Les diplomates interpellent Ouattara sur la réconciliation et la cohésion sociale
(Notre Voie, 7 janvier 2014) – La traditionnelle présentation des vœux du nouvel an au chef de l’Etat a eu lieu, hier, au palais de la présidence à Abidjan-Plateau. Le corps diplomatique a demandé à Alassane Dramane Ouattara de faire des efforts en faveur de la réconciliation et la cohésion sociale.
La traditionnelle cérémonie de présentation de vœux du nouvel an au chef de l’Etat, qui a eu pour cadre la salle des pas perdus de la présidence de la République au Plateau (Abidjan), a été marquée, hier, par cinq échanges d’allocutions. L’intervention du corps diplomatique livrée par le doyen dudit corps, le Nonce apostolique Joseph Spiteri ; celle des Frci par le chef d’Etat-major général, le général de corps d’armée, Soumaïla Bakayoko ; celle du Forum des confessions religieuses par Mgr Touably, évêque d’Agboville ; celle du Cosim par l’imam Boikari Fofana et, enfin, l’allocution des rois et chefs traditionnels par Nanan Dodo N’dépo Didas. Dans son intervention, le doyen du corps diplomatique, tout en saluant ce qu’il a qualifié de progrès au cours de l’année 2013, a souhaité que «des efforts soient faits en faveur de la réconciliation et de la cohésion sociale, la poursuite du dialogue avec l’opposition politique ». Il a également plaidé pour «la mise en liberté provisoire d’autres détenus de la crise postélectorale et l’intensification de la politique de retour volontaire des exilé s». Le Nonce apostolique Joseph Spiteri a, enfin, espéré que « les détenus ne restent pas longtemps en prison sans procès et que la réparation des torts causés à toutes les victimes ne soit pas oubliée ».
En réponse, Alassane Dramane Ouattara a réitéré sa volonté d’instruire le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, à l’effet de réexaminer les demandes de mise en liberté provisoire d’autres prisonniers politiques. Il a, par ailleurs, indiqué que ses nombreux voyages permettent de repositionner la Côte d’Ivoire dans le concert des nations. S’agissant des grands évènements qui ont marqué la sous-région, M. Ouattara a dit sa fierté de voir l’armée ivoirienne aux côtés du Mali qui traverse une situation difficile.
On peut retenir du discours du chef d’Etat-major général, Soumaïla Bakayoko, qu’au cours de l’année écoulée, l’armée a été dotée de moyens conséquents qui lui ont permis de remplir sa mission de protection de la nation, des populations et des biens. Ceci à travers des opérations dénommées «Mont Péko» et «Nigré» pour la récupération des forêts classées, «Zigré» et «Renard» contre les coupeurs de routes et «Téré», «Gbêkê » et «Bélier» pour sécuriser les visites d’Etat.
Alassane Ouattara, tout en félicitant le ministre d’Etat Hamed Bakayoko et le ministre Paul Koffi Koffi pour « le bon travail effectué en faveur de la sécurité des populations et du pays », a instruit le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur aux fins de mettre fin aux activités paramilitaires des dozos et que ces derniers retournent à leurs activités traditionnelles de chasseurs traditionnels dans leurs zones initiales. Ouattara a aussi révélé avoir réintégré dans le tissu social 27000 ex-combattants. Mais ce qu’il a oublié de préciser, c’est que ces 27000 ex-combattants ne sont que du seul camp de l’ex-rébellion armée qui l’a installé au pouvoir.
Mgr Touably, évêque d’Agboville, lui, s’est félicité de ce que la somme des chiffres qui composent l’année 2014 donne 7 qui, selon lui, est le chiffre de l’accomplissement. Il espère donc que cette année 2014 marquera l’achèvement de tous les projets annoncés par Ouattara. Et qu’au plan social, la Côte d’Ivoire se réconcilie avec elle-même en ce sens que chacun aura compris que la richesse de l’Homme, c’est bien l’Homme. Tout ceci, à l’en croire, pourra redonner sens aux premiers mots de notre hymne national, à savoir «Salut oh terre d’espérance». Car, dira l’évêque, «un peuple qui n’espère plus est un peuple mort». Et Mgr Touably de dire : «Oui, l’espérance est permise. Nous avons cette certitude. L’éléphant est debout. La Côte d’Ivoire est en marche et elle va étonner le monde. Mais pour que cela soit, elle a besoin de tous ses fils. Les uns avec les autres. Nous vous portons dans nos prières pour qu’il en soit ainsi».
Le porte-parole du Forum des confessions religieuses veut certainement dire qu’il faut favoriser la libération de tous les prisonniers politiques, y compris naturellement le président Gbagbo, et le retour de tous les exilés.
Le président du Cosim, le Cheick Boikari Fofana, a, quant à lui, exprimé sa «gratitude au chef de l’Etat pour l’immense travail accompli en moins de trois ans de gestion du pouvoir d’Etat». Il a salué la construction de «dizaines de centres de santé et de bâtiments à usage de formatio ». Et, surtout, «la réhabilitation et le prolongement de l’autoroute du nord jusqu’à Yamoussoukro ». Pour Boikari Fofana, «la Côte d’Ivoire est désormais au travail». L’imam, qui est revenu de son exil volontaire aux Etats-Unis et au Canada, quand Alassane Ouattara a été installé au pouvoir, a plaidé, en fin d’allocution, pour l’emploi des jeunes. Sûrement qu’il parle des jeunes qui ont combattu pour l’ex-rébellion armée pro-Ouattara.
Le porte-parole des rois et chefs traditionnels, Nanan Dodo Didas, a plaidé pour le statut des rois et chefs traditionnels.
Le chef de l’Etat, Alassane Dramane Ouattara, a affirmé que les temps sont favorables pour que les Ivoiriens se rapprochent les uns des autres. Il a réaffirmé sa volonté de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020. Il a aussi insinué que l’emploi des jeunes est l’une de ses préoccupations majeures. Enfin, il a annoncé la création d’une chambre des rois et chefs traditionnels dans les prochains jours.
Boga Sivori