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Depuis le vendredi 21 Aout 2015, des informations relatives à la visite familiale que m’a rendue madame Kili Angeline ont vite fait le tour des réseaux sociaux et de certains milieux politiques. Après les explications que j’ai données à la Direction du Cojep, la hiérarchie du parti politique dont je suis désormais militant de base, a admis que les faits malencontreusement mis en cause n’ont rien de politique mais relèvent purement du cadre privé. Pour éclairer l’opinion, j’ai obtenu d’elle le quitus de faire la mise au point suivante.
Mise au point :

« J’étais nu, et vous m’avez vêtu ; j’étais malade, et vous m’avez visité: j’étais en prison ; et vous êtes venus vers moi » Ainsi parle l’Eternel ! Mathieu 25 verset 36. Voici le passage biblique que Madame KILI Angeline a bien voulu partagé avec moi.

Ainsi, Madame Kili Angeline ne fait rien d’autre, en venant au centre de détention préventive de Scheveningen pour m’apporter assistance et s’enquérir de mon état de santé. Cela a suffit pour faire de moi un traitre. Et pourtant, je n’ai rien fait en cachette, parce que je n’avais pas à me cacher. Je n’ai pas pour habitude de fuir les débats, car j’ai toujours dit et fait ouvertement ce que je crois être juste. Je trouve donc peu élégant l’exploitation politique que l’on tente de faire de cette visite purement familiale.

Pour le respect de la cause pour laquelle je suis incarcéré, et pour laquelle de nombreux ivoiriens ont perdu la vie et continuent de souffrir, je me garderai de tomber dans la polémique qui frise la petitesse et la bassesse, au moment où le peuple nous attend sur des questions beaucoup plus importantes qui sont d’intérêt national. Mon grand-père ne m’avait-il pas dit qu’en faisant du bruit, le chimpanzé croit certes dire à tous qu’il est maitre de la forêt, mais il ignore qu’il attire sur lui le regard du chasseur. Vu que je suis dans une procédure judiciaire, donc soumis à un devoir de réserve au sujet des informations internes à la CPI au risque de m’exposer à des sanctions, je ne vais ni m’étaler ni m’attarder sur des détails au sujet de ma visite que l’on tient forcement à politiser. 

Toutefois, je puis préciser que je reste profondément attaché à des valeurs humaines qui ont fondé mon entrée en politique ; et la famille en fait partie. À cause des positions politiques de son mari, dois-je refuser de recevoir une dame que j’ai toujours considérée comme ma mère et qui a su me le rendre depuis 2003 ? Ne pas accepter la visite de cette dame dans les bras de qui sont nés mes enfants, est contraire à ma culture. Je sais faire la différence entre mes rapports privés et mon engagement politique. Quand madame Kili était encore en prison en Côte d’Ivoire, au regard de mon éducation et de ma culture, je lui ai apporté mon soutien comme il se doit. A cette époque, mêmes bébés, mes enfants la visitaient à la MACA. Aujourd’hui, c’est moi qui suis en prison et c’est elle qui vient m’apporter son soutien : c’est humain ! Contrairement à ceux qui ne m’apprécient que quand mon personnage peut servir leur scénario, cette dame au moins s’intéresse à ma personne et s’évertue à faire comprendre à mes enfants qu’ils ne sont pas orphelins et que papa reviendra un jour auprès d’eux : c’est aussi cela être partenaires et appartenir à une famille. À l’époque, madame Kili s’est même mise au-dessus des nuages politiques qui étaient de notoriété publique entre son mari et moi pour préserver la relation familiale qui me lie à elle ; là où d’autres m’auraient purement rejeté. Plus récemment encore, dans les derniers moments avant mon transfèrement à la CPI, le 22 Mars 2014, elle était au nombre des personnes présentes au palais de Justice du Plateau. Je profite d’ailleurs de cette mise au point pour lui traduire ma gratitude pour toute cette marque d’attention maternelle. 

Dans la vie d’un homme politique, tout n’est pas que politique. Avant de faire la politique, nous sommes d’abord des êtres humains. En tout cas, telle est la conception que j’ai de la vie et des rapports entre êtres humains. Recevoir la visite de celle que je continue de considérer comme une mère n’a rien d’un soutien politique à son mari. Les auteurs d’une telle déduction courent le risque d’attirer des interrogations sur la rigueur de leurs analyses politiques. Le jour où une personnalité politique, quelle qu’elle soit, voudra solliciter mon soutien, je l’orienterai vers la direction de mon parti qui, après des discussions entre structures politiques, appréciera. 

Contrairement à ce qu’ont pu croire mes accusateurs, je ne suis pas une marionnette que l’on pend au bout d’un fils. J’ai des principes qui sont la boussole de ma vie et je me sens suffisamment outillé pour exprimer et expliquer mes convictions à n’importe quelle tribune, face à n’importe qui. C’est sûrement une des raisons qui expliquent ma déportation. C’est certainement aussi l’une des raisons pour laquelle des acteurs politiques emprisonnés par leur égoïsme, et perdant naïvement de vue l’enjeu collectif, œuvrent vainement à ma mort politique. 

Au regard de cette visite de famille dont l’on tente de se servir malicieusement pour en faire une exploitation politique, des interrogations fourmillent dans mon esprit depuis vendredi dernier et cela me donne à réfléchir.

A ceux qui se souviennent encore de ce que nous avons fait ensemble, je voudrais dire que le chemin à faire est encore long et sera certainement parsemé d’épreuves beaucoup plus douloureuses que celles d’aujourd’hui : ce sont les responsabilités que nous impose notre temps. Je puis vous rassurer que je marcherai toujours droit, digne, fidèle et attaché à mes convictions et à nos valeurs communes. Est-il besoin de rappeler que rien ne réussira à m’écarter de notre cause commune dont le Président Laurent reste le porte-étendard ? Mais au-delà, je me suis toujours battu pour demeurer moi-même et rester en harmonie avec mes propres principes de vie et ma conception du jeu politique. Je sais faire la différence entre mes rapports privés et mes engagements politiques. Je pense que nous devons faire la politique autrement. Les ivoiriens attendent mieux de leur classe politique. J’ai espoir que je reviendrai parmi vous pour qu’ensemble nous relevions ce défi. 

Chers ivoiriens, voici pour l’instant ce que je tenais à faire comme précisions pour ne pas laisser prospérer le mensonge, les faux complots et toutes ces caricatures fabriqués. C’est celle ou celui qui a de la compassion pour un prisonnier qui laisse de côté ses occupations quotidiennes pour cherche à le visiter.

Que Dieu nous bénisse et garde la Côte d’Ivoire.

Fait à La Haye, le 22 Aout 2015

Charles Blé Goudé 

Militant de base du COJEP

Source: Facebook