Intervention de S.E.M. Henri Konan BEDIE
-Monsieur le Gouverneur du District d’Abidjan, -Monsieur le Secrétaire Exécutif, Chef du Secrétariat Exécutif du PDCI-RDA, -Mesdames et Messieurs les Élus de la Région de l’Iffou, -Honorables Chefs Traditionnels des Régions des Grands Ponts, du Sud Comoé et des Lagunes, -Honorables Chefs Traditionnels de l’Iffou, C’est un agréable plaisir pour moi de vous recevoir ce jour à Daoukro, soit une semaine après la commémoration de la résurrection du Christ. Espérons que les jours qui suivront, grâce aux prières des uns et des autres, apporteront beaucoup de bonheur, une tranquillité de vie et la paix au peuple de Côte d’Ivoire. Chers chefs traditionnels des Régions des Lagunes, du Sud Comoé, et des Grands Ponts, les chefs traditionnels de l’Iffou et moi-même vous souhaitons une cordiale et chaleureuse bienvenue chez vous à Daoukro. J’ai écouté, avec une attention bien soutenue, le message lu, en votre nom à tous, par votre porte-parole, Nana AGOUDOU Faustin, chef d’Akeïkoi. Je vous en remercie. Son contenu est empreint de sagesse, tel que le recommande la vie en société ; à savoir la recherche constante du rapprochement, de l’harmonie, de la cohésion fraternelle et l’union indissoluble entre les fils et filles d’une même communauté, d’une même famille et d’une même nation ; dans l’optique de consolider la paix sociale indispensable au progrès social, à la stabilité et au développement économique de notre pays. Telles ont toujours été également ma vison et ma conception de l’organisation et du fonctionnement de la vie de notre nation. C’est, donc, à juste titre que je m’honore du regard rétrospectif jeté par votre porte-parole sur l’ensemble des sacrifices que j’ai dû consentir au cours des événements douloureux qui ont jalonné la vie de notre pays, depuis le coup d’état du 24 décembre 1999 à ce jour. J’ose espérer que ces sacrifices, tels qu’évoqués par votre porte-parole, ont été portés à la connaissance du Président Alassane OUATTARA, lors de l’audience qu’il vous a accordée le 23 avril dernier. Si tel est le cas, je salue votre initiative allant dans le sens de la recherche de la préservation et de la sauvegarde d’une paix durable dans notre pays. En ma qualité, à la fois, d’homme d’Etat et d’homme politique, je mesure, à tout moment, la responsabilité qui est la mienne de contribuer, inlassablement, à la cohésion sociale et à la protection des libertés publiques qui sont les fondements essentiels de toute démocratie participative et de l’Etat de droit. C’est donc, animé de ces valeurs républicaines que je me suis toujours inscrit, sans faiblesse et sans rancœur, dans la restauration de l’état de droit, pour une marche harmonieuse de notre pays, bien que certains démocrates ivoiriens se soient réjouis et aient salué le coup d’état de 1999. Dès mon retour d’exil, j’ai pardonné aux auteurs de ce putsch et préconisé une alliance avec le RDR et d’autres forces politiques que sont l’UDPCI, fondé par Feu Robert GUEI, le MFA et l’UPCI. Cette alliance, née en 2005 à Paris, s’est transformée en groupement politique, dénommé RHDP ; dont j’ai assuré la Présidence du Présidium, jusqu’à la date du 16 juillet 2018 pour la naissance du Parti Unifié RHDP. Ce groupement politique a remporté les élections présidentielles de 2010 et de 2015 à la grande satisfaction de nos militants respectifs. Que s’est-il passé pour que ce groupement politique dénommé RHDP disparaisse le 16 juillet 2018 et devienne, le même jour, le parti unifié RHDP lors d’une assemblée générale constitutive irrégulièrement convoquée par des responsables politiques du RDR. Ces derniers n’étaient ni qualifiés, ni compétents pour convoquer cette assemblée générale constitutive du 16 juillet 2018. Oui !!, cette assemblée générale constitutive du 16 juillet 2018 était irrégulière, car : -elle n’a pas été convoquée par le Président du Présidium du RHDP que j’étais, – le projet des statuts du parti unifié prévoyait l’observation d’un délai de 12 à 18 mois, à compter de fin mars 2018 (date d’achèvement des travaux du comité de haut niveau). Cette période de 12 à 18 mois, se situant entre mars 2019 et septembre 2019, devait permettre à chaque parti politique membre du RHDP de se prononcer définitivement sur son adhésion ou non à ce parti unifié RHDP. Sans attendre la mise en vigueur de cette période, le PDCI-RDA a, au cours de son bureau politique du 17 juin 2018, reporté l’examen des statuts du parti unifié RHDP, après l’élection présidentielle d’octobre 2020 ; car les autres partis politiques membres de la coalition RHDP ont eu à rejeter l’alternance en faveur du soutien à un candidat du PDCI-RDA à l’élection présidentielle de 2020 ; et ce conformément à l’appel que j’ai lancé le 17 septembre 2014 à Daoukro. Or, ce soutien, c’est le premier volet de cet appel de Daoukro qui a fait du Président de la République, sortant, Alassane OUATTARA, le candidat unique du RHDP à l’élection présidentielle d’octobre 2015. Malgré ces déconvenues, toujours animé par le souci de préserver l’union des partis membres du groupement politique RHDP, je me suis fait fort de rencontrer le 09 août 2018, en sa résidence, le Président Alassane OUATTARA, devenu Président du parti unifié RHDP. Cette visite de travail avait pour objet d’avoir la suite de la requête que je lui ai adressée, le 06 juillet 2018, par le biais de Madame Henriette Diabaté, Présidente du RDR et Madame Kandia CAMARA, Secrétaire Générale du RDR. Cette requête précisait la nécessité de : -maintenir le groupement politique RHDP en l’état, tel que l’autorise la loi de 1993 sur les partis et groupements politiques ; -raffermir les liens entre les partis politiques du groupement RHDP en créant au sommet un organe chargé de superviser l’implantation à la base des coordinations locales et de gérer les arbitrages électoraux ; -permettre à chaque parti politique du groupement RHDP de conserver son autonomie de fonctionnement. Ce jour-là, mon jeune frère, le Président Alassane OUATTARA m’a fait savoir que le parti unifié RHDP était définitivement créé à la date du 16 juillet 2018 et que le groupement politique RHDP était également dissout. Honorables Chefs Traditionnels, voilà l’effort de dialogue que j’ai entrepris, conformément au mandat qui m’a été donné par le bureau politique du PDCI-RDA du 17 juin 2018 pour poursuivre avec mes pairs du groupement politique RHDP le processus de création du parti unifié RHDP. Au regard de cette situation et face aux menaces et autres tentatives de liquidation du PDCI-RDA, par voie judiciaire, au bénéfice du parti unifié RHDP, les membres statutaires des bureaux politiques des 24 septembre 2018 et 08 octobre 2018 et du 6ème congrès extraordinaire du PDCI-RDA ont décidé à l’unanimité que : – le PDCI-RDA se retire du groupement politique RHDP et du processus de création du parti unifié RHDP, – le Président du PDCI-RDA engage les négociations avec les acteurs politiques et la société civile pour l’élaboration d’un nouveau pacte social ; et ce à travers la mise en place d’une plateforme, non idéologique, regroupant tous les partis politiques, qui le désirent, et les forces vives de la nation éprises de paix, de justice et d’équité pour une Côte d’Ivoire rassemblée et réconciliée. Telle est à ce jour, la mission dans laquelle, je ne cesse de m’investir pour la recherche de la paix, de la cohésion et de la stabilité de notre nation. Honorables Chefs, vous noterez avec moi que je demeure fondamentalement attaché à la recherche de la paix. Vous n’en doutez pas ; à entendre votre porte-parole. Mais, pendant que, par votre médiation, vous me demandez d’amorcer le dialogue avec le Président de la République ; que constatons nous à travers les actes posés en face par les tenants du pouvoir d’Etat. Ils affirment, sans ambages, qu’il n’y a pas de salut en dehors du parti unifié RHDP. C’est pourquoi, ils se permettent tout de leur côté, comme en témoignent : -les pressions, les chantages et autres menaces exercés sur les cadres du PDCI-RDA et des autres partis politiques ; -les limogeages injustifiés de certains hauts responsables de l’Administration ivoirienne pour avoir refusé d’adhérer au parti unifié RHDP. Quelle est donc la voie pour entamer un tel dialogue, si la simple liberté d’opinion du citoyen, consacrée par la constitution, n’est plus garantie ? Dans ce contexte où l’on assiste à un recul grave des acquis démocratiques, Je comprends, Honorables Chefs Traditionnels, vos craintes et angoisses par rapport à l’avenir, quand on sait que de simples élections locales en octobre 2018 ont entraîné des violences avec morts d’hommes, des intimidations et menaces exercées sur certains candidats ; en les excluant du jeu démocratique et en les maintenant injustement en exil, tel mon collaborateur, Noël Akossi BENDJO, également votre fils, votre frère. Il est éloigné de sa terre natale, depuis plus d’un an, sans que les résultats de l’enquête annoncée par l’inspection générale d’Etat ne soient connus, à ce jour. Je vous prie de vous engager à œuvrer avec moi activement et effectivement, pour son retour, dans les tous prochains mois, en Côte d’Ivoire. Son retour en Côte d’Ivoire est un droit consacré par la constitution qui interdit le bannissement. Vous convenez avec moi que le malaise est réel au regard de tous les faits évoqués. Toutefois, je ne désespère pas. Honorables Chefs, Au nom de la paix et de la nécessaire réconciliation entre les filles et fils de Côte d’Ivoire, je vous renouvelle mon attachement et mon adhésion au dialogue ; qui pour moi demeure « l’arme des forts », tel que nous l’a enseigné le Père fondateur de notre République, Félix Houphouët-Boigny. Mais vu que toutes les inquiétudes découlent des activités du RHDP Parti Unifié, hors duquel il n’y a pas de salut. Que peut-on faire ? Avant de clore mes propos, je voudrais vous remercier pour avoir effectué le déplacement jusqu’à Daoukro pour réaffirmer la portée du dialogue, jamais rompu, entre le Président de la République, Alassane OUATTARA et moi-même. C’est le dialogue pour la gestion de la gestion de l’Etat et le dialogue pour des élections apaisées, transparentes et crédibles en 2020 qui ne peut prospérer avec le RHDP, Parti Unifié. Enfin, à votre retour, je vous prie d’adresser mes vives et chaleureuses salutations à nos vaillantes et laborieuses populations de vos circonscriptions respectives. Sur ce, je vous souhaite un bon retour dans vos localités et en famille. Je vous remercie. Fait à Daoukro, le 30 Avril 2019 Henri Konan BEDIE Président du PDCI-RDA