Un article intitulé « Union de l’opposition pour des élections propres : Le pari gagné de Dr. Simone Ehivet Gbagbo » (CNC-MGC) posté le lundi 12 août 2024, sur la page Facebook de Simone Ehivet Gbagbo (https://www.facebook.com/search/top?q=simone%20ehivet%20gbagbo) [lien copié ce 13 août 2024, 07H10], qui attribue à Dr. Simone Ehivet Gbagbo la paternité de l’appel à l’union de l’opposition ivoirienne, soulève une question intéressante : doit-on vraiment chercher à identifier la source unique de cette initiative, ou cela ne risque-t-il pas de détourner l’attention du véritable enjeu, qui est l’avenir démocratique de la Côte d’Ivoire ? La recherche de la paternité ou de la maternité d’un tel appel est-elle une démarche productive, ou bien nous conduit-elle à un débat stérile qui pourrait finir par affaiblir l’opposition elle-même ? La question mérite d’être posée : s’immerge-t-on dans des querelles de leadership, ou émerge-t-on collectivement pour un combat politique plus large et plus décisif ?
L’analyse des deux premiers paragraphes de l’article révèle une tendance préoccupante à attribuer de manière excessive le mérite de l’appel à l’union de l’opposition à une seule personne, en l’occurrence Dr. Simone Ehivet Gbagbo. Cette approche pourrait en effet détourner l’attention des véritables objectifs de cet appel et compromettre l’efficacité de l’opposition dans son ensemble.
Premièrement, le risque de personnification excessive
Dans le premier paragraphe, l’auteur affirme que “le point de presse de ce vendredi 9 août 2024, à la maison du PDCI-RDA, est un pas majeur vers l’assainissement du jeu politique en Côte d’Ivoire. L’appel de Dr. Simone EHIVET GBAGBO, enfin entendu !”. Cette déclaration, en attribuant l’initiative et le succès de cette union uniquement à Dr. Simone Ehivet Gbagbo, risque de transformer ce mouvement en une question de leadership personnel plutôt qu’en un projet collectif. L’histoire politique ivoirienne a montré à plusieurs reprises que les alliances fondées sur des personnalités plutôt que sur des idées communes et des stratégies partagées ont souvent échoué à long terme.
Deuxièmement, la nécessité d’une approche collective
Le deuxième paragraphe souligne que Dr. Simone Ehivet Gbagbo a mobilisé la sympathie de toute l’opposition et tiré la sonnette d’alarme sur les élections organisées dans l’opacité. Si son rôle est indéniable, le fait de mettre l’accent uniquement sur sa contribution minimise l’importance des autres acteurs et des dynamiques collectives au sein de l’opposition. L’union pour des élections transparentes doit être un effort partagé, non seulement entre différents partis politiques, mais aussi avec les forces vives de la société civile. Réduire cet effort à une initiative personnelle, c’est risquer de créer des divisions internes et d’affaiblir le mouvement.
Un Combat qui Dépasse les Individus
Il est indéniable que Dr. Simone Ehivet Gbagbo joue un rôle crucial dans la dynamique actuelle de l’opposition ivoirienne. Son appel à l’union, exprimé à plusieurs reprises, a effectivement contribué à revitaliser une opposition qui peine depuis des années à s’organiser de manière cohérente et unifiée. Cependant, se concentrer sur la figure de Dr. Simone Gbagbo en tant que principale architecte de cet élan pourrait, paradoxalement, diminuer l’impact de ce mouvement en faisant de l’union de l’opposition une question de personne plutôt que de vision.
L’appel à l’union de l’opposition doit être vu comme un projet collectif, une initiative qui transcende les égos et les ambitions individuelles pour se concentrer sur un objectif commun : l’établissement d’un processus électoral transparent et équitable en Côte d’Ivoire. Ce projet ne doit pas être réduit à un affrontement entre ceux qui voient en Laurent Gbagbo le leader naturel de l’opposition, à travers son “Appel de Bonoua”, et ceux qui considèrent que Simone Gbagbo est l’instigatrice véritable de cette dynamique.
L’Union pour l’Émergence ou la Division pour l’Immersion ?
Chercher à attribuer le mérite de l’union de l’opposition à une seule personne, quelle qu’elle soit, c’est risquer de replonger dans des débats internes qui ont historiquement affaibli l’opposition en Côte d’Ivoire. La division et la fragmentation de l’opposition ont souvent été utilisées par le pouvoir en place pour maintenir son emprise, et il serait regrettable de voir cette histoire se répéter.
Au contraire, c’est en émergeant au-dessus de ces querelles de leadership que l’opposition ivoirienne pourra réellement peser sur le débat politique. L’union ne doit pas être un slogan vide de sens, mais un véritable engagement à travailler ensemble, sans chercher à savoir qui en tirera les lauriers. En ce sens, il est essentiel de dépasser les questions de paternité ou de maternité de l’appel pour se concentrer sur l’action collective, qui seule peut garantir le succès de cette entreprise.
Conclusion : Émerger pour un Avenir Commun
Plutôt que de s’immerger dans des débats sur qui a fait quoi, l’opposition ivoirienne doit se concentrer sur l’émergence d’une alternative crédible au pouvoir en place. Et, pour que l’opposition émerge véritablement en tant que force unifiée capable de peser sur les élections présidentielles de 2025, cela passe par une solidarité sans faille, un engagement commun pour des élections transparentes et une gouvernance démocratique, et aussi et surtout, une capacité à mettre de côté les querelles personnelles au profit d’une cause supérieure. Il est crucial d’éviter la tentation de personnaliser à outrance les initiatives collectives. Le succès de l’appel à l’union de l’opposition réside dans la capacité des différents acteurs à travailler ensemble, à reconnaître les contributions de chacun, et à se concentrer sur les objectifs communs. Ce n’est qu’en adoptant une approche collective et inclusive que l’opposition pourra éviter le piège de l’immergence et se positionner comme une alternative crédible et unifiée face au pouvoir en place. C’est seulement en émergeant ensemble que l’opposition pourra réellement influencer le cours des événements en Côte d’Ivoire.
Simplice ONGUI
Directeur de Publication
Afriqu’Essor Magazine
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