Le président Ahizi Daniel exfiltré

 Ahizi-Daniel

Le Parti ivoirien des travailleurs (Pit) présidé par Dr Ahizi Aka Daniel, a tenu le samedi 16 mai dernier, une réunion avec les secrétaires généraux des fédérations et des responsables de délégations à son quartier général (Qg) à Adjamé dans des conditions plus que difficiles. Au cours de cette réunion, qui a débuté à 11h, sous des bâches installées à l’entrée du Qg, le successeur du Pr Francis Wodié est revenu sur les conclusions du comité central du parti qui s’est tenu le dimanche 10 mai dernier. Dr Aka Ahizi a annoncé la décision du Comité central d’exclure temporairement les ”camarades” Séka Séka Joseph, Kouablan François et Kouassi Kouadio Mermoz. Ce, pour agissements relevant non seulement du déni de démocratie et d’indiscipline avérée, mais aussi qui ternissent gravement l’image du Pit. A peine le discours du président terminé, des secrétaires généraux de fédérations prennent la parole pour marquer leur désaccord avec la mesure prise à l’encontre de ces cadres. Selon Marcellin Kouamé, membre de la fédération de Toumodi, en 2010, Ahizi Aka Daniel avait appelé à voter aux élections présidentielles pour l’ex-président Laurent Gbagbo. Cependant, aucune mesure d’exclusion n’avait été prise contre lui. Aussi se demande-t-il la raison pour laquelle ce dernier décide d’exclure des cadres du Pit qui appellent à soutenir le candidat du Rhdp, Alassane Ouattara. Marcellin Kouamé n’avait pas fini son discours qu’un groupe d’individus surgit de nulle part et décide de mettre fin à la rencontre de façon brutale. Ils se mettent à vandaliser les lieux, faisant voler en l’air chaises et tables dressées pour la cérémonie, renversant tout sur leur passage. Tandis que certains parmi eux s’attellent à démonter les bâches abritant la rencontre. L’ambiance devient électrique. S’ensuivent des échauffourées entre ces vandales et des partisans du président Daniel Ahizi Aka, dont l’un, blessé à l’arcade sourcilière, commençait à saigner. C’est la débandade au Qg du parti des travailleurs, où chaque militant cherche un endroit pour se mettre à l’abri. Le président du Pit, lui, trouve refuge à son bureau, escorté par les policiers présents sur les lieux. Le détachement de police composé de 3 agents, chargé de veiller au bon déroulement de la réunion, est très vite débordé par les vandales surexcités qu’ils n’arrivaient pas à canaliser. Ne pouvant accéder au président du parti à qui ils criaient ”vouloir lui régler les comptes”, ils ont recours à des projectiles pour tenter de briser des vitres du siège. Après un grand remue-ménage, ce groupe de jeunes se décide à partir. Marcellin Kouamé, qui participait aussi à la destruction du matériel mobilisé pour l’occasion, est rattrapé par les partisans de Daniel Ahizi Aka et remis au renfort de la police arrivé peu après. Le calme revenu, le président du Pit a accordé un entretien à la presse. Il a déploré la violence perpétrée par ses adversaires. Pour lui, ceux qui sont à la base de cette situation sont ceux qui ont été sanctionnés, c’est à dire. Séka Séka Joseph, Kouablan François et Kouassi Kouadio Mermoz. Car, soutient-il, ces ”camarades” n’admettant pas la sanction, «ils ont commis leurs bras armés, des pit-bagareloubards pour venir perturber et casser même les chaises et le matériels qui sont de location». Ahizi Aka Daniel a fait savoir qu’avant le début de la cérémonie, des militants et lui avaient reçu des sms appelant à venir perturber la réunion. Raison pour laquelle le service de la police avait été commis pour sécuriser les lieux. «Malheureusement, a-t-il dit, on nous a envoyé un détachement qui n’a pas été à la hauteur de la situation». Le président du Pit dit avoir pensé être dans un parti qui a toujours des valeurs, qui a toujours prôné la concertation pour trouver des solutions sans passer par la violence. Malheureusement, il reconnaît que sa formation politique est traversée par un courant de violence qui amène certains d’entre eux à ne plus savoir discuter. «Puisque la violence semble payer dans ce pays, il y en a qui s’y adonnent facilement », s’est-il indigné. Pour lui, «les gens ont une conception patrimoniale des postes et même du parti. Ils ont fini par penser que c’était leur chose et qu’ils ne pouvaient pas partir. Ainsi, une fois qu’ils ont été battus ils sont tombés dans la dissidence, systématiquement ». «La voie qui nous reste, c’est peut-être de saisir les tribunaux», a dit Ahizi Aka Daniel. Selon lui, quand la violence s’exprime de cette façon, il ne faut pas laisser cela prospérer. «Il faut tout de suite tuer la chose. Au sein d’un même parti, voilà ce qui se passe. Si rien n’est décidé, qu’est-ce que ça va être pendant la campagne ?» s’est-il indigné. Pour terminer, il a fait savoir que la direction du parti va se réunir rapidement et voir la démarche à suivre. Notons qu’après, la réunion a repris son cours au sein du siège sécurisé par la police.

Miriame COULIBALY (Stg)

Source: L’Inter N°5079 du Lundi 18 Mai 2015