Des militants pro-Gbagbo ont perturbé la conférence sur la paix en Côte d’Ivoire.

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(PHOTO J. R.)

(Sud-Ouest, 13 avril 2013) – La deuxième édition de la Journée de l’Afrique, organisée hier par la mairie au musée d’Aquitaine, ne s’est pas passée comme prévu. Dans le cadre de cette manifestation, une conférence avait lieu à 14 heures sur le processus de réconciliation en Côte d’Ivoire, où les tensions restent vives entre les partisans de l’actuel président, Alassane Ouattara, et les soutiens de son prédécesseur déchu, Laurent Gbagbo.

Ces crispations ont fait irruption pendant l’échange qui, pourtant, s’annonçait feutré : les deux principaux intervenants étaient Bruno Clément-Bollée, directeur de la coopération et de la défense au ministère des Affaires étrangères, et Charles Konan-Banny, ancien Premier ministre ivoirien, chargé depuis un an et demi, à la tête de la commission Dialogue et vérité, d’œuvrer à la réconciliation en Côte d’Ivoire, un peu sur le modèle sud-africain.

14 h 45. La conférence a commencé depuis une trentaine de minutes quand un jeune homme se lève pour lire un texte réclamant la libération de Laurent Gbagbo, actuellement détenu par la Cour pénale internationale de La Haye, aux Pays-Bas.

Aussitôt, une dizaine d’autres personnes, massées au fond de l’auditorium, se lèvent à leur tour, en signe de soutien. Ces activistes invectivent Charles Konan-Banny, dénoncent une « justice inéquitable, une justice de vainqueurs », et se défont de leurs blousons pour découvrir des tee-shirts barrés de quatre mots : « Cri panafricain. Libérez Gbagbo ».

Policiers mobilisés

Surprise, voire fébrilité dans l’assistance. Charles Konan-Banny choisit de répondre posément, il paraît rompu à ces contestations. L’ancien Premier ministre, qui se tient à égale distance de Ouattara et de Gbagbo, rappelle le travail de la commission, en détaille la composition, et assure que « toute la lumière doit être faite sur toutes les violations des droits de l’homme, passées et récentes ».

Quelques objections fusent, notamment sur le rôle de l’armée française dans la chute de Gbagbo, mais le ton se calme peu à peu. Les organisateurs donneront même la parole, en fin de conférence, aux représentants du Cri panafricain.

L’apaisement gagne l’auditorium ; en revanche, aux abords du musée d’Aquitaine, la tension est visible : une dizaine de policiers ont été déployés fissa pour éviter tout débordement. Les militants du Cri panafricain avaient d’ailleurs envisagé une possible garde à vue, chacun d’entre eux est venu avec un pyjama dans son sac à dos. Prévoyants !

Le petit groupe semble bien organisé. Leur discours était écrit, l’un d’eux a filmé toute la scène pour la médiatiser sur les réseaux sociaux. « Nous n’étions pas invités, nous avons appris l’existence de cette conférence par le bouche-à-oreille et on a bien monté les choses », commentait hier soir Akobé-Félicien Yayi, président de la section régionale du Cri panafricain. Ce mouvement, créé en 2010 en France, existe depuis août 2012 en Gironde, il revendique une cinquantaine de membres en Aquitaine. Le groupe mobilisé hier rassemblait des Bordelais d’origine ivoirienne et des militants sans doute proches de l’altermondialisme.

Par Julien Rousset