Interpellés le 24 février 2023, les 26 militants du PPA-CI inculpés par le Procureur de la République et placés sous mandat de dépôt à la MACA le 27 février 2023, ont été jugés le 09 mars dernier au Palais de justice d’Abidjan et condamnés à 2 ans d’emprisonnement ferme pour « trouble à l’ordre public ». Le PPA-CI, dénonce « l’instrumentalisation de l’appareil judiciaire à des fins politiques »
Arrêtés le 24 février 2023, alors qu’ils s’étaient mobilisés pour partir soutenir le Secrétaire général du PPA-CI, Damana Adia Pickass, qui répondait à une convocation du juge d’instruction du 10èm cabinet en charge de la cellule spéciale d’enquête et de lutte contre le terrorisme, dans l’affaire de l’attaque du 2èm bataillon projetable d’Anoukoua Kouté, situé dans la commune d’ Abobo, le 21 avril 2021, ce sont au total 26 militants du nouvel instrument politique de Laurent Gbagbo, le PPA-CI, qui ont été reconnus coupables et condamnés à 2 ans d’emprisonnement ferme, pour « trouble à l’ordre public », au moyen des dispositions pénales du chapitre 4 du code pénal ivoirien, relatif aux infractions contre la paix et la tranquillité publique.
Déplorant l’absence d’éléments matériels tangibles , devant fonder la décision du Tribunal, Me Tapi Dacouri Sylvain, l’avocat de la Défense, s’est offusqué et laissé entendre que « c’est une déception parce que tout au long des débats, les actes pour lesquels, ils ont été poursuivis, rien n’a été établi » et d’ajouter que « c’est inacceptable, je n’ai jamais vu qu’on puisse condamner quelqu’un à une peine de prison sans qu’il y ait eu d’infraction pénale. Toutes les personnes condamnés sont du PPA-CI, c’est une personne qui ne s’est pas réclamée du PPA-CI.»
Dans la même veine, le PPA-CI a dans un communiqué rendu public le 10 mars 2023, qualifié d’arbitraire la décision de justice en indiquant que « cette décision de justice arbitraire porte gravement atteinte à la loi fondamentale de la Côte d’Ivoire qui prescrit la liberté de réunion et de manifestation pacifique ».
La condamnation des 26 militants du PPA-CI, diversement interprétée par l’opinion publique et sévèrement critiquée par l’opposition ivoirienne, suscite des interrogations quant à l’effectivité de la démocratie dans le pays et du respect des principes des libertés publiques consacrées par la constitution ivoirienne en vigueur depuis le 8 novembre 2016.
Pour le PPA-CI, « cette condamnation vient rallonger inutilement la liste des prisonniers d’opinion dans notre pays depuis 2011, et ne contribue nullement à créer et à entretenir un climat de paix et de cohésion dans notre pays. »
À la veille donc des élections locales prévues dans huit mois, tout semble être mis en place par le parti au pouvoir, le RHDP, pour museler davantage l’opposition ivoirienne, beaucoup trop critique et prolixe concernant la gouvernance du Gouvernement, de plus en plus dépeinte comme approximative et dictatoriale, à en croire bien entendu, l’opposition ivoirienne, à chacune de ses sorties.
Dans la crainte, d’une insidieuse instrumentalisation de l’appareil judiciaire du pays à des fins politiques contre l’opposition ivoirienne, dont les militants sont constamment interpellés, les ivoiriens, craignent une détérioration du climat politique et social, à la veille des prochaines élections locales, prévues en octobre et novembre prochain, lesquelles, représentent un enjeu capital pour les formations politiques engagées dans la course aux élections présidentielles de 2025.
La condamnation à 2 ans d’emprisonnement ferme, des 26 militants du PPA-CI, qui se sont pacifiquement mobilisés pour apporter leur soutien à Damana Pickass, n’est-elle pas une condamnation de trop, dans un pays qui compte déjà plusieurs prisonniers politiques ?
Adingra OSSEI (Correspondant)