Mme Madeleine Wayack-Pambé, Enseignante chercheuse à l’Institut Supérieur des Sciences de la Population (ISSP) de l’Université Ouaga 1 Pr. Joseph Ki-Zerbo à Ouagadougou au Burkina Faso.

Par Sama N. Edwige NIAMPA

Au Burkina Faso les conditions de la femme sont, selon les études, handicapées par la pauvreté et les inégalités de genre. Les valeurs traditionnalistes donnent très peu de place à la femme. Celles-ci sont réalignées au rang de ménagère, de mère, et d’épouse. Bien que les différents gouvernements burkinabés travaillent à éradiquer ces stéréotypes et prennent des mesures législatives pour promouvoir l’égalité des genres et l’autonomisation de la femme.

C’est dans cet atmosphère que certaines femmes bien qu’avec beaucoup de difficultés arrivent à se bâtir des carrières remarquables et inspirantes. Parmi elles on peut citer madame Madeleine Wayack-Pambé.

Madeleine Wayack-Pambé, Enseignante chercheuse à l’Institut Supérieur des Sciences de la Population (ISSP) de l’Université Ouaga 1 Pr. Joseph Ki-Zerbo à Ouagadougou au Burkina Faso, est Maître-Conférencière en Démographie. Ses travaux de recherche portent principalement sur les interrelations entre l’éducation et les rapports de genre dans le cadre des transformations des sociétés urbaines africaines. Wayack-Pambé fait de la recherche en sociale quantitative et en politique sociale.

« La recherche parce ce que je suis curieuse et toujours à me poser des questions. Je suis contre tout type d’illégalité, social, de classe, de genre. C’est ma façon à moi d’apporter mon aide à la lutte contre les illégalités. Je me suis plus concentrée sur les femmes car ce sont elles les plus touchées par ces maux. Ce qui entrave leurs épanouissements sur biens des plans : éducatives et économique notamment. »

Auteur de « Les Objectifs du Millénaire pour le développement, l’accès à l’eau et les rapports de genre » (article paru Dans Mondes en développement 2016/2 (n° 174)), « Sexe du chef de ménage et inégalités scolaires à Ouagadougou (Burkina Faso) » (article paru dans Autrepart 2011/3 (N° 59)), « Dépasser le patriarcat pour mieux définir les féminismes africains ? » (Dans Travail, genre et sociétés 2017/2 (n° 38), pages 187 à 192) ; fruits de ces recherches et de son travail. Ces travaux en retour sont utilisés pour des sensibilisations aussi comme source d’inspiration pour les générations à venir. Ces recherches prouvent que les actions gouvernementales pour la scolarisation de filles portent ces fruits.

En effet, ces 15 dernières années, le Burkina Faso a presque doublé ses indicateurs d’accès à l’éducation primaire, passés de 46,5 pour cent (dont 38,9 pour cent pour les filles) en 2001 à 88,5 pour cent (dont 89% pour les filles et 81% pour les garçons) en 2017. Autre avancée significative : le pays a aussi réalisé la parité filles/garçons au préscolaire, primaire et post primaire depuis 2013.

La scolarisation est l’un des facteurs majeurs de l’autonomisation, l’émancipation des femmes.

L’une des interrogations de madame Wayack-Pambé est : comment cette scolarisation, profite à ces femmes (filles) dans leur quête d’autonomisation financière ?

Le triste constat est que le retour de cette éducation n’est pas à la hauteur des efforts intellectuel et économique fournis par ces dernières dû aux freins et aux limites que la société impose aux femmes. Les travaux de madame Wayack-Pambé établissent un lien clair entre le manque d’autonomisation économique des femmes et les obstacles à l’éducation des filles.

Les femmes sont responsables de 60 % du travail effectué dans le monde, mais ne gagnent que 10 % des revenus et ne possèdent que 1 % des biens. En Afrique, 70 % des femmes ne sont pas financièrement indépendantes. Le continent a un écart de financement entre les hommes et les femmes de 42 milliards de dollars (Sommet mondial sur le genre 2019).

Pour que l’autonomisation des femmes soit, elles doivent jouir d’une confiance en elles nécessaires pour apporter des changements dans leur propre vie tout en bénéficiant des mêmes droits que les hommes et en ne subissant aucune violence ni discrimination.

« Les femmes pour leurs autonomisations, elles doivent prendre les chosent en mains, elles doivent se faire confiance, Oser et se donner les moyens. La société est foncièrement patriarcale mais, il y a des personnes qui apportent leur soutien ».

L’un des défis majeurs de madame Madeleine Wayack-Pambé est de faire des recherches qui touchent aux questions majeures de genres et de faire des articles qui vont impacter sur le plan politique et sociale. Qui vont apporter des changements de mentalité des hommes et surtout celui des femmes encrées profondément dans les traditions et coutumes.

Madame Wayack Pambé, excellente enseignante, est une femme intelligente, joviale et toujours à l’affut de la moindre occasion pour apprendre.

« L’autre défi est d’amener au moins 05 jeunes femmes à soutenir leurs thèses de doctorat avec des valeurs que j’estimes importantes pour mener la recherche, pour réfléchir sur les questions sociales dans nos pays ».

Relever ces défis n’est pas sans difficultés liées à la position de la société face à ces questions.

Mariages, grossesses, les travaux domestiques, l’éducation des enfants sont là les charges que portent une femme de par sa ‘nature’ de femme, à cela va s’ajouter les maux de la société qui les touchent majoritairement : la pauvreté, les grossesses précoces, le mariage forcé, la pesanteur sociale, les inégalités, les violences, les préjugés. Le chemin vers l’émancipation reste pavé de trop d’obstacles pour les femmes et des jeunes filles.

En évaluant et en quantifiant la situation actuelle des femmes, celles-ci deviennent plus visibles aux yeux des décideurs politiques. La collecte de statistiques précises sur l’éducation, les violences basées sur le genre et d’autres indices de la qualité de la vie est essentielle pour identifier les domaines dans lesquels les programmes et décisions auront le plus d’impact sur les conditions de vie des femmes. Le recueil de ces données de madame Wayack-Pambé sont d’importances cruciales qui faciliteront la tâche des organisations et des gouvernements souhaitant investir dans les jeunes filles et femmes et élaborer des programmes et des politiques ciblant spécifiquement leur bien-être.

« Aux jeunes femmes qui veulent se bâtir une carrière, je leurs dirait, foncez !

Fixer vous des objectifs, donnez-vous les moyens de les atteindre, ayez confiance en vous, en vos capacités et compétences ; osez aller vers les personnes et organismes ressources et ne vous découragez pas. »