Edipresse, la société de distribution des journaux ivoiriens, est accusée d’être en grande partie responsable des maux de la presse ivoirienne
En Assemblée générale le jeudi 25 mai 2023 à son siège dans la commune d’Adjamé, le Groupement des éditeurs de presse de Côte d’Ivoire (GEPCI), a levé la voix contre la Société Edition, distribution de presse (Edipresse) avant d’annoncer qu’il n’y aura pas de « parution des journaux en physique et en numérique et pas de couverture médiatique de toutes les activités » du 06 au 08 juin 2023.
Réunis en Assemblée générale extraordinaire, les patrons de presse de Côte d’Ivoire, ont dans un communiqué final annoncé des journées presse morte les 6,7 et 8 juin 2023, pour dénoncer la mévente de leurs journaux, réclamer le paiement intégral des arriérés dus aux éditeurs et exiger la présence des représentants du GEPCI dans les organes de décision d’Edipresse.
Aussi, exigent-ils qu’Edipresse mette à leur disposition la cartographie de son réseau de distribution si elle entend toujours continuer à distribuer les journaux ivoiriens et, que la société de distribution, mette également en place une force de vente ; et demande par ailleurs, une subvention d’équilibre et une subvention pour l’impression ou un abonnement.
Journées presse morte les 6,7 et 8 juin 2023, pour dénoncer la mévente de leurs journaux, réclamer le paiement intégral des arriérés dus aux éditeurs et exiger la présence des représentants du GEPCI dans les organes de décision d’Edipresse.
Précisément selon le communiqué final de l’Assemblée générale, « Edipresse doit mettre à la disposition des Éditeurs, la cartographie complète des points de vente des journaux sur le territoire national, il doit intégrer dans son fonctionnement un département marketing et commercial pour le suivi et l’encadrement des revendeurs des journaux. Sur la question de l’aide publique à la presse, des propositions ont été faites à destination de l’ASDM pour l’octroi d’une subvention d’équilibre aux entreprises de presse, demande d’une subvention à l’impression ou abonnement à la publicité institutionnelle ».
Après analyse et échanges autour de la question relative à la mévente des journaux ivoiriens, Lassane Zohoré, président du GEPCI, a directement pointé du doigt Edipresse, avant d’annoncer que du 6 au 8 juin 2023, les journaux ne paraîtront pas en PDF et dans les kiosques à journaux.
« Du 6 au 8 juin 2023, nous allons faire une journée presse morte. Après analyse de la situation de mévente des journaux, les éditeurs sont unanimes pour dire que c’est la société de distribution Edipresse qui est à la base de tous les problèmes. Il faut donc mener une action vigoureuse, ensemble, contre cette société. Durant cette période, il n’y aura parution des journaux en physique et en numérique et pas de couverture médiatique de toutes les activités », a persisté Lassane Zohoré, le président du GEPCI, qui a par suite relevé aux éditeurs de presse présents que « la force d’un distributeur, c’est la densité de son réseau et sa force de vente. Deux qualités qu’Edipresse n’a plu, malheureusement ».
Les patrons de presse, entendent créer une structure de distribution indépendante
Rappelons que la tenue de l’AGE du GEPCI, fait suite d’un courrier polémique qu’Edipresse a individuellement envoyé aux différents patrons de presse du pays le 30 mars dernier et, dans lequel, elle dit envisager revoir à la baisse la quantité des journaux à imprimer, en raison de certaines difficultés auxquelles elle est confrontées.
Pour sa part, Lassane Zohoré, revenant sur la teneur du courrier, ainsi que sur sa forme d’émission, soutient très amer que « le fait d’envoyer de tels courriers à nos membres sans consulter notre organisation est un manque de considération et dissimule des intentions inavouées que nous soupçonnons depuis un certain temps. » et, « face à cette approche méprisante, le GEPCI proteste vigoureusement contre les mesures unilatérales que vous avez prises et exige, conformément aux accords commerciaux qui vous lient aux éditeurs, que vous preniez toutes les mesures nécessaires pour distribuer tous les titres et leur qualité qui vous sont mis à disposition ».
Par ailleurs, les patrons de presse, entendent créer une structure de distribution indépendante, en cas de non intégration des représentants du GEPCI dans les organes de décision d’Edipresse.
Soulignons qu’à l’instar de toutes les presses du monde, notamment en Afrique, la presse Ivoirienne fait face à de nombreuses difficultés qui sapent énormément son fonctionnement et son indépendance véritable.
Et, Edipresse, la plus ancienne société de distribution des journaux ivoiriens, est accusée d’être en grande partie responsable des maux de la presse ivoirienne, étant donné qu’elle peine toujours à remplir sa part de contrat qui consiste à imprimer, distribuer et à vendre les journaux des entreprises de presse sur l’ensemble du territoire national.
En attendant des solutions salvatrices aux maux qui assaillent et accablent les entreprises de presse du pays, la mévente des journaux Ivoiriens est prégnante et demeure une véritable épine à la survie des rédactions écrites, qui s’en remettent impuissamment à Edipresse, laquelle est dans l’incapacité d’imprimer, éditer et de ventiler en quantité les journaux Ivoiriens.
Au regard de l’évolution technologique et des exigences du marché médiatique, la presse écrite ivoirienne ne doit-elle pas amorcer sa mutation vers le digital ?
Adingra OSSEI (Correspondant)