« Nous devons dès à présent réfléchir, avec objectivité et responsabilité, sur la gestion de la sortie de crise »
La crise économique consécutive à la pandémie du Coronavirus COVIDIS-19 que vivra le monde, sera dépendante d’une part, de la durée, de l’ampleur et de la nature des mesures de protection adoptées par chaque pays, et d’autre part, de la capacité de résilience de chaque économie nationale et de la force de son leadership à pouvoir y faire face dans le futur, tout en continuant à remplir ses obligations régaliennes et financières, dont le remboursement de sa dette. Dès lors, les conséquences financières de cette crise sanitaire affecteront en premier lieu, les grands équilibres financiers et macro-économiques des pays.
Pour la Côte d’Ivoire le choc sera plus ou moins violent du fait d’une part, qu’une composante significative de sa croissance n’est pas produite dans l’économie nationale elle-même par les unités de production résidentes et son secteur privé national, mais provient de l’extérieur. Autrement dit notre croissance économique ne dépend pas au principal, des ressorts internes à notre économie nationale. La reprise de l’activité économique dans le reste du monde influencera donc la nôtre dans une forte proportion. Et d’autre part, la demande intérieure articulée autour de la consommation des ménages, ne baissera pas de manière significative en raison de sa faiblesse structurelle et parce que essentiellement tirée par la consommation des administrations qui, elle, ne bougera pas tellement (elles n’ont pas été mises en arrêt total). Pendant ce temps, notre solde extérieur sera largement positif parce nos exportations peuvent repartir immédiatement, tandis que nos importations devraient ralentir du fait de la baisse de la dépense publique et du pouvoir d’achat des ménages.
Cependant, du fait de la nature agricole et minérale de notre production, de la faiblesse de sa transformation locale avec des niveaux d’incorporation technologique ne permettant pas de créer sur place, une valeur ajoutée significative, et de l’importance du contexte de la mondialisation sur le dynamisme de nos économies (interdépendance de l’échange, rareté de la disponibilité des ressources financières due au coût de la pandémie et domination des marchés malgré les efforts de régulation) nous ne sommes pas à l’abri, d’une baisse de notre croissance et d’un ralentissement de notre activité, induite par une baisse significative de l’investissement privé et public, le temps de reconstituer les marges d’autofinancement du secteur privé, de rassurer les investisseurs étrangers et de rétablir les équilibres financiers de l’état, alors que nous sommes sous la pression des critères de convergences de l’ECO et des bailleurs de fonds quant à l’atteinte de certains indicateurs, jugés essentiels pour la poursuite du financement des programmes en œuvre ou projetés.
A cette incertitude économique s’ajoutent des données socio-politiques peu rassurantes, en raison de la perturbation que cette crise sanitaire aura sur le chronogramme des opérations pré-électorales et de la persistance des inconnues relatives aux affaires pendantes devant les tribunaux ( Cour Africaine, CPI, Mandat d’arrêt, sort des condamnations internes) qui peuvent bouleverser le calendrier constitutionnel et provoquer de vives tensions dans le pays, qui contribueront à leur tour à majorer le ralentissement de l’activité. Dans une telle perspective, dont la probabilité de réalisation reste assez élevée, que devons-nous faire pour anticiper sur cette échéance ?
La réforme Constitutionnelle relative aux mandats électifs a été timide parce que limitée aux mandats parlementaires seulement. Elle doit être reprise et élargie, pour viser cette fois-ci la prorogation de la totalité des mandats en exercice jusqu’à la tenue régulière de nouvelles élections, dans un délai qui ne saurait excéder 6 mois, voire une année, en cas de report constitutionnellement justifié par un cas de force majeure, y compris le mandat du Président de la République. Une telle disposition nous permettrait de préparer dans les meilleures conditions les futures élections et surtout de gérer efficacement notre sortie de la crise sanitaire du coronavirus en permettant à l’Etat d’en absorber pour une grande partie le coût, tout en poursuivant la relance de notre économie et en bénéficiant d’un leadership fort et éclairé, déjà rompu aux affaires. Ainsi, le maintien du Président OUATTARA aux affaires, s’impose à lui et aux Ivoiriens, comme la seule solution viable, pour une transition réussie.