Prof. Francis WANGAH WODIÉ

Prof. Francis WANGAH WODIÉ

J’accuse, sans avoir pu établir, ni matériellement, ni «judiciairement », les faits, sur la base desquels et en conséquence desquels j’ai prononcé le jugement. Peu importe ! J’ai décidé, et cela suffit ! Parce que je suis moi, parce que je suis le Roi, parce que je suis la Loi. C’était hier ! Et c’est, encore, aujourd’hui ? Tel est le paradoxe auquel je voudrais voir et faire échapper-prétentieusement- la Côte d’Ivoire et les Ivoiriens.

Ecrivant les lignes qui suivent, c’est moins la raison que le cœur qui parle ! Et, moi, mon cœur saigne ! Nous sommes, tous, suspects, de quelque chose et de quelque manière ; et nous nous suspectons tous, les uns les autres. La confiance s’est évanouie ; elle s’est envolée sur les ailes du mensonge. Voilà l’autre mal, avec la corruption, qui mine le pays et dont souffrent les ivoiriens. Et voilà l’ami, le frère qui prend le visage et l’allure de l’ennemi ! Et voilà les « frères-ennemis » prêts à s’entredéchirer, à s’affronter sans raison et sans intelligence. C’était hier ! C’est encore aujourd’hui ? Et c’est bientôt demain !

A la veille de la nouvelle année, 2018, symbolique à divers égards, les ivoiriens doivent renaître à eux-mêmes, d’un cœur nouveau, du même cœur, de la même raison, du même sang, rouge pour tous ! Et moi, j’ai le cœur qui saigne ! Et peut-être le tien, le vôtre, le nôtre !? Et c’est pour espérer-voir-arrêter l’hémorragie que je m’arrache le cœur pour parler, vous parler, mesdames, messieurs, gouvernants et gouvernés, avec à leur tête le premier d’entre eux (d’entre nous), Monsieur le Président de la République qui en a la lourde et haute responsabilité ! Nous sommes tous des victimes, victimes de quelque chose, de quelque manière ! Moi, moi aussi ma maison a été pillée et saccagée en 2010-2011 ! Je crois savoir qui, je ne sais qui ? Et alors ! Devrions-nous devenir, pour cela, pour autant, des bourreaux, prêts à tuer, parce qu’on m’a tué, parce que on a voulu me tuer ? Non ! bien sûr ! Mais qu’y a-t-il de sûr en ces lieux, en ces temps où rien n’est sûr !

Je porte témoignage, entre autres, du cas de Oulaye Hubert ! Je témoigne en faveur de Oulaye Hubert à qui je rends hommage, un hommage que je tiens, malgré tout, pour mériter ! Hubert Oulaye, qui n’est pas de la même « chapelle politique » que moi, mais de la même école de pensée ; homme de mesure et de hauteur, que j’ai tenu, un peu, par la main sur le chemin de l’Agrégation, en l’ayant élevé, avec d’autres, à la dignité de Maître de conférences agrégé en Droit public et sciences politiques ( et de Professeur titulaire ) ; Hubert Oulaye qui aura su démontrer, par sa manière d’être et de faire, la justesse de notre jugement.

L’intégrité (intellectuelle et morale) de cet homme se serait-elle, brusquement et totalement, dissoute, désagrégée dans l’acide du jeu politique, se serait-elle désintégrée, sans rémission, dans les eaux boueuses et putrides du marécage politique ? Je ne le sais ! Je ne le crois ! Mais comment condamner, si outrageusement, cet homme sans me sentir, de quelque manière, interpellé ; et dois-je me taire quand je dois parler ? Cette décision, monstrueuse, aurait frisé, par son énormité, le ridicule en d’autres circonstances, tout en n’oubliant pas que le monstrueux (le monstre) menace, constamment, de nous dévorer, tous, y compris ses propres géniteurs.

Je parle, je vous parle, je nous parle, je parle à Monsieur le Président de la République en particulier, parce qu’il est le premier et le dernier, recours ; j’appelle, et j’interpelle à la limite, parce que je m’en sens un devoir de conscience.
Alors ! Attention ! Attention ! N’oublions pas « qui sème le vent récolte la tempête » Qui sème la condamnation récolte la damnation ! Alors ! Au lieu de-tenter de- semer la terreur, d’une manière ou d’une autre, ensemençons nos cœurs –meurtris-et nos esprits – endoloris et endormis-, en vue de la nouvelle moisson, pour les Temps Nouveaux.

Alors ! Je ne cesse de clamer et de réclamer ! Au lieu d’avoir pour symbole le glaive et la balance, plus-souvent-le glaive que la balance (le glaive qu’on manie si maladroitement, et la balance qui ne sera jamais égale pour tous), la Justice, surtout en ces « temps qui tanguent » devrait s’en offrir un autre, ainsi que l’exemple nous en a été donné par certaines sociétés, le symbole de l’aiguille ; l’aiguille pour coudre ou recoudre, l’aiguille qui sert à raccommoder quand le tissu-social et politique- s’effiloche et se déchire (comme c’est le cas, douloureusement, chez nous) ; raccommoder, comme se raccommoder (s’accorder, se réconcilier), cette réconciliation nationale que nous appelons de nos vœux, sans la vouloir réellement.

Alors ! Le temps est venu de tourner la page ! Le temps est venu de franchir les frontières, de passer par-dessus les frontières-politiques, ethniques ou religieuses- qui nous divisent et nous tiennent prisonniers de tout ce que nous ne devons faire ou être. Le temps est venu d’effectuer la traversée, le passage de cette rive à l’autre rive, de la Côte d’Ivoire actuelle à la nouvelle Côte d’Ivoire, à la veille de nouvelle année.

Telle me paraît être la voie du Salut National ! Fasse le ciel que nous soyons, tous, délivrés ! Puissent le ciel et la terre se rencontrer !

Bonne et heureuse année 2018 !

Vive la Côte d’Ivoire nouvelle ! Vive la nouvelle Côte d’Ivoire.

Francis WANGAH WODIÉ