(Le Journal de l’Economie, 21-27 octobre 2013) – La papaye est beaucoup consommée comme dessert au cours des repas, mais aussi sous forme de jus de fruit, de confiture ou de purée, après transformation. Bien cultivée, elle est une source importante de revenu, surtout lorsqu’elle est exportée vers le marché européen.
La papaye existe sous quatre variétés : la golden, le sunset, le sunrise et le solo n° 8. Toutefois, la papaye solo est la plus cultivée en Côte d’Ivoire en raison de sa chair jaune orangée, de sa saveur, de sa durée de conservation et de son poids qui varie de 300 à 400 g. De forme oblongue pour des pieds hermaphrodites et ronds pour les femelles, cette variété est très appréciée des marchés occidentaux. La production mondiale de papaye est d’environ 8,5 millions de tonnes. La papaye est recommandée pour faciliter la digestion, soigner les rhumatismes et pouilleux, et permet aussi l’amélioration du processus de guérison dans le traitement des ulcères. En Côte d’Ivoire, la papaye solo peut se cultiver sur toute l’étendue du territoire, mais reste favorable aux sols légers.
La pépinière
Les graines doivent provenir de fruits hermaphrodites autofécondés de lignes pures de papaye solo ou de golden. Ces semences sont petites et recouvertes de mucilages et d’une peau qui s’enlève après un nettoyage avec de l’eau contenant du sable. A la suite de ce lavage, les semences sont mises à sécher à l’ombre durant 2 à 4 jours. Il est aussi possible de se procurer des semences certifiées auprès de pépiniéristes, de spécialistes ou de vendeurs de produits agricoles. Le terreau de semis est constitué d’environ 1/3 de terre franche, 1/3 de matière organique décomposée et 1/3 de sable. Ce terreau bien homogène est ensuite désinfecté, soit par solarisation, soit par traitement à la chaleur. La période de semis peut varier mais en Côte d’Ivoire, elle se situe généralement entre les mois d’octobre et de Janvier. Les sachets de la pépinière doivent être disposés côte à côte dans un endroit ombragé avant de passer au semis. Pour le semis, il faut mettre 3 graines par sachet à une profondeur de comprise entre 8,8 et 10 cm. Les pépinières sont ensuite arrosées régulièrement durant la période de germination qui s’étend de 8 jours à 3 semaines. Pendant ce temps, il est recommandé de faire un désherbage manuel et un suivi phytosanitaire, car les jeunes plants sont sensibles aux acariens, aux escargots et aux rongeurs.
La plantation
Très sensible au vent, la plantation doit être bien protégée pour éviter que les plants ne se brisent ou qu’ils soient contaminés par des parasites. Il faut replanter les plants en respectant l’espacement de 5 m entre lignes et de 2,5 m sur la même ligne. Mais avant, il faut préparer le sol en commençant par un labour assez profond. Le papayer a des besoins élevés en matière organique et en éléments fertilisants, pour cela, il faut disposer d’une source de matière organique et des moyens de transport adéquats. Pour le tracé de la plantation, effectuer un piquetage soigné en veillant au bon alignement des rangs et des diagonales, ainsi qu’à la perpendicularité des alignements. En zone humide, la meilleure période de plantation se situe au début de la saison des pluies, car la reprise
et la croissance des plants y sont meilleures. En zone chaude, l’après saison des pluies est la plus recommandée. Pour le planting, placer le plant en motte, débarrassé de son sachet plastique, dans une légère cavité creusée au sommet de l’ados ou de la butte. En pleine croissance, l’arbre peut atteindre une hauteur de 3 à 10 mètres.
Entretien de la plantation
L’entretien de la plantation commence par l’irrigation. Le papayer demande une pluviométrie de 1.800 à 2000 mm de pluie par an. Ensuite, il faut aussi faire le désherbage. Le papayer étant sensible aux herbicides, tant que les plants sont jeunes, désherber largement à la main autour des plants ou utiliser une cache (paraquat) pour appliquer les herbicides. Comme herbicide, il convient d’utiliser dès que les plants ont 6 mois, du glyphosate à raison de 8 à 10 ml de produit commercial pour 10 litres d’eau. Ensuite, traité par temps calme et en absence de vent, les troncs sans que ceux-ci ne soient touchés par l’herbicide. De même, il faut régulièrement apporter de la fumure (l’urée, le NPK, ou de l’engrais biologique ‘’vital plus’’). La dose doit être croissante du premier au 18ème mois : de 50 à 100 g (entre 1 et 9 mois), 125 g à partir du 10ème mois.
Récolte et commercialisation
La récolte doit se faire au moment où la coloration entre les carpelles vire au jaune, c’est-à-dire à partir du 7ème mois. Elle peut durer jusqu’au 22ème mois selon les variétés. Un plant peut donner en moyenne une récolte de 40 Kg de papaye pour un rendement moyen à l’hectare de 60 tonnes. Le prix de la papaye solo n°8 varie sur le marché de 250 à 400 F le Kg. Cependant, pour les producteurs qui ravitaillent le marché de l’exportation (encadré par l’OCAB organisation centrale des producteurs-exportateurs d’Ananas-Bananes-mangues-Papayes), les prix vont au-delà de 500 F par kg. Ainsi, pour le cultivateur qui vend sa production sur le marché, à un prix moyen de 300 F le kilogramme, et peut gagner jusqu’à 18 millions de F Cfa sur un hectare en 22 mois. Le montant global de l’investissement est d’environ 850.000 F pour un hectare (y compris engrais, entretien, semence, main d’œuvre, etc.).