Patrice GOÉ

La situation sécuritaire devient de plus en plus préoccupante en Côte d’Ivoire avec l’entrée en jeu des djihadistes. Ces terroristes d’une autre nature, selon des sources sécuritaires dignes de foi, se sont signalés dans la nuit du Jeudi 11 au vendredi 12 Juin dernier à 3h du matin, dans le village de Kafolo (Sous-préfecture de Sikolo, Département de Kong, Région du Tchologo, Nord-Est à la frontière du Burkina Faso) où ils ont attaqué violemment le camp mixte (Militaires-Gendarmes). Le bilan est très lourd : 11 militaires et un Gendarme tués. Deux Gendarmes portés disparus et deux soldats blessés. Peu avant, le même jour (jeudi), aux environs de 21h, indiquent les mêmes sources, des individus non identifiés mais qualifiés d’assaillants se sont attaqués au village de Gbéya (Sous-préfecture de Mahandinani-Sokourani, Département de Kaniasso, Région du Folon, Nord-Est à la frontière du Mali). Bilan : deux éléments des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) ont été blessés. Notons que le 13 Mai dernier, dans le but de sécuriser les 1 116 kms de frontières entre la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et le Mali, les Forces militaires Ivoiro-Burkinabè ont mené une opération conjointe anti-terroriste dénommée “Comoé”. Bilan : huit Djihadistes présumés tués. 38 suspects arrêtés. Des armes saisis et une base de terroristes détruite systématiquement. Et comme la réponse du berger à la bergère, la riposte ne s’est faite attendre longtemps. Et les Djihadistes ont réagi énergiquement le Jeudi dernier. “Les enquêtes sont en cours pour déterminer la nature, les circonstances et le bilan définitif de cette attaque”, avait déclaré dans un communiqué, l’État-Major des armées ivoiriennes dirigé par le Général Lassana Doumbia. Pour sa part, le Ministre d’État, Ministre de la Défense est allé plus loin : “Nos Forces sont déjà arrivées en renfort sur la zone et nous avons commencé les ratissages”, a annoncé M. Hamed Bakayoko. Avant de poursuivre : “Il n’y a pas mille causes à un attentat terroriste. C’est semer la terreur. C’est détruire des vies. C’est désorganiser les États. C’est de faire face. Et nous allons nous organiser pour faire face. (…) J’en suis sûr de neutraliser ceux qui ont fait cela. (…) Vous allez voir dans les jours qui suivent, la réponse sera à la hauteur de cette attaque”, a rassuré Hamed Bakayoko, Ministre d’Etat, Ministre de la Défense. Il est à relever que l’attaque du Jeudi dernier, selon des sources complémentaires, s’est produite dans la même zone que l’opération anti-djihadistes. En outre, la présence des djihadistes dans cette enclave avait été repérée depuis plus d’un an. Et selon certaines indiscrétions, l’attaque terroriste du Jeudi dernier était prévisible, surtout que ces terroristes, depuis plusieurs mois déjà, opèrent des mouvements suspects dans la zone signalée plus haut. Soulignons qu’après l’attentat de Grand-Bassam (13 Mars 2016) qui a fait 19 morts dont 16 civils et trois militaires, ainsi que 33 personnes blessées, la Côte d’Ivoire a renforcé son dispositif militaire grâce à la coopération française. Ce qui a abouti à l’ouverture en Novembre 2019, d’une école anti-terroriste basée à Jacqueville (Région des Grands Ponts). Cette école dénommée Académie Internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT), d’après des informations disponibles sur Internet, prend en compte trois piliers essentiels dont un grand camp d’entraînement qui dispose “d’infrastructures spécifiques”, où l’encadrement de tous genres est assuré en grande partie par des experts européens bien outillés en matière de lutte contre le terrorisme en général et contre la menace djihadiste en Afrique en particulier.

Rappelons que le Président Henri Konan Bédié (PDCI-RDA), ayant flairé le danger, avait déjà tiré la sonnette d’alarme le 7 Juillet 2019 en ces termes : “On fait venir des étrangers armés qui sont stationnés maintenant dans beaucoup de villages sous le couvert d’orpaillage”, avait-il signalé. Pour le journaliste-écrivain Antoine Glaser interrogé par ” DW, actualités africaines”, “Déjà on voyait une certaine inquiétude du côté de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso. Les deux armées avaient conduit des opérations récemment et qui montraient une certaine inquiétude sur cette frontière du Burkina Faso qui est maintenant le maillon faible de la région”, a relevé Antoine Glaser, présenté comme un des nombreux experts de la Françafrique. Par ailleurs, à notre humble niveau, nous n’avons cessé de tirer la sonnette d’alarme, depuis le mois de Décembre 2019 jusqu’à ce jour. Et ce, à travers des publications spéciales sur les réseaux sociaux : ” Côte d’Ivoire : Connaître (comprendre) le Djihadisme et préparer la paix pour demain”. Notre dernière publication consacrée à ce sujet préoccupant date du Mardi 26 Mai 2019, avec comme titre : “Côte d’Ivoire : la menace djihadiste à prendre aux sérieux”.

Avec tous ces faits évoqués dont les gouvernants devraient tirer suffisamment profit, l’on est aujourd’hui à se demander qu’est-ce qui n’a pas marché pour qu’on en arrive là.

Il faut souligner que la crise sanitaire due à la pandémie de Coronavirus que connaît le monde entier continue de sévir dans le pays.

L’élection Présidentielle en Côte d’Ivoire, c’est dans quatre petits mois. La CPI vient de libérer le Président Laurent Gbagbo et le Ministre Charles Blé Goudé qui, selon des sources officielles, s’apprêtent à retourner en Côte d’Ivoire, leur pays. Devant toutes ces situations d’extrême importance, quelle est la priorité de l’État de Côte d’Ivoire ? A qui profite la situation d’insécurité dans le pays ? Les supputations vont bon train au sein des populations. Et des réponses claires et judicieuses pourraient situer l’opinion et sauver la nation.

Patriotiquement Vôtre

Patrice GOÉ