Organisation des dozos sur le territoire national
(Notre Voie, 3 Avril 2013) – Les chasseurs traditionnels de la confrérie dozo ont été officiellement reconnus par le pouvoir Ouattara comme une milice œuvrant pour l’actuel régime. Le ressort territorial de leur organisation couvre toute l’étendue du territoire national de Côte d’Ivoire. C’est le ministre d’Etat Hamed Bakayoko, ministre de l’Intérieur, qui s’est chargé, lui-même, de rédiger la mouture de leur nouvelle organisation dénommée Binkadi Vandougou. Selon, le quotidien gouvernemental Fraternité Matin qui rapporte les propos de Daniel Bamba Cheick, directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur, en mission, le 28 mars dernier, à San Pedro, la structuration de l’association des dozos épouse parfaitement celle des organes de l’administration territoriale de la République de Côte d’Ivoire. «Le Binkadi Vandougou sera dirigé par un ancien de la confrérie, désigné sur une base consensuelle par les dozos euxmêmes. Il sera structuré par paliers sur le territoire national. A ces différents paliers, des responsables seront désignés pour représenter le chef central», indique le journal dans son édition d’hier mardi 2 avril 2013. Il explique que l’Etat de Côte d’Ivoire a décidé d’agir ainsi pour mettre de l’ordre dans cette confrérie au sein de laquelle cohabiteraient de vrais et de faux dozos. La mission du directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur à San Pedro, précise Fraternité Matin, entre dans le cadre du séminaire des 12 et 13 mars sur le programme de travail gouvernemental 2013 (Ptg) pour l’amélioration de la sécurité, le renforcement des capacités de la police, le règlement de la question du désarmement et de la réinsertion des ex-combattants et la réorganisation de la confrérie dozo. Et le confrère de souligner que Binkadi Vandougou est créé sur la base de la loi de 1960 relative aux associations. L’aboutissement d’une réunion tenue le 13 décembre 2012, à Korhogo, au cours de laquelle les dozos avaient admis la création d’une organisation unique. Mais, à la vérité, l’idée de la naissance du Binkadi Vandougou remonte à avril 1993. Un séminaire d’information et de sensibilisation sur la contribution des collectivités locales et les chasseurs traditionnels à la gestion de l’environnement dans le nord-ouest de la Côte d’Ivoire, organisé à Kaniasso, dans le département d’Odienné, demandait déjà, à l’époque, la reconnaissance officielle des dozos. Le Centre africain de protection environnemental et pour l’assistance dit Ong Afrique environnementale, initiateur de la rencontre, était dirigé par feu l’ambassadeur Inza Fanny. Frère du maire de Bouaké, Ibrahima fanny. C’est justement depuis cette date que les chasseurs traditionnels dozos ont commencé à descendre vers le sud du pays.
La mise en place d’une organisation unique pour les chasseurs dozos n’est, en réalité, qu’un prétexte pour officialiser leur installation sur toute l’étendue du territoire national. Particulièrement dans les zones ouest, sud et est du pays. Des régions dont les populations sont aujourd’hui encore soupçonnées par les pro-Ouattara, d’être toujours attachées à la personne du président Laurent Gbagbo et à ses idées. Alassane Ouattara veut les y maintenir comme des gardiens de son pouvoir parce qu’il attend les élections présidentielles de 2015 qu’il veut gagner par tous les moyens. Le Binkadi Vandougou devient ainsi la 2ème milice tribale officielle de Côte d’Ivoire après celle du Pdci-Rda sous Houphouët qui était aussi une organisation tribale. Elle était composée en majorité de militaires d’origine baoulé. A la faveur du retour au multipartisme, le 30 avril 1990, cette dernière a disparu pour faire place à la Garde républicaine. Mais, contrairement au vieux parti qui avait cantonné sa «force militaire» à Treichville et à Yamoussoukro, village natale du président Félix Houphouet-Boigny, les dozos d’Alassane Ouattara vont avoir pignon sur rue sur tout le territoire national. Et c’est cela qui est à craindre. Généralement illettrés, les dozos règnent par la terreur et l’intimidation pour imposer leurs idées. Ils ne connaissent que le langage et la force des armes. On l’a vu au lendemain de la prise du pouvoir par M. Ouattara, le 11 avril 2011. Déversés par milliers dans les zones forestières de l’ouest et du sud, ils ont exercé des exactions multiples sur les paisibles populations rurales. Et, quand le directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur déclare à San Pedro que «l’avènement du Binkadi Vandougou signifie simplement que les associations préexistantes qui n’avaient aucun fondement juridique sont, de facto, dissoutes. Celui qui se réclamera d’une quelconque autre organisation ou en vendra des cartes d’adhésion sera considéré comme hors-la-loi et subira toute la rigueur de la puissance publique», il apporte simplement la preuve que le pouvoir Ouattara a jusque-là utilisé abusivement son armée tribale sans aucune base juridique légale. Les chasseurs de la confrérie dozo sont, en vérité, les supplétifs des ex-forces rebelles devenues, par la suite, les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) pour asseoir le pouvoir d’Alassane Ouattara. Avec l’appui, évidemment, des forces armées onusiennes et françaises.
Robert Krassault ciurbaine@yahoo.fr