Depuis le mardi 17 mars dernier, l’école ivoirienne a fermé ses portes pour cause de Coronavirus. C’est l’une des mesures instaurées par le Gouvernement pour mieux lutter contre cette pandémie qui ne cesse de se propager à travers le pays. Avec cette mesure, ce sont des milliers d’élèves qui sont déscolarisés et qui, pour la plupart, se retrouvent du coup dans la rue. C’est sans doute pour colmater les brèches que le Ministère de l’Éducation Nationale, de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle (MENET-FP) a décidé, depuis le début de ce mois d’avril 2020, d’opter pour des formations à distance et en ligne via Internet ainsi que la Télévision et la Radio nationales. Un programme de cours à dispenser, dit-on, a été conçu à cet effet par les services techniques dudit Ministère. Cette première partie du projet prend en compte les élèves en classes d’examen (CM2, Troisième et Terminale). Les élèves des classes intermédiaires seront pris en compte progressivement. Belle initiative qui, si elle est appliquée correctement avec la participation effective des premiers concernés (les élèves), donnera probablement les résultats positifs attendus par les concepteurs de ce projet de sauvetage qu’ils ont pris soin de dénommer “Écoles fermées, cahier ouvert”. Comme on le voit, le souci de la Ministre Kandia Camara et ses collaborateurs est de faire d’une pierre deux “grands” coups : réussir à 100% ou presque, le confinement de l’ensemble des élèves du pays face à la menace permanente du Covid-19, et permettre à ces élèves d’être en contact permanent avec les études, de sorte à obtenir de meilleurs résultats, surtout aux examens de fin d’année. Ambition légitime pour le Ministère concerné. Qui, cependant, doit savoir qu’entre ambition et réalité, il y a bien souvent plus d’un pas difficiles à poser, à cause de tout élément qui s’apparente à un obstacle visible ou invisible. Ici, il s’agit des cours à dispenser à des apprenants adolescents issus de diverses couches sociales via Internet, la télévision et la radio. Alors questions : que fait-on des élèves et enseignants qui traînent déjà des lacunes en temps normal ? Qui sont ceux qui dispenseront ces enseignements par télé-radio ? Quels sont leurs profils réels ? Comment vérifiera-t-on l’assiduité des apprenants à suivre ces cours à distance quand on sait qu’il n’y aura pas d’évaluation ? Que fait-on des élèves qui résident dans des zones qui ont déjà des difficultés d’accès aux émissions de la radio et de la télévision nationales ? Est-on sûr que l’ensemble des élèves du pays auront la même chance d’avoir accès à l’outil informatique et savoir surtout l’utiliser ? N’est-ce pas une belle occasion donnée aux partisans du moindre effort de mieux peaufiner leurs stratégies et autres techniques de fraudes en vue d’aborder avec sérénité les examens de fin d’année comme ce fut le cas l’année dernière ? Ce sont des préoccupations parmi tant d’autres dont la résolution pourrait aider à garantir l’efficacité de la réalisation du projet “Écoles fermées, cahier ouvert” du Ministère de Kandia Camara. Tout ça, c’est trop long. De toutes les façons, la France, la tête pensante de la Côte d’Ivoire, n’est pas passée par quatre chemins pour prendre une décision ferme par rapport aux examens de fin d’année, en tenant compte de la crise sanitaire due à la pandémie de Coronavirus.

En effet, le Premier Ministre Édouard Philippe et le Ministre de l’Éducation Nationale Jean-Michel Blanquer, dans leurs déclarations des jeudi 2 et vendredi 3 avril derniers via visioconférence, ont été sans équivoque : “Cette année, ce sera un Bac qui ne ressemble à aucun autre. (…) Prolongé ou pas, le confinement instauré depuis le 17 mars pour lutter contre la pandémie de Coronavirus a rendu impossible la tenue des épreuves. (…) L’ensemble des épreuves du brevet (BEPC), du baccalauréat (BAC) sera validé en contrôle continu, en tenant compte des trimestres déjà effectués”. (À consulter sur “mobile.francetvinfo.fr). En clair, les différents jurys d’examen tableront essentiellement sur les notes ou les moyennes de classe pour décider de l’admission ou non des candidats. La Côte d’Ivoire qui, depuis un certain temps, a pris l’habitude de copier systématiquement tout ce que la France fait, ne tardera pas, certainement, à appliquer la même mesure. Ceci dit, pourquoi donc tergiverser en s’engageant dans une autre forme d’enseignement télévisuel de la période 1971-1982 qui, malheureuse- ment, avait très vite montré ses limites, en produisant de surcroît, plus de déchets que de bons grains. Alors cet autre “projet d’enseignement télévisuel”, à l’analyse, est une autre véritable aventure qui n’est pas loin d’être ambiguë. Toute chose qui amène à affirmer qu’ici en Côte d’Ivoire, à “l’École de leur Établissement”, on se débrouille toujours comme on peut, on se confine comme on veut, pour mieux vaincre le Coronavirus. Objectif, remplir les formalités avec le secret espoir de réaliser de meilleurs taux de réussite aux examens scolaires de fin d’année 2019-2020. Pourvu qu’on fasse plaisir à l’UNESCO, à la France et à la Communauté dite Internationale.

Patriotiquement Vôtre

Par Patrice GOÉ