Allocution de SEM Alassane Ouattara à la cérémonie d’ouverture
- Majesté Mohammed VI, Roi du Maroc,
- Excellence Professeur Alpha Condé, Président de la République de
- Guinée, Président en exercice de la Conférence des Chefs d’Etat et de
- Gouvernement de l’Union africaine ;
- Excellence Monsieur Donald Tusk, Président du Conseil Européen ;
- Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement ;
- Monsieur Antonio Guterres, Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies ;
- Monsieur le Président de la Commission de l’Union Africaine ;
- Monsieur le Président de la Commission européenne ;
- Messieurs les Président des Parlements européen et panafricain ;
- Mesdames et Messieurs les Présidents des Organisations et des Institutions internationales, régionales et nationales ;
- Mesdames et Messieurs les Représentants des jeunesses d’Afrique et d’Europe ;
- Honorables Invités;
- Mesdames et Messieurs,
Je voudrais, pour commencer, exprimer mes chaleureux remerciements à tous les Chefs d’Etat et de Gouvernement, au Secrétaire Général de l’ONU, aux responsables des Organisations internationales et régionales, aux Invités spéciaux ainsi qu’aux jeunes d’Europe et d’Afrique, d’avoir fait le déplacement d’Abidjan pour prendre part à ce 5e Sommet Union Africaine – Union Européenne.
Je voudrais donc, au nom du peuple ivoirien, vous souhaiter la bienvenue en terre ivoirienne. AKWABA à toutes et à tous !
Majesté, Excellences, Mesdames et Messieurs,
La Côte d’Ivoire est heureuse d’accueillir cette rencontre qui se tient pour la première fois en Afrique subsaharienne et qui marque une nouvelle étape dans l’engagement de mon pays en faveur d’une plus grande concertation internationale sur les grands défis qui nous interpellent tous.
La Côte d’Ivoire est fière d’être de retour, dans le concert des Nations, après la douloureuse crise qu’elle a traversée.
Grâce à la détermination des Ivoiriens et à l’appui de nos partenaires extérieurs, nous avons obtenu des résultats appréciables dans les domaines sécuritaire, politique et de l’amélioration des conditions de vie des populations.
Ces efforts ont également permis à la Côte d’Ivoire d’être classée parmi les économies les plus dynamiques au monde, et d’être élue en tant que membre non permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies pour la période 2018-2019.
Je voudrais saisir l’occasion de cette rencontre pour réitérer notre gratitude à nos partenaires africains et européens, pour leur soutien inestimable.
Majesté, Excellences, Mesdames et Messieurs,
Cette rencontre des Chefs d’Etat et de Gouvernement fait suite à une série d’événements de grande importance dont nous aurons les recommandations tout au long des différentes sessions du Sommet.
Le rendez-vous d’Abidjan 2017 sur le thème : « Investir dans la jeunesse pour un avenir durable », doit résolument marquer un tournant et une
accélération du processus de modernisation du partenariat Afrique-Europe.
Abidjan doit être le point de départ d’un partenariat stratégique, assumé entre l’Europe et l’Afrique.
Nous devons nous fixer la grande ambition que la Jeunesse est en droit d’exiger, aussi bien en Europe comme en Afrique, pour pouvoir se projeter dans le futur avec espoir et sérénité. C’est pourquoi, nous devons prendre des décisions et des engagements forts, non seulement renouvelés, mais rehaussés et innovants.
Pour y parvenir, je vous invite à un sursaut en vue de trouver des solutions qui serviront de leviers aux changements nécessaires face, notamment, à trois défis majeurs.
Au premier rang de ces défis, nous avons la jeunesse de la population africaine, dont plus de 60% a moins de 25 ans. Ceci constitue une opportunité, mais aussi un risque si l’on n’offre pas à cette jeunesse, la formation, les emplois et les espoirs auxquels elle aspire légitimement.
Pour ce faire, une meilleure éducation et une meilleure formation de notre jeunesse sur le continent africain est indispensable. Aujourd’hui, moins d’un jeune sur deux accède au collège, et moins d’un jeune sur quatre accède au lycée. L’enseignement technique et professionnel accueille en moyenne moins de 10% des effectifs.Ces difficultés du système de formation ont pour conséquence une incapacité de milliers de jeunes à trouver un emploi et donc, à s’épanouir.
Pour y remédier, des réformes courageuses et ambitieuses, accompagnées d’investissements importants dans le système d’éducation et de formation, seront nécessaires. Une mesure concrète pourrait consister en une plus grande concentration des ressources et des efforts du Fonds européen de développement dans le domaine de l’éducation et de la formation.
De même, l’Europe devrait également offrir un accès plus large aux jeunes africains qui souhaitent poursuivre leur éducation ou leur formation sur son sol.
L’Afrique devra aussi continuer de s’approprier les technologies de l’information et de la communication ainsi que le numérique pour être de plein pied dans la nouvelle économie du savoir, car beaucoup de nouveaux emplois du futur ne ressembleront guère à ceux d’aujourd’hui.
Majesté, Excellences, Mesdames et Messieurs,
Le second défi porte sur les menaces à la paix et à la stabilité dont l’Afrique et l’Europe sont les cibles et qui requièrent une réponse forte et coordonnée sur le modèle du G5 Sahel, qui permettra de lutter plus efficacement contre le terrorisme qui frappe sans discrimination l’Afrique et l’Europe.
Je salue l’engagement de la France en faveur du G5 Sahel et j’encourage l’Union européenne, les pays européens et les Nations Unies à faire davantage et à pérenniser cette initiative vitale pour tous. Notre sécurité dépendra également de notre capacité à régler la crise en Libye et à mettre fin, par tous les moyens, au traitement inhumain infligé aux migrants.
L’actualité nous offre un triste exemple en Lybie, et nous interpelle sur une situation qui est devenue totalement inacceptable. Face à ce drame ignoble qui nous rappelle les pires heures de l’histoire de l’humanité, j’en appelle à notre sens de la responsabilité collective pour prendre des mesures urgentes et vigoureuses pour mettre fin à ces pratiques indignes, d’un autre âge.Nous devrons aussi intensifier nos efforts pour démanteler les réseaux de passeurs et de trafiquants d’êtres humains.
En troisième lieu, je voudrais mentionner le changement climatique, qui est sans doute l’un des plus porteurs de dangers pour les générations futures.
Nous devons tous, pays du Nord et du Sud, respecter nos engagements pris en 2015, à Paris lors de la COP21, afin d’inverser la tendance actuelle du réchauffement climatique et ses conséquences désastreuses pour les pays du Sud.
Majesté, Excellences, Mesdames et Messieurs,
Tous ces défis constituent des enjeux majeurs pour le continent africain, mais également pour l’Europe, auxquels il nous faut impérativement trouver des réponses audacieuses, innovantes et durables. Ces solutions requièrent d’importants moyens financiers, bien au-delà des seules ressources des pays africains.
Notre plaidoyer sera donc d’accroître les investissements européens, publics comme privés, notamment dans les infrastructures de transport, d’énergie et du numérique, qui permettront d’améliorer la compétitivité des économies africaines.
Majesté, Excellences, Mesdames et Messieurs,
Je voudrais, avant de conclure, m’adresser à la jeunesse qui sera au cœur de nos échanges.
Chers jeunes, vous incarnez l’avenir de notre continent, par votre dynamisme, votre ingéniosité et votre extraordinaire potentiel. Vous êtes un atout inestimable pour l’Afrique. Nous devons tout mettre en œuvre pour votre épanouissement sur notre continent, qui a tant besoin de vous.
Je vous invite à avoir foi en l’avenir ; à ne pas vous lancer à l’aventure, au péril de vos vies.
Les leaders que nous sommes, avons l’obligation de poursuivre et d’intensifier nos efforts pour vous offrir davantage d’opportunités et d’emplois, pour améliorer vos conditions de vie, dans un environnement sécurisé, démocratique, qui protège les libertés fondamentales.
C’est sur cette note d’espoir que je voudrais clore mon propos en souhaitant plein succès à nos travaux.
Je vous remercie.