Par La Lettre du Continent
L’ancien chef d’Etat est loin de rester inactif à l’approche de l’élection du 11 octobre. Analyse.
Exilé dans sa résidence du quartier Cocody-Ambassades à Abidjan, Blaise Compaoré s’immisce dans la présidentielle du 11 octobre en voulant directement peser sur la désignation du candidat issu de sa mouvance. Alors que le nouveau code électoral, approuvé en avril, interdit à plusieurs personnalités du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) de briguer le scrutin, le chef d’Etat renversé fin 2014 a incité Kadré Désiré Ouédraogo à porter les couleurs de son parti. Toutefois, l’actuel président de la commission de la CEDEAO a refusé de s’engager dans cette bataille.
A défaut d’autres figures charismatiques au sein du CDP capables de rassembler, le “Beau-Blaise” devrait privilégier la carte Djibril Bassolé. Si l’actuel patron de la Nouvelle Alliance du Faso (NAFA) s’est toujours montré sceptique quant au projet visant à modifier la Constitution, les deux hommes n’ont jamais rompu le contact. Figure centrale des différents régimes Compaoré, Djibril Bassolé séjourne régulièrement à Abidjan pour échanger avec son mentor. Il souhaite surtout obtenir de ce dernier le ralliement à la NAFA du CDP et de ses partis satellites. Objectif : créer une vaste coalition capable d’affronter les challengers Zéphirin Diabré et Roch Marc Christian Kaboré.
Ses réseaux constituent son autre atout face aux barons du CDP – ou ce qu’il en reste. Grand maître de la Grande Loge du Burkina Faso (GLB), Djibril Bassolé a cumulé les médiations en Afrique (Soudan, Togo, Côte d’Ivoire…) et dispose de solides connexions. Selon nos sources, Alassane Ouattara l’a d’ores et déjà assuré de son soutien. Djibril Bassolé apparaît d’autant plus comme une alternative crédible pour l’ex-chef de l’Etat qu’il devrait s’employer à affaiblir Roch Marc Christian Kaboré en jouant sur les points faibles du patron du MPP. Bien que figurant parmi les favoris, l’ancien président de l’Assemblée nationale souffre notamment de la présence ombrageuse de Salif Diallo comme secrétaire général de son parti. Ce dernier, éminence grise de Blaise Compaoré avant de tomber en disgrâce, reste peu populaire auprès de la jeunesse burkinabè. Il est surtout l’ennemi juré de Compaoré, lequel ne devrait ménager aucun effort pour torpiller le MPP durant la campagne électorale.