La réaction du ministère de la Culture

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Jack Dély

À peine promulgués au journal officiel que les nouveaux textes du Burida font objet de grands tiraillements entre deux camps. D’un côté, le camp de Mme Vieira, directrice générale par intérim du Burida, qui se félicite de voir le Burida avoir des textes dûment signés et approuvés par les services de la présidence de la République et de l’autre, Jack Dély, candidat déclaré à la présidence du conseil d’administration de cette institution et tous ceux qui pensent que ces nouveaux textes visent à écarter des personnes. Dans cette guéguerre larvée, chacun des camps est prêt à jouer son va-tout pour imposer sa vision du nouveau décret. A travers des conférences de presse, des rassemblements avec des sociétaires acquis à leur cause, des menaces et des débats contradictoires. Créant une atmosphère qui pourrait exploser à tout moment.

L’offensive de Jack Dély

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Clémentine Papouet “Cléclé”

Artiste-musicien et chanteur au verbe tranchant, Jack Dély a été investi par de nombreux artistes comme leur candidat aux prochaines assemblées générales électives du Burida. À peine investi qu’un décret fixant les attributions, l’organisation et le fonctionnement du Burida est signé par les services de la présidence de la République. Ce décret auquel Jack Dély clame avoir apporté sa contribution en qualité de président de la commission qui y a travaillé, est décortiqué et ”déchiré”. L’artiste se disant ”floué” en fin de compte. À sa grande surprise, dénonce-t-il, des articles ont été ajoutés alors même qu’ils ne figuraient pas sur les différentes moutures validées par l’assemblée générale et le comité provisoire. Jack Dely soutient que ces « nouveaux rajouts ont été spécialement taillés sur mesure» pour l’écarter de la course à la présidence du conseil d’administration du Burida. Il n’en fallait pas plus pour qu’il monte au créneau pour lancer l’offensive. «On veut m’exclure», a-t-il révélé au cours d’une conférence de presse le jeudi 13 août dernier au Ménékré Café au II Plateaux, en présence des artistes acquis à sa cause. Le ton était guerrier. «À la guerre comme à la guerre...», a martelé l’un de ses plus proches. Certains s’en prennent ouvertement au ministre de la Culture et de la francophonie, Maurice Bandaman, qu’ils accusent de les mépriser et de les frustrer avec ces textes taillés sur mesure qui font le lit à «l’exclusion». «Le ministre nous a humiliés et méprisés lors de la présentation du décret à la presse. Ce décret est donc considéré pour nous comme nul et non avenu», renchérit Clémentine Papouet (Cléclé). Pour Cam’so des Marabouts, «le ministre a les foutaises et trop c’est trop. C’est Jack Dély ou rien». Et la ”doyenne” Tantie Oussou de marquer son indignation face à ce qu’elle a nommé «décret clandestin». «J’ai honte du comportement de mon petit frère Bandaman. Il faut que le président de la République lui dise de retirer son décret clandestin», se désole-t-elle. Le conférencier principal, Jack Dély, soutient que les articles 5, 10, 24, 26 et 55 comportent des rajouts de dernière minute pour l’écarter de la course. «Le ministre a affiché une attitude de mépris, il m’a agressé verbalement. Nous ne lui donnerons plus l’occasion de le faire», a-t-il menacé. Jack Dély affirme que les heures à venir seront encore plus chaudes tant que leurs revendications ne seront pas prises en compte. «Nous allons solliciter une audience avec le président de la République pour être entendus. Cette fois-ci, nous ne laisserons pas passer une forfaiture pareille», at-il lancé.

L’appel de Mme Vieira

Autant le ton est guerrier chez Dely et ses partisans, il en était de même du côté de Mme Vieira, directrice générale par intérim du Burida. Mais avec le temps, elle a pris du recul et demande à présent à tous de s’asseoir à la table de discussion pour laver le linge sale en famille. Et éviter ainsi de mettre à mal la crédibilité dont jouit aujourd’hui le Burida. Mme Vieira estime que le bruit, les menaces, les injures et autres formes de «propos frustrants» à son endroit ne sont pas de nature à faire prospérer la maison tant convoitée. Car, dira-t-elle, lors de la remise du coffret du film ”Ado, un cœur qui parle” au Burida par Aimond Williams le mardi 18 août, «l’intérêt général doit primer sur les intérêts privés». La patronne du Burida ne veut pas voir plusieurs années de travail voler en éclats à cause des incompréhensions. Alors que des solutions peuvent être trouvées dans la discussion. «Que nos querelles n’entravent pas la bonne marche et l’évolution du Burida», a-t-elle lancé aux artistes mécontents. Profitant de cette occasion, Mme Vieira a invité les uns et les autres à la discussion plutôt que d’opter pour la violence. «Asseyons-nous et discutons», propose-t-elle à ses ”détracteurs” ouvrant la voie à la discussion. Une approche qu’épouse Tantie Oussou, qui a dans les premières heures, rejeté ce décret.

La position de Tantie Oussou

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Tantie Oussou

Inconditionnel soutien de Jack Dély, Tantie Oussou a revu sa position. Présente à la cérémonie de remise de coffret du film ”Ado, un cœur qui parle”, Tantie Oussou, ex-présidente du Conseil d’administration du Burida (Pca), a demandé que le ministre de la Culture et de la Francophonie, Maurice Bandaman, laisse la chance à tous les artistes désireux de se présenter au poste de Pca de cette institution. «Qu’on laisse tous les artistes désireux de se présenter au poste de Pca du Burida le faire», a-t-elle imploré. Car pour elle, cela va apporter la quiétude au Burida. Tantie Oussou a demandé aux artistes ivoiriens de se calmer et d’attendre le retour du ministre de voyage pour une ultime rencontre. «Les palabres ne nous arrangent pas et ne nous font pas honneur. Alors j’invite tous les artistes à se calmer et attendre le retour du ministre pour qu’on lui parle», a-t-elle conseillé. Ce retour du ministre, Tantie Oussou dit l’attendre impatiemment. Elle affirme avoir subi le courroux du chef de cabinet du ministre parce qu’elle était présente à une conférence de presse de Jack Dély. «Ce matin, avant d’arriver à cette cérémonie, le chef de cabinet du ministre m’a appelé pour une rencontre. À l’issue de cette rencontre, il m’a dit que son ministre n’est pas content de moi parce que j’ai participé à une conférence de presse du candidat Jack Dély. Sans s’arrêter là, il m’a e, sur ordre de son ministre, de me retirer les 300 000 F cfa que le président de la République me donne mensuellement, si je n’arrêtais pas de participer aux conférences de Jack Dély», a-t-elle révélé. Et de prévenir: «Si on ne met pas balle à terre, nous risquons de perdre beaucoup de choses». Comme Mme Vieira, Tantie Oussou a décidé de jouer la carte de l’apaisement et de privilégier la discussion. Pendant ce temps, au ministère de la Culture et de la francophonie, il est demandé aux artistes de soumettre leurs préoccupations pour être prises en compte. En effet, Hervé Abissa, directeur de la réglementation et du contentieux au ministère de la Culture et la Francophonie, interrogé par Nord-Sud, «invite les artistes à prendre attache avec lui pour exprimer leurs préoccupations». Selon Hervé Abissa, «le nouveau décret a été rédigé en tenant compte des résultats des différents audits au sein de la maison». Comme quoi ce décret n’est dirigé contre personne. D’ailleurs, il soutient que certains articles, notamment l’article 5 qui désigne deux types de sociétaires, n’ont d’autres objectifs que de «créer beaucoup plus de responsabilité (…). On voit des artistes qui sortent un seul Cd, qui ne produisent pas et qui font beaucoup de bruits dans la gestion».

Philip KLA

Source : L’Inter N°5154 du Vendredi 21 Août 2015