Que se passe-t-il au sein du RHDP, le Rassemblement au pouvoir de cinq partis dont le RDR et le PDCI, en Côte d’Ivoire ? Le week-end dernier, à Yamoussoukro, des cadres du PDCI de l’ancien président Henri Konan Bédié, comme Jean-Louis Billon, l’ont appelé à briguer la présidence en 2020. Le PDCI assure avoir accordé en 2014 son soutien à Ouattara en échange d’une promesse de soutien du RHDP à un candidat issu du PDCI en 2020. La promesse sera-t-elle tenue ? Sinon, le PDCI va-t-il désigner un candidat à la présidentielle issu de ses rangs ? L’avenir du RHDP en tant que parti unifié est-il remis en cause ? Ira-t-il à l’élection en ordre dispersé ? Entre Ouattara et Bédié, la guerre est-elle ouverte ? Ouattara va-t-il se représenter ? Mamadou Touré, secrétaire d’Etat chargé de la Formation professionnelle et porte-parole du RDR, répond à RFI.
RFI : A Yamoussoukro, Jean-Louis Billon, porteur de la voix d’Henri Konan Bédié avait été très clair. Le PDCI en 2020 ne se sabordera pas et présentera son candidat à la présidentielle.
Mamadou Touré : Je ne sais pas si à Yamoussoukro Jean-Louis Billon était porteur de la voix d’Henri Konan Bédié. Mais cette position est totalement contraire à celle exprimée par le porte-parole officiel du PDCI, le ministre Kobenan Kouassi Adjoumani, qui considère que c’est une position personnelle de Jean-Louis Billon et qui n’engage pas le parti PDCI.
N’êtes-vous pas un peu coincé par le chantage actuel de votre « allié » ? Est-ce une guerre des chefs ? Le PDCI fait-il monter les enchères ?
Je pense qu’il faut relativiser et nuancer. Depuis 2010, et même un peu avant, différents partis politiques en Côte d’Ivoire sont traversés par des courants. Vous prenez le FPI, le PDCI, et même au sein du RDR, avant le congrès de notre parti, il y a eu quand même quelques sensibilités qui se sont exprimées et ces courants ne peuvent pas être la voix officielle de nos partis politiques.
Il faut s’en tenir aux voix officielles. Toutes les déclarations officielles du président Henri Konan Bédié sont allées dans le sens de la consolidation de notre alliance. Il a répété à Daoukro sa volonté de voir le parti unifié se mettre en place. Tous les communiqués officiels de nos partis politiques vont dans ce sens. D’ailleurs, vous verrez que pour les élections sénatoriales qui auront lieu dans deux semaines, au-delà des polémiques qui naissent en notre sein, qui peuvent être aussi le reflet de débats démocratiques, l’essentiel est que nous avons acté d’aller à ces élections sénatoriales en RHDP. Et je pense qu’il faut regarder à l’essentiel.
Il y a des listes uniques pour ces élections du 24 mars ?
Ce qui matérialise notre volonté commune de renforcer notre alliance et donc de garantir la paix et la stabilité à notre pays pour un long terme.
Le RHDP va certainement rafler tous les sièges aux sénatoriales. Le FPI, d’opposition, a annoncé ne présenter aucune liste. Après ce succès annoncé, on peut s’attendre à ce que l’on pourrait appeler des embrassades entre Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, des retrouvailles véritables ?
Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié ne sont jamais séparés. Il y a des ambitions personnelles qui s’expriment, faites de cadres issus de nos différents partis politiques, mais cela ne peut pas l’emporter sur la volonté commune de ces deux chefs de garantir la paix et la stabilité à ce pays.
Il y aura, effectivement, un parti unifié avant l’élection présidentielle de 2020 ?
Il y aura un parti unifié. Il faut juste être un peu patient.
L’accord dit secret de Daoukro sera-t-il respecté ?
Il n’y a pas d’accord secret de Daoukro. L’appel de Daoukro, si nous devrons le résumer à notre sens, est un appel à la paix, à la stabilité. Et un appel, donc, au développement de la Côte d’Ivoire.
En clair, ce parti unifié constitué avant 2020 peut-il porter à la présidentielle un ancien PDCI ou pas ?
Nous estimons que ce débat est prématuré. Ce qui intéresse nos concitoyens ce n’est pas qui sera président en 2020. Ceci étant, nous avons estimé, au niveau de nos partis politiques, que ce débat relevait des prérogatives des deux chefs d’Etat.
Le RHDP, le parti unifié, peut-il effectivement porter à la présidentielle un ancien PDCI ?
Le président Alassane Ouattara a souhaité que, pour la suite, le meilleur cadre du RHDP puisse lui succéder un jour à la tête de ce pays. Mais ce meilleur cadre du RHDP peut être issu de l’UDPCI, du MFA, du PIT, du PDCI ou du RDR.
Alassane Ouattara peut se représenter en 2020 ? Le fera-t-il ?
Alassane Ouattara aujourd’hui est préoccupé par le quotidien de ses concitoyens. A la tête d’un gouvernement RHDP, il travaille pour régler les défis sécuritaires et économiques. Alassane Ouattara, pour l’heure, a beaucoup de choses à faire et ce qui le préoccupe aujourd’hui, ce sont ses concitoyens.
Si son bilan est positif, se représentera-t-il ?
Le débat aujourd’hui n’est pas à ce qu’il se représente ou pas. Je vous dis que pour l’heure ce qui préoccupe le président Ouattara, c’est vraiment son bilan. Ce qu’il laissera à la Côte d’Ivoire, c’est un pays prospère, où l’égalité des chances est une réalité. Une Côte d’Ivoire où, en dix ans, il aura amélioré de façon substantielle les conditions de vie de ses concitoyens. C’est le plus gros défi qu’il a aujourd’hui. Et nous sommes une équipe soudée autour de lui, au niveau gouvernemental du RHDP, pour l’aider à réaliser cela.
Tout reste ouvert pour 2020 ?
2020 sera discuté par Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié. Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié se retrouveront au moment opportun et décideront donc du meilleur schéma possible pour 2020. Pour l’heure, nous agissons pour nos concitoyens.