La grammairienne, Irié Lou Gohi Brigitte, Docteure d’État en grammaire normative prescriptive (ce qu’on dit, ce qu’on ne dit pas, ce qu’on écrit, ce qu’on n’écrit), dans cette interview réalisée le 1er mars 2023, et ce, en marge de la dernière dédicace de tous ses livres, met en garde contre les fautes élémentaires qu’elle qualifie de « dérives langagières ». La grammairienne qui met sur le marché le 5e tome de « La grammaire française de l’oral-difficultés majeures », soutient qu’elle ne tolérera plus les dérives aussi bien dans les expressions écrites qu’orales.
Quels sont les ouvrages que vous dédicacez aujourd’hui ?
Je dédicace quatre ouvrages qui viennent corroborer le premier. Ce sont «La grammaire française de l’oral- difficultés majeures » tomes 2, 3, 4 et 5. À 3000 francs l’unité. Ce sont des compléments du 1er tome qui a été dédicacé le 31 octobre 2018. Il y a une variété d’expression orale pour tous les élèves de Côte d’Ivoire en particulier, et les francophiles en général pour que nos élèves puissent s’exprimer couramment dans n’importe quel milieu dans un langage soutenu et académique.
Pensez-vous qu’il n’y aurait plus de discours elliptiques en côte d’ivoire ?
En tout cas, si les leçons que je donne ici sont suivies par tous, les discours elliptiques seront très rares dans le parler et l’écrit courant des Ivoiriens. Ils pourront s’exprimer sans faire une entorse à la grammaire normative prescriptive grâce à ces cinq tomes d’ouvrages. Je signale toutefois, que l’oral précède l’écrit. L’oral est indissociable de l’écrit, moins fidèle à l’origine, plus flou que l’écrit. Heureusement qu’il y a des liaisons prétentieuses et ses prononciations affectées qui nous permettent de parler un meilleur français. C’est à dire un français plus conforme à la grammaire de l’écrit. Je me réjouis qu’il y ait des commandes au canada, au Congo, en Afrique du Sud, au Canada, au Togo, en Allemagne, au Bénin, pour ne citer que ceux-là
L’appel que vous lancez aux apprenants comme aux utilisateurs de vos guides…
C’est un appel pressant pour une prise de conscience. Il faut s’offrir ces 5 ouvrages pour ne plus être dérouté et dégoûté de la grammaire. La récréation des fautes d’orthographe et de grammaire est terminée ! Je ne saurai tolérer une désinvolture langagière c’est-à-dire le discours elliptique. Nos élèves ont tendance à escamoter un segment du discours pour rendre la phrase agrammaticale. Je prendrai désormais des sanctions acerbes. Ils seront déférés à la prison d’apprentissage grammaire normative prescriptive de la Marahoué qui se trouve à Zuénoula à côté de la Gendarmerie. J’ai adressé un courrier au Président de la République, au Prof. Mariatou Koné, la ministre de l’Éducation nationale avec qui je travaille actuellement en tant qu’enseignante-chercheure, au ministre de la Justice, au ministre de la Culture et de la Francophonie ainsi qu’au Secrétaire général de la Fesci.
On dit « j’ai fait des pieds et des mains » et non « j’ai fait main et pieds ». On dit « j’ai l’impression que » et non « j’ai comme l’impression que », page 9 de l’ouvrage. On dit « j’ai faim » et non « j’ai très faim », page 10. On dit « anguille sur roche » au lieu de « anguille sous roche », on dit « je descends sous le pont » et non « je descends en bas du pont ». On dit « prompt rétablissement » au lieu de « bonne guérison ». On ne dit pas « on cotise de l’argent » mais plutôt « se cotiser » , on dit encore « je vais sur la plage » et non « je vais a la plage », on dit « je vais sur le plateau » et non « je vais au plateau », on dit « je ne mange pas » et non « je mange pas », « je ne sais pas » et non « je sais pas », « ce n’est pas ça » et non « c’est pas ça ».
Est-ce que ces ouvrages ont fait des preuves dans une école ou un institut ?
Tous ces ouvrages sont recommandés dans toutes les écoles de Côte d’Ivoire depuis le 6 août 2020. Avec mes différentes conférences dans le pays à travers les IEP (Inspection d’Enseignement Primaire) tous les apprenants et les enseignants sont sensibilisés à ne plus faire de fautes. C’est un grand pas qu’on est en tain de faire et dans quelques temps, on pourra apprécier le résultat.
Comment peut-on mettre à niveau, avec vos ouvrages références, tous les enseignants du pays ?
La ministre Mariatou Koné est consciente de cela et elle organise des séminaires de formation autour de ces unités de valeur. Et comme je dis, il y a un grand pas qui est en train d’être fait dans le bon sens. C’est tout un programme gradualisé de formations mises en œuvre dans le cadre des États généraux de l’Éducation nationale. IL n’y a pas d’inquiétude à ce niveau. Les résultats seront probants.
L’expression familière est en train d’intégrer la façon d’écrire par exemple avec nous les journalistes…
… vous n’avez plus le droit, avec ces ouvrages-là. Si vous escamotez les segments du discours, vous serez déférés. J’apporte des éléments de réflexion à tout le monde avec ces ouvrages. Exploitez-les à leur juste valeur.
Combien d’œuvres au total comptez-vous sur le marché dans cette croisade contre les fautes langagières ?
À ce jour, ce sont 10 ouvrages qui sont disponibles. Des ouvrages divisés en trois catégories, l’oral, l’écrit et les exercices-corrigés. Ces catégories permettront aux enseignants d’orienter leurs enseignements sur les mots usuels qui font l’objet de fautes fréquentes, de repenser leur enseignement de la grammaire normative prescriptive en réservant une large part aux points grammaticaux sensibles par des exercices appropriés.
B. Shonin (Correspondant)