Bousso Dramé1

(http://devoircitoyen.fr/) – Ce Jeudi 20 Mai, j’écrivais, dans la fraîcheur de l’aube dakaroise, les premières lignes d’une Lettre Ouverte que je voulais comme un témoignage pudique, certes, mais fort, sur l’inacceptable. Ce geste intime – car écrire, c’est livrer peu ou prou de soi – répondait à un besoin impérieux. J’ai alors posté aux 150 abonnés de ma page Facebook cette missive dont des amis s’étaient par ailleurs emparée et, pour certains, diffusée à la presse.  Grande fut ma surprise de voir l’adhésion que cette Lettre Ouverte suscita. A en juger par les nombreux mails que je reçois et continue de recevoir, des centaines de gens à travers le monde se reconnaissent dans les mots que j’ai spontanément couchés sur le papier. Des personnes qui, dans un élan universel transcendant frontières et barrières identitaires, se sont reconnus dans ce cas prétendument isolé – le mien – et qui adhèrent à mon combat pour la dignité de l’homme noir en particulier et pour le respect de tout homme en général. Comme je le faisais avant ce jeudi mémorable, j’aurais aimé, par considération et pour le plaisir de partager, pouvoir répondre à chacun des contributeurs sur ma page Facebook. Hélas, l’exercice devient herculéen quand on s’adresse à plusieurs milliers d’abonnés actifs, conscients et très impliqués.

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Par acquis de conscience, il me parait important de préciser ce pourquoi nous luttons, finalement.  Pour ma part, je considère ma personne comme un modeste véhicule par lequel le message est passé et peut être porté. J’appelle donc à une réflexion en profondeur de la part des Sénégalais, Africains et de tout ceux qui croient que l’Homme est un être digne ne devant être méprisé et/ou maltraité par les administrations. Pour rappel, les administrations sont faites pour servir l’homme et non pour l’oppresser, l’humilier ou l’asservir. Aujourd’hui, nombre de citoyens de pays à travers le monde souffrent du joug d’administrations tatillonnes, procédurières et peu regardantes de l’humain. Concernant plus spécifiquement cette problématique de visas,  mon combat se situe à deux niveaux :

  1. Semer une graine de conscientisation auprès de mes frères et sœurs Sénégalais, Africains, sans compter tous ceux qui croient en la dignité de l’homme. J’ai voulu poser un acte symbolique pour nous Africains, ainsi que pour tous les autres qui subissent des comportements vexatoires dans certaines ambassades. Ces hommes et femmes dont certains (pas tous, heureusement), intériorisent cette peur injustifiable du « Blanc » et se sentent obligés de subir sans possibilité de  recours, aucune. L’humiliation a vécu. Elle n’a plus lieu d’être. Il fallait  témoigner qu’il est toujours possible, ici et maintenant et demain, de refuser ce genre de traitement. Il fallait monter qu’en ces temps difficiles, l’on peut rester digne. De manière générale, la Dignité ne se négocie en aucune façon. Ni pour les honneurs, ni pour les postes, les privilèges ou les biens matériels. La Dignité est non négociable. Cela vaut pour toutes les situations de  la vie et pas seulement lors des demandes de visa. Les centaines de message de soutien qui me sont envoyés me confortent dans cette vérité. Qu’a l’homme, sinon sa Dignité ? Que lui restera-t’-il s’il perd celle-ci ? C’est le désir de vulgariser cette conscientisation qui motive mon cri posté sur les réseaux sociaux: « plus le mot circulera, plus le combat sera gagné ».
  2. 2.   Faire réfléchir les autorités consulaires des différents pays, et de la France en particulier, qui adoptent ce type d’attitude à l’égard des demandeurs de visa en général, nous traitant comme des voleurs et/ou des clandestins ou usurpateurs en puissance. L’administration doit refléter des valeurs fortes et non pas écraser les usagers de ses services. Nous ne sommes pas des criminels. Certes, il y a un problème bien réel et dont je suis parfaitement consciente : certains Africains qui se rendent en Europe au prétexte d’un court séjour ne reviennent pas. Mais ce problème – qui doit effectivement être pris en compte par les ambassades – ne devrait en aucun cas les exonérer de nous traiter avec le plus élémentaire des respects. Si aujourd’hui mon geste peut faire en sorte que les officiers consulaires français disent « Bonjour », « Au revoir », « Merci » aux usagers Sénégalais et Africains et plus généralement à tous ceux issus de pays non labellisés  «puissantes dominantes», alors ce sera une avancée significative. Si les représentants au Sénégal de ces pays entament une véritable réflexion et modifient de manière plus profonde la façon dont ils traitent les Africains en général et ceux candidats au visa en particulier, alors mon geste n’aura pas été vain et je ne serai, je crois, pas la seule à me réjouir de cette victoire qui sera en fait, notre  Victoire. 

A toutes celles, à tous ceux qui se retrouvent dans ces valeurs et sont mus par cet idéal,

Aux milliers de nouveaux soutiens que La Vie m’a offerte en quelques jours,

Aux idéalistes des quatre coins du monde mobilisant leurs énergies pour la Cause,

A mes amis Français, ceux de longue date et ceux plus récents,

Je dis merci pour vos encouragements, merci de me porter!

Africainement vôtre,

Bousso Dramé

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