Il y a des individus qui ne sont pas du Front populaire ivoirien (Fpi), mais qui s’invitent dans la crise interne à cette famille politique. Ceux-là, Charles Blé Goudé ne les voit pas d’un bon œil. Il les trouve suspects et n’approuve pas leur activisme dans cette crise. Selon l’ancien ministre de la Jeunesse, ces personnes extérieures au Fpi, mais très actives dans sa crise, ne rendent pas service au parti de Laurent Gbagbo. «… Par la force des choses, cette crise est sortie du cadre purement interne avec l’implication et l’activisme suspects d’acteurs politiques extérieurs et d’individus non membres du FPI», fait-il remarquer. Le président du Cojep qualifie ces acteurs de panthères en peau de biche qui jouent les bienfaiteurs». Ces individus se reconnaissent sûrement. La crise au Fpi a effectivement révélé des acteurs qui ne sont pas des militants, mais qui se donnent le droit d’intervenir plus que ne le ferait le président du Fpi, Pascal Affi N’Guessan. A bien suivre le président du Cojep, il vit un véritable drame de voir le Fpi lessivé par une crise interne qui ne fait qu’arranger Alassane Dramane Ouattara. Lui qui ne souhaite pas entrer en compétition électorale avec un adversaire de poids. Or, pour Blé Goudé, cet adversaire de poids ne peut que venir du Fpi. Malheureusement avec la crise, le Fpi n’est plus en mesure de présenter un candidat qui puisse sérieusement inquiéter M. Ouattara. Ce qui amène Blé Goudé à croire que la division du Fpi prend sa source dans le pouvoir d’Alassane Ouattara qui, redoutant fort un candidat du fPi, a pu réussir à le diviser. Ainsi cette crise apparaît-elle comme un os qu’on jette à un chien pour le distraire et le détourner des vrais enjeux. « La crise au FPI fait aussi le lit du président-candidat qui, en cette année électorale, veut gagner sans une réelle compétition. Il a réussi à entretenir la division au sein du FPI, et à affaiblir ainsi toute opposition. Du coup, les actions de l’opposition dont le FPI demeure le principal parti, se trouvent sérieusement plombées, limitées ou inefficaces dans le meilleur des cas. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’avec cette crise, les véritables problèmes auxquelles se trouvent confrontés nos concitoyens sont mis sous le paillasson ou reléguées simplement au second plan».
Sans le dire, Blé Goudé maudit ceux par qui la crise est arrivée au fPi. Cette crise a fait que le front populaire ivoirien a pratiquement oublié les vrais problèmes des Ivoiriens et leurs souffrances. Il voudrait bien que les cadres du Fpi restent très unis pour que leur parti serve de locomotive à toute l’opposition ivoirienne pour affronter et gêner sérieusement Alassane Ouattara dans les urnes. Mais ils ont éloigné le Fpi de ce but parce que chaque jour qui passe, Pascal Affi N’Guessan est devenu la cible à détruire pour certains à l’intérieur du Fpi. La sagesse aurait voulu que ceux qui le combattent ainsi fassent bloc pour aller contre M. Ouattara. Mais la jalousie, les problèmes de personne et les problèmes de leadership sont venus plomber le parti.
Après cette sortie, il ne faut pas brûler Blé Goudé. Car il donne-là une leçon de sagesse qui conduit inéluctablement à la réconciliation interne au Fpi pour que ce parti redevienne la véritable force politique qu’il a toujours été en Côte d’ivoire. Si le président Gbagbo a su tendre la main à ses pires ennemis issus de la rébellion armée de 2002, ce n’est pas impossible que Sangaré, Douati, Akoun et autres fassent la paix avec Affi. La leçon de Blé Goudé, c’est que le triomphe de l’un sur l’autre, avec le sentiment qu’on est tellement majoritaire qu’on peut se passer des autres, est dans tous les cas préjudiciable au Fpi et à toute l’opposition. D’où son exhortation à la paix des braves pour affronter le seul adversaire qu’est Alassane Ouattara si on pense réellement mener le combat politique au profit du peuple ivoirien.
Benjamin KORÉ
Source: Notre Voie, vendredi 10 avril 2015