Par BENOIT HILI
Oh honte, oh honte, oh honte… » ! Plusieurs dizaines de frondeurs du FPI ont carrément hué le juge Ahmed Coulibaly du tribunal de première instance, hier. La scène s’est déroulée au palais de justice d’Abidjan-Plateau, tôt le matin. Costume marron, Abou Drahamane Sangaré, chef de file de la fronde, avait effectué le déplacement du tribunal, en compagnie d’autres dissidents. En mars dernier, Abou Drahamane Sangaré, cet ami de l’ancien président Laurent Gbagbo, s’est autoproclamé président du Fpi. Et sa troupe s’est autorisée à suspendre le président légal du parti, Pascal Affi N’guessan, au moyen d’une résolution prise par un comité central clandestin tenu au domicile de l’épouse d’un des leurs. Le tribunal « annule toutes les résolutions » du prétendu comité central, a déclaré le juge Ahmed Coulibaly. « Interdiction » est faite aux « frondeurs » « d’utiliser le logo et le sigle du FPI et de poser tout acte au nom du FPI sous peine d’amende de 10 millions de francs CFA », à chaque infraction, a signifié M. Sanogo. Mécontent, le groupe de frondeurs, qui avait pris d’assaut la salle d’audience, s’en prendra au juge à sa sortie du prétoire. « Oh honte! Affi n’a qu’aller prendre sa carte au RDR », lancent-ils au passage du juge. Un juge accusé d’être « aux ordres » du pouvoir du président Alassane Ouattara. Dans la même matinée, un autre groupe de frondeurs conduits par l’ancienne présidente des femmes du parti, Marie-Odette Lorougnon, étaient face à la police, cette fois-ci, au siège de « Notre voie », le siège du journal du parti. C’est depuis le 4 juillet 2014 qu’une dissidence s’est déclarée au sein de l’ancien parti au pouvoir à la suite d’un réaménagement interne. Désormais, il y a d’un côté, le camp des « Gbagbo ou rien ». Il regroupe les radicaux qui ne veulent pas d’une discussion avec le gouvernement avant « le retour de Laurent Gbagbo ». De l’autre, il y a le camp des « Gbagbo et nous ». Dirigé par l’ancien Premier ministre, Pascal Affi N’guessan, ce camp estime que « c’est la politique qui a envoyé Laurent Gbagbo en prison, c’est donc la politique qui le fera libérer de prison ». Traduction : le Front doit continuer la bataille plutôt sur le front politique. Laurent Gbagbo est détenu à la Haye depuis novembre 2011, pour divers « crimes contre l’humanité », suite à la crise post-électorale de 2010.
Source : Le Nouveau Réveil, samedi 04, dimanche 05 et lundi 06 avril 2015