En tournée de mobilisation et d’implantation du Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), le 1er vice-président Exécutif chargé de l’Implantation du nouvel instrument politique de Laurent Gbagbo, Stéphane Kipré, a été interdit de tenir son meeting à l’étape de Kani dans la région du Worodougou, au Nord-Ouest du pays. Peu ou prou le Nord de la Côte d’Ivoire apparaît donc, comme une zone grise ou un sanctuaire impénétrable pour l’opposition ivoirienne.
En tournée dans le Worodougou depuis le mercredi 15 février 2023, sous l’invitation de la coordination régionale du PPA-CI de la région, Stéphane Kipré a dû surseoir à la tenue de son meeting dans la commune de Morondô, précisément dans le village de Tiesso dans le département de Kani. Et ce, en raison de l’hostilité agressive de plusieurs jeunes du village, qui ont vivement protesté contre la présence de la délégation du PPA-CI et semé le chaos afin de faire annuler le meeting programmé par la coordination régionale du parti de Laurent Gbagbo.
Confronté à une violence inouïe et injustifiée, en ces temps où les discours et les actes sont orientés vers la paix et la réconciliation nationale, Stéphane Kipré a regretté l’attitude peu républicaine et démocratique de la jeunesse de Tiesso et a dénoncé l’attitude des cadres du RHDP du Worodougou qui rament selon lui, à contre-courant du processus de réconciliation nationale porté et orienté par le président Alassane Ouattara.
« Nous y avons trouvé plusieurs de nos militants molestés et pris à partie, ainsi que des dégâts matériels importants. L’agitation, les menaces physiques et les injures ne nous ont pas empêché de passer notre message malgré l’atmosphère délétère » a t-il affirmé très tôt dans la soirée du vendredi 17 février 2023, sur sa page facebook.
À la veille donc des élections locales d’octobre et de novembre 2023, la problématique de la liberté d’expression et de mouvement de l’opposition dans certaines parties du pays, reste entièrement posée, étant donné que plusieurs militants du RHDP entendent depuis peu, vaille que vaille empêcher l’opposition ivoirienne, notamment le PPA-CI de tenir ses meetings dans le cadre de son implantation et de la remobilisation de ses militants.
L’épisode de Tiesso, après celui d’Adzopé survenu en décembre dernier, apparaît comme un indice indiquant clairement que la réconciliation nationale prônée par les autorités du pays reste une vue de l’esprit et difficile à se matérialiser dans un pays où les populations se regardent en chien de faïence.
A en croire certains observateurs du marigot politique ivoirien, la réconciliation nationale est ardemment désirée par une certaine opposition tétanisée et paumée au sortir des événements postélectoraux de 2011 et qui garde le secret espoir de revenir aux affaires par la seule voie des élections crédibles dans le pays, tandis que plusieurs militants du parti au pouvoir, dans une morgue indescriptible et dans une posture revancharde sapent les efforts du Gouvernement ivoirien, qui pourtant, s’évertue au quotidien à reconstruire la paix et à promouvoir le « vivre ensemble ».
« Je reste cependant convaincu que le chef de l’État Alassane Ouattara n’est pas informé de tels agissements des cadres de son parti, vu les actes de décrispation politique qu’il pose depuis un moment » a indiqué Stéphane Kipré avant d’inviter le RHDP à se désolidariser de certains agissements d’un autre âge et « invite le chef de l’État à interpeller ces cadres qui vont à contre-courant de la dynamique de paix et de réconciliation amorcée par nos dirigeants politiques depuis le retour, en Côte d’Ivoire du président Laurent Gbagbo. »
Poursuivant, Stéphane Kipré a laissé entendre qu’il « reste persuadé que notre pays mérite d’aller de l’avant et que la violence doit être totalement extirpée du débat politique ».
Mais là où le bât blesse demeure l’éducation citoyenne des Ivoiriens, encore habités par la haine, l’esprit de vengeance, l’hypocrisie et l’analphabétisme politique. L’ignorance de chérir la paix et de s’approprier le processus de réconciliation nationale pour une paix effective, devant conduire a priori à un développement harmonieux et inclusif, habite encore malheureusement, de milliers d’Ivoiriens, manipulés par des cadres politiques orgueilleux, assoiffés de gloire, de leadership et de domination territoriale.
Et pourtant, la formation politique et citoyenne des militants des différentes formations politiques ivoiriennes, avec en prime l’humilité des « vainqueurs » de la crise postélectorale de 2011, la libération définitive des prisonniers politiques et militaires , la tenue d’élections crédibles et inclusives, le respect des normes du pays et la tenue de discours « polis », rassembleurs et constructifs sont des soupapes pour une Côte d’Ivoire réconciliée, stable et paisible.
Sans nul doute, la marche vers une réconciliation nationale en Côte d’Ivoire est parsemée d’embûches et, seuls les cœurs « désarmés » et les esprits enclins à la paix et au « vivre ensemble » pourront changer le cours de l’histoire de ce pays qui reste en sourdine profondément déchiré et divisé avec des formations politiques qui n’ont d’yeux que la conquête et l’exercice du pouvoir d’État.
Adingra OSSEI (Correspondant)/