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Pour le président français François Hollande, les frondeurs qui sèment la zizanie au sein de la majorité au pouvoir en France seraient membres d’un groupe auquel il a donné le nom de “Club du 21 avril”. Cette date rappelle en fait l’élimination, le 21 avril 2002, de Lionel Jospin au premier tour de l’élection présidentielle française et la qualification surprenante de Jean-Marie Le Pen pour le second tour. Par cette grave accusation François Hollande veut montrer du doigt ceux qu’il considère comme les vrais responsables de la division de la Gauche et de la débâcle aux récentes élections départementales au cours desquelles même la Corrèze, sa propre région natale et fief historique du Parti socialiste (PS), a basculé à droite.

Parlant de tout cela, l’actuel président français veut déjà mettre en garde les dissidents quant au scrutin de 2017 et appeler par anticipation au vote utile, pour éviter que ne se reproduise ce qui n’a pas permis au PS d’accéder au second tour des présidentielles en 2002.François Hollande n’a pour autant pas perdu sa sérénité. Il sait qu’un président au pouvoir en France perd souvent les élections locales. Cela s’était vérifié durant la présidence de Jacques Chirac comme pendant celle de Nicolas Sarkozy. Aux élections présidentielles françaises de 2017, François Hollande aura en face de lui Marion Anne Perrine Le Pen, dite Marine Le Pen dont le FN gagne en confiance et peut-être aussi un Nicolas Sarkozy actuellement en embuscade. Les militants de Gauche abandonneront-ils leur navire pour soutenir l’adversaire ou bien choisiront-ils de voter utile pour éviter une défaite collective? François Hollande aura déjà sonné l’alerte et il appartient à chacun de prendre ses responsabilités face à l’histoire.

Très curieusement, la situation que vivra le PS en 2017 ressemblera donc de près à celle que s’apprête à vivre le FPI en au mois d’octobre de cette année 2015.Dans les deux cas, les rivalités pour le leadership sont très vives. Si en France, Mélanchon, Duflot et les partisans d’une majorité alternative à gauche font feu de tout bois et menace la cohésion et l’unité de la majorité au pouvoir pour les élections de 2017, en Côte D’Ivoire les frondeurs conduits par Sangaré, Akoun et Douaty, compromettent dangereusement toutes les chances du FPI de battre Alassane Ouattara dans les urnes en octobre 2015.

C’est d’ailleurs face à ce danger de l’absurdité de la fronde que Charles Blé Goudé a lancé un cri de cœur pour appeler à la réconciliation interne, afin d’aller dans l’union aux batailles électorales et mettre fin aux souffrances des populations. Tous les observateurs attentifs de la scène politique ivoirienne savent que Ouattara est désormais très affaibli contrairement à ce qu’il était en 2010.Sarkozy en France, Wade au Sénégal, Compaoré au Burkina, Goodluck au Nigéria, les grands soutiens de Ouattara sont tombés les uns après les autres. Ses relations avec la France et les USA sont devenues exécrables, même si d’un côté comme de l’autre on tente de sauver les apparences. Son électorat est désillusionné devant les nombreuses promesses non tenues, son armée est minée par la grogne, l’indiscipline, la course à l’enrichissement et la peur face aux menaces de poursuite de la CPI.

Mais devant tout cela que constate-t-on? Le clan des frondeurs que l’on pourrait appeler « Le Club du 11 avril » persiste et signe dans la dissidence et le complot. Les mêmes acteurs qui ont été à la base de la tragédie du 11 avril 2011, reviennent pour en finir avec Gbagbo et le FPI. Ils savent pourtant que c’est un FPI au pouvoir qui pourra libérer Gbagbo. Mais ils sont devenus les otages de leur propre radicalisme, de leurs turpitudes et restent totalement accrochés aux mensonges, aux rêves impossibles et à l‘imposture. Le plus grave est que pour les élections présidentielles d’octobre prochain, ils ont déjà choisi leur candidat qui sera loin d’être celui du FPI. Ils sont prêts à trahir le FPI et le peuple ivoirien pour s’engager dans des alliances contre-nature non pas pour obtenir un quelconque gain politique, mais uniquement pour barrer la route au président Pascal Affi N’Guessan s’il est candidat, priver le FPI d’une victoire certaine et même détruire le parti. Les frondeurs finiront-ils par accepter la main tendue du président Affi? Prendront-il le courage de créer leur parti ou continueront-ils de jouer les agitateurs dans la situation politique ivoirienne? Heureusement que pour le vote pendant les élections, ce ne sera pas à eux de décider à la place du peuple.

Aya Rosine Kouamé, Lausanne, Suisse

Source: Facebook