Les récurrentes ventes illicites de terrains urbains en Côte d’Ivoire font de nombreuses victimes, souvent dupes de bonne foi. Il en est ainsi d’un Ivoirien vivant en France qui, las des roublardises d’une bande bien organisée qui sévit dans la Commune balnéaire de Port-Bouet, à Abidjan, a porté la forfaiture devant les autorités policières. Celles-ci n’ont pas hésité à mettre le grappin sur le sieur Aka Etienne, un Adjudant de l’armée ivoirienne à la retraite, ex-président de la Commission Foncière et financière du village de Petit-Bassam, dans la même Commune.
Celui à qui nous attribuons les initiales de K. G., Ivoirien résidant en France depuis de nombreuses années, attendait de se construire des maisons à Abidjan pour les siens, et préparer son retour imminent au pays. Des contacts en Côte d’Ivoire le mettent en relation avec des prétendus propriétaires terriens dans le sous-quartier de Gonzagueville, à quelques encablures de l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny. Bien entendu, ces vendeurs d’illusions sont constitués en une Entreprise fictive, dirigée par le nommé Koné Amadou alias Koné Amed, jeune Ivoirien d’origine Malienne, un ancien vendeur de friperie au marché du quartier jusqu’à la crise postélectorale en Côte d’Ivoire où il a pris les armes pour combattre le régime de Laurent Gbagbo. Avec le soutien de Me Dago Liza Séraphin, un ‘’agent d’affaires’’, se faisant passer pour Conseil juridique aux fins de la cause, ce jeune homme emballe l’ex-militaire, précédemment président de la Commission foncière et financière de Petit-Bassam tombé en disgrâce, et démis de ses fonctions par le chef du village en même temps que tous ses membres pour cause de mauvaise gestion.
Curieusement, au lieu de demander la clémence de l’autorité coutumière, Aka Etienne, Nandjui Aké Williams, ex-chef des notables lui aussi démis, Akossi Christian, natif du village résidant en Belgique et retourné au pays depuis quelques années, s’engouffrent dans une défiance. Ils multiplient les démarches auprès des autorités administratives et politiques afin de faire démettre le chef du village, détenteur de l’arrêté préfectoral de nomination et bénéficiant de la légitimité, sans succès. De guerre lasse, le groupe décide de saborder le travail de la chefferie, en multipliant les actes de sabotage des activités génératrices de revenus pour le village. Pire, ils s’allient à Koné Amadou, avec qui ils signent une convention de partage des 376 hectares de la parcelle de Petit-Bassam suite au déclassement de la forêt classée d’Abouabou. Sous le regard de Me Dago Liza Séraphin qui joue, à la fois, les rôles de Notaire, d’Avocat et d’Huissier dans un réduit du quartier qu’il baptise de siège de son Etude.
Avec ce document estampillé du cachet du ‘’Conseil juridique’’, les faussaires se partagent la propriété du village. Se croyant à l’abri des regards de la communauté villageoise qu’ils clamaient représenter, le ‘’chef de la bande’’, qui s’attribue le titre de Directeur générale d’une Entreprise immobilière, se met à la recherche d’acquéreurs à plumer. Et c’est l’ex-président de la Commission foncière et financière qui est commis à la signature des fausses attestations villageoises délivrées aux acquéreurs, loin de se douter que ce dernier que les documents sont frappés de nullité. Des sources policières indiquent qu’avec cette méthode frauduleuse, les faussaires ont vendu plus de 20 hectares, morcelés en 500 lots de plus de 500 mètres carrés chacun.
- G., arrivé au pays, entreprend des démarches auprès du ministère de la Construction afin d’obtenir l’Arrêté de concession définitive (l’ACD), nécessaire avant tout début de travaux de construction d’une maison en Côte d’Ivoire. Une fois en ce lieu, le pauvre homme tombe des nus lorsque les agents lui annoncent que les quatre attestations villageoises des lots acquis à plusieurs millions de francs Cfa, et signées du sieur Aka Etienne, sont nulles et de nul effet. Et que l’unique signature reconnue par le ministère n’est autre que celle du chef du village de Petit-Bassam, Gnagne Nimba Richard. La mort dans l’âme, il porte plainte à la Police économique, à Abidjan-Plateau. En l’absence de Koné Amadou et Dago Liza Séraphin en cavale, l’ex-militaire est interpelé, et écroué à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA), depuis bientôt un mois. En lieu et place des traces de 04 attestations villageoises qu’ils recherchaient, une perquisition que les fins limiers de la Police économique ont effectuée dans les locaux de leurs entreprises fictives a fait découvrir le pot au rose, une vaste vente illicite portant sur les lots quantifiés plus haut.
Aka Etienne attend d’être jugé pour escroquerie, faux et usage de faux en écriture et usurpation de titre.
Rappelons que le pensionnaire de la Maca avait déjà été en garde à vue de 48 heures à la Brigade de recherche de la Gendarmerie nationale, à Abidjan-Plateau, en compagnie de leur ‘’Conseil juridique’’. Ils avaient été relâchés grâce à la clémence des plaignants d’alors, après signature d’un engagement de ne plus entraver la bonne marche des activités du village initiées par la chefferie légale et légitime, en présence de leur Avocat, Me Bagnon Zaourou Léon.
Laurent Nahounou
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