Depuis trois ans, le président démocratiquement élu de Côte d’Ivoire et renversé le 11 avril 2011 par l’armée française est pris en otage par les puissances occidentales qui manipulent à leur guise l’ONU. Laurent Gbagbo est à la Cour pénale internationale, accusé de « crimes contre l’humanité », mais ses ennemis peinent à rassembler « les preuves suffisantes » pour faire déclencher un procès contre lui. A la lumière des Saintes Ecritures, le célèbre écrivain ivoirien Bernard B. Dadié, président du Congrès national de résistance pour la démocratie (CNRD), dénonce l’injustice contre la Côte d’ivoire souveraine et son président élu. Il invite la CPI à « faire triompher le Droit et la Justice, fondements de toute société qui se veut digne et pacifique ! ». Une interpellation profonde.
Si l’histoire De Laurent Gbagbo, Comme celle de la Côte D’Ivoire, était l’histoire de « Suzanne » ! Comment ? Et pourquoi ? Des coïncidences troublantes nous ont amenés à lire de près l’histoire de « Suzanne », et nous y avons trouvé des similitudes dans les faits et dans les personnages avec l’histoire de Laurent Gbagbo et de la Côte d’Ivoire. Des messages importants pour le dossier judiciaire du président Laurent Gbagbo à la Cour pénale internationale (CPI) ont également retenu notre attention.
1-L’histoire de Suzanne
« Un juif nommé JOAKIM, vivait à Babylone. Il avait pris pour femme, une certaine Suzanne … elle était très belle et profondément attachée au seigneur. Ses parents, gens pieux, l’avaient élevée dans le respect de la loi de Moïse … Deux anciens du peuple … C’est d’eux que le seigneur a parlé, lorsqu’il dit : ‘’l’injustice est venue de Babylone, par l’intermédiaire des anciens chargés de rendre la justice, des hommes qui passaient pour être des guides du peuple.’’ … tous deux brûlaient de convoitise pour elle … ils guettaient donc une occasion favorable … les anciens sortirent de leur cachette ; ils se précipitèrent vers Suzanne et lui dirent : ‘’… accepte donc de coucher avec nous ! Si tu refuses, nous t’accuserons d’être restée seule avec un jeune homme, raison pour laquelle tu avais renvoyé tes servantes’’. Suzanne poussa un gémissement et s’écria : ‘’me voilà dans une situation sans issue ! … toutefois, je préfère tomber entre vos griffes, sans avoir fait de mal, plutôt que de pécher contre le seigneur’’.
Le lendemain, quand les gens se rassemblèrent, … les deux anciens arrivèrent, bien décidés à faire condamner la jeune femme à mort, selon leur sinistre plan…
Les deux anciens se levèrent alors au milieu de tout le monde … déclarèrent : ‘’… nous les avons vus coucher ensemble. Nous n’avons pas pu maîtriser le garçon … Nous lui avons demandé qui était ce jeune homme, mais elle a refusé de nous le dire. Voilà, nous rendons témoignage de ces événements’’. L’assemblée les crut parce qu’ils étaient anciens du peuple et juges.
Suzanne fut donc condamnée à mort. Alors, elle cria très fort : ‘’Dieu Eternel, tu connais ce qui est caché … tu sais que ces gens là ont porté un faux témoignage contre moi …’’. Le seigneur entendit l’appel de Suzanne. Tandis qu’on emmenait celle-ci pour l’exécuter, il suscita la sainte protestation d’un jeune garçon nommé Daniel. Cet enfant se mit à crier fort : ‘’je refuse d’être complice de la mort de cette femme ! … avez-vous perdu la tête, israélites ! Vous condamnez une femme de votre peuple sans enquête préalable et sans preuve. Retournez au tribunal ! Ces hommes ont porté un faux témoignage contre elle !’’.
Tout le monde se hâta de faire demi-tour. Les autres anciens dirent à Daniel : ‘’… fais-nous connaître ta pensée …’’. Daniel leur répondit : ‘’Eloignez ces hommes l’un de l’autre. Je vais les interroger séparément’’. On les sépara. Daniel fit alors venir le premier et lui dit : ‘’… si tu as vraiment surpris Suzanne en compagnie d’un jeune homme, dis-moi sous quelle espèce d’arbre étaient-ils ?’’. ‘’Sous un chêne’’, répondit l’homme … Daniel … fit venir l’autre. Il lui dit : ‘’… Dis-moi, sous quelle espèce d’arbre les as-tu surpris ensemble ?’’. ‘’Sous un châtaignier’’, répondit l’homme …
tous les gens rassemblés là poussèrent des grands cris … Puis ils se retournèrent contre les deux anciens que Daniel avait convaincus de faux témoignage en se servant de leurs propres déclarations … Ce jour-là, une vie innocente fut épargnée … » (Cf. Daniel grec 13, pour le texte intégral).
2-Les coïncidences troublantes
Nous étions en novembre 2004 ; la France chiraquienne venait de détruire les moyens aériens militaires de la Côte d’ivoire. Une délégation de députés ivoiriens s’est rendue à la Haye, aux Pays-Bas, pour participer à une session de l’assemblée des Parlementaires de l’Afrique, des Caraïbes, des Pacifiques (ACP) et des Parlementaires de l’union européenne (UE). La situation de la Côte d’ivoire avait été inscrite à l’ordre du jour. Quelques minutes avant l’intervention de la délégation ivoirienne, il lui a été conseillé de modifier l’orientation de son discours pour éviter d’ouvrir la boîte de Pandore. Désemparé, le Chef de la délégation, qui devait assumer seul la responsabilité d’une nouvelle orientation de son allocution, s’est tourné vers Dieu qui lui a inspiré de raconter l’histoire de Suzanne. Le 11 avril 2011, jour de l’arrestation du président Laurent Gbagbo, la première lecture des textes liturgiques de l’Eglise catholique portait sur l’histoire de Suzanne. En novembre 2011, le Président Laurent Gbagbo est transféré à la Haye, aux Pays-Bas, devant la CPI.
3-La similitude des faits et des personnages
Comme la belle Suzanne, la Côte d’ivoire est « la désirée ». ne dit-on pas d’elle qu’elle est « le pré-carré de la France », un pays important de la sous-région ! Comme les deux anciens qui étaient membres et juges dans l’assemblée du peuple dans l’histoire de Suzanne, les comploteurs contre la Côte d’ivoire et son Président Laurent Gbagbo siègent dans l’assemblée des Etats à l’ONU, au Conseil de sécurité, et y occupent des positions influentes. Comme dans l’histoire de Suzanne, ceux qui ont préparé le complot contre la Côte d’ivoire et son président Laurent Gbagbo avaient l’habitude d’obtenir ce qu’ils voulaient de leurs victimes, en usant de menaces et de chantages. Laurent Gbagbo, comme Suzanne, était conscient de la situation sans issue dans laquelle il se trouvait face à la coalition internationale (France, USA, CDEAO, UEMOA, UA, UE, ONU, …), mais a préféré privilégier le respect de la loi et la quiétude de sa conscience.
4- Les Messages
L’histoire de Suzanne véhicule deux messages importants :
– le cri d’interpellation de Daniel ;
– la procédure proposée par Daniel.
·Le cri d’interpellation de Daniel
« Je refuse d’être complice de la mort de cette femme … Avez-vous perdu la tête … ? Vous condamnez une femme de votre peuple sans enquête préalable et sans preuve …Ces hommes ont porté un faux témoignage contre elle ! ».
Voyez-vous ! L’histoire de « Suzanne » se situe à Babylone, c’est à dire à une époque très lointaine de notre ère (587 avant jésus Christ). Pourtant, déjà, on parle d’enquête préalable et d’absence de preuve. Daniel dénonce le fait que l’on se soit contenté des dires des deux anciens qui sont des membres influents de l’assemblée du peuple. C’est pourquoi, le CNRD comme Daniel, dénonce la précipitation avec laquelle le président Laurent Gbagbo a été accusé et transféré à la CPI. si une enquête préalable avait été correctement menée, on ne serait pas en train de rechercher des preuves depuis trois ans.
Effectivement, depuis son audience de février 2013, les magistrats de la CPI ont estimé insuffisantes les charges d’inculpation de M. Laurent Gbagbo; et pourtant ils continuent de le garder, rendant la thèse du complot chaque jour irréfutable, comme dans le cas de Suzanne. C’est pourquoi, le CNRD invite la CPI à souscrire à la proposition de procédure de Daniel.
·la procédure proposée par Daniel
L’histoire de Suzanne rapporte qu’en vue de faire la lumière sur l’accusation, Daniel a proposé l’interrogatoire séparé des deux anciens, prétendus témoins oculaires des faits d’adultère. Dans le cas de Laurent Gbagbo, il est temps que la CPI interroge les auteurs des rapports qui ont servi de base à sa saisine ; ce d’autant plus que les faits visés se sont produits dans des lieux où ne résident pas les procureurs chargés des poursuites. Concrètement, cela revient à interroger les ambassadeurs de France, des usa et le représentant spécial du Secrétaire Général de l’ONU, acteurs principaux de l’arrestation et du transfèrement du président Laurent Gbagbo à la CPI. Dans la procédure proposée par Daniel, outre le procédé de l’interrogatoire, il y a également le contenu qui porte sur des questions précises. Aussi, dans le cas de Laurent Gbagbo, les questions qui pourraient être posées sont les suivantes :
–Qui a gagné l’élection présidentielle du 28 novembre 2010 en Côte d’Ivoire ? Quelles sont les données qui ont servi de base à la proclamation des résultats qui ont désigné le vainqueur ?
–Quels sont les faits qui ont déclenché la guerre après l’élection présidentielle du 28 novembre 2010 en Côte d’Ivoire ? Qui en a eu l’initiative ?
Mesdames et Messieurs les Magistrats de la CPI,
Le CNRD rappelle à votre mémoire que lors de l’audience de confirmation des charges le 28 février 2012, m. Laurent Gbagbo a dit : « Je suis ici parce que j’ai respecté la Constitution de mon pays … Mme le Président, je compte sur vous ». Ces propos de M. Laurent Gbagbo traduisent l’espoir de tous les combattants pour la Démocratie, qui croient au triomphe d’une justice libre dans le monde. La justice est non seulement un des piliers essentiels de la démocratie, mais elle est surtout l’instrument par lequel se bâtit le monde, dans l’ordre et la paix. Quid la pensée de cet homme qui préfère l’injustice au désordre, oubliant que c’est l’injustice qui conduit au désordre ! Rappelez-vous que le respect de la loi est une exigence de l’ordre social, et que la justice a pour mission de sanctionner le non respect de la loi et non le contraire. A travers l’injustice faite à M. Laurent Gbagbo, président de la république d’un Etat souverain, se profile un nouvel ordre mondial : un monde sans foi ni loi où les puissants, les plus forts malmènent et écrasent les petits, les plus faibles ; au contraire du monde actuel où l’on peut croire à l’existence d’une justice internationale, fondée sur le respect du Droit national de chaque Etat, quelle que soit sa taille ou sa capacité militaire !
Nous espérons que la CPI confirmera l’ordre actuel, en libérant dans les plus brefs délais, le président Laurent Gbagbo de ses geôles ; car nous sommes convaincus qu’il y a des voix de Daniel dans cette Juridiction internationale. Comme dans l’histoire de Suzanne, Vivement que triomphent la Vérité, le Droit et la justice, fondements de toute société qui se veut digne et pacifique !
Pour le CNRD,
Le Président Bernard B. DADIÉ
Source : Notre Voie, 9 – 10 mai 2014