontement, prélude à des lendemains qui n’augurent rien de bon. En Côte d’Ivoire, chacun sait ce qu’il a fait et pourquoi il l’a fait. Nous en payons encore les conséquences. Faute d’en avoir pleinement conscience, d’avoir de la hauteur, de se respecter soi-même et de respecter les autres, l’irrespect pourrait devenir un devoir pour changer cette attitude politique, pour se débarrasser des menaces qu’elle porte. Le débat et les enjeux de pouvoir doivent être ailleurs. En effet, Il y a urgence d’efficacité pour notre développement, de rassemblement pour notre nation, de transmission du témoin à une autre génération pour l’épanouissement de notre jeunesse et le renouvellement des idées, de démocratie pour libérer la pensée et améliorer notre gouvernance, de justice et de progrès social pour une meilleure intégration des populations et une redistribution plus équitable de la richesse. Ce besoin de changement et de progrès doit être le centre de notre préoccupation et de la politique.
Cette conception de la politique donne lieu à des sensibilités et des approches différentes et diverses. Elle peut donc expliquer pour partie la crise que nous vivons avec ses divisions et ses adversités, mais nous devons la gérer avec responsabilité et orienter le mouvement du changement vers des idéaux et des valeurs, qui rendent chaque jour, l’ivoirien plus humain, plus digne, plus travailleur, plus responsable, plus intègre, plus pacifique, plus objectif, plus rationnel, plus tolérant, plus ouvert et plus fraternel. Nous devons à la Nation Ivoirienne le choix d’options politiques qui rendent notre pays tous les jours plus stable, plus sûr, plus attrayant, plus agréable à vivre et plus prospère. Si les politiques et leurs formations respectives s’engageaient dans cette voie, munis d’un projet fiable pour l’avenir, ils seraient alors utiles au pays, plutôt que de vouloir se l’approprier et l’utiliser à des fins douteuses et personnelles, comme pour les héritages. Faute de le faire, ils se remarquent, pour l’instant, par leur capacité de nuisance et l’irrespect des fonctions et des statuts des uns et des autres. Ce faisant, c’est la Côte d’Ivoire qu’ils abîment. Dès lors, il devient un devoir pour les nouvelles générations de prendre leurs responsabilités, d’imaginer d’autres modes d’être et de faire, et de dire à cette vielle classe politique que certaines de leurs conduites ne sont plus tolérables pour le pays. La politique ce n’est pas la guerre, l’invective et la haine. Elle est plus constructive et plus noble que cela.
Pierre Aly SOUMAREY