(Le Patriote, 23 juillet 2013) – Il a cru, dur comme fer, que le Festival de la Route des Reines et Rois (Festirois) servirait de terreau pour fertiliser la réconciliation dans une Côte d’Ivoire tenaillée par une décennie de crises multiformes. Aujourd’hui, tout le monde politique et intellectuel s’accorde à dire qu’il a eu raison d’avoir jeté les bases d’une telle initiative. A preuve, le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, lors de sa dernière visite d’Etat dans le District des Savanes, a été clair : « le statut constitutionnel des rois et chef traditionnels sera prêt avant 2014».
Du 12 au 15 septembre prochain, se tiendront à Abidjan les festivités de la 10ème édition du Festirois. Ces assises, qui ont lieu à cette période, où la Côte d’Ivoire sortie de la crise postélectorale amorce son développement, permettront aux Rois, chefs et intellectuels, de faire le point de l’apport de ce festival dans le retour à la concorde en Côte d’Ivoire. C’est pourquoi, à la différence des éditions antérieures qui se déroulaient sous forme de caravane, à travers plusieurs régions de la Côte d’Ivoire, les festivités de cette année se sédentarisent dans la ville d’Abidjan. En procédant ainsi, Amoa Urbain, initiateur de ce festival, par ailleurs Recteur de l’Université Charles Louis de Montesquieu, veut redonner une grande visibilité aux solennités et aux séances de réflexion qui entourent ce festival pionnier dans la recherche de la paix et la réconciliation. Car, dès les premières heures de ce festival, son initiateur en a fait un instrument de retrouvailles de Rois, chefs et autres autorités coutumières ivoiriennes. Ainsi, se retrouvant, les guides communautaires, les chefs, tout au long de “la route” qui les conduit à travers plusieurs régions de la Côte d’Ivoire, découvrent, par exemple, le mode de gestion et de règlement des conflits. Ils découvrent également les différentes lignées et le peuplement de telle ou telle région. C’est pourquoi, partis d’Abidjan, la caravane s’est ébranlée vers Kong en passant par Dabou. Cela, pour permettre aux Rois Nanan Adja Houto Dodo du Bénin, Nanan Lawson III du Togo et les têtes couronnées venues des quatre coins de la Côte d’Ivoire de se défaire des clichés mensongers que certains politiques avaient fait d’affubler à l’actuel président de la République quant à sa nationalité ivoirienne. Tout au long de la caravane, les chefs et Rois ne manquent de lancer des messages d’amour et de réconciliation qu’ils relaient également une fois retournés sur leurs bases. A ce jour, l’on peut l’affirmer, que le Festirois a été pour beaucoup dans la préservation du climat social apaisé en Côte d’Ivoire.
Outre le climat de concorde que ce festival a permis de consolider, il reste également un instrument ayant pris fait et cause pour la dignité de la chefferie traditionnelle. A preuve, aujourd’hui, les autorités politiques, le chef de l’Etat, Alassane Ouattara en premier, veut donner un statut constitutionnel aux Rois, Reines et chefs traditionnels. On peut le dire, les résultats des travaux scientifiques de ce festival y sont pour quelque chose. Et le statut constitutionnel de ces dignitaires coutumiers, qu’Alassane Ouattara appelle de tous ses vœux, permettra, à ces dignitaires coutumiers, d’avoir des moyens conséquents pour régenter leurs “circonscriptions” où des conflits de toutes sortes ne manquent pas. Aussi, ces rois et chefs auront-ils la latitude de gérer leurs attributs avec aisance. Aujourd’hui, les festivités marquant les 10 ans du Festirois sonnent, pour le Pr Amoa Urbain, comme un nouveau départ pour le Festirois. Notamment avec la célébration de “la pensée africaine”. Qui est de croire en la culture africaine et en l’homme africain. C’est pourquoi, le festival prévoit une marche royale auquel prendront part des festivaliers issus des grands ensembles ethniques ivoiriens, des têtes couronnées et dignitaires religieux de la sous-région et d’ailleurs. Cette procession majestueuse partira de l’Hôtel du District d’Abidjan au siège de l’Assemblée nationale puis au Conseil économique et social avant de finir par la Primature. Une fois dans ces institutions, les autorités coutumières remettront des motions à Guillaume Soro, à Marcel Zadi Kessy, respectivement présidents de l’Assemblée nationale et du Conseil Economique et social. Ils en feront de même à la Primature avec Daniel Kablan Duncan.
Au final, l’édition 2013 du Festirois sonne comme celle de la maturité. Le chemin parcouru aboutit aujourd’hui à l’attribution imminente du statut constitutionnel des rois et chefs traditionnels. Mais également, les festivités permettront de faire le point des avancées obtenues quant à la carte des alliances et bien d’autres travaux scientifiques qui aboutiront à la réalisation d’encyclopédies.
Jean-Antoine Doudou