(Marichesse.com) – La longue liste des problèmes de l’Université d’Abomey-Calavi s’allonge avec une nouvelle forme de commerce. Alors que ce centre est reconnu, de part le monde, pour être un haut lieu cosmopolitique de savoir où des étudiants viennent non seulement des régions du Bénin mais aussi des pays étrangers pour apprendre et étudier, il s’y développe, depuis peu, sur le campus, une autre activité. Cette activité à laquelle s’adonnent les jeunes filles étudiantes est communément appelé à travers les âges, le plus vieux métier du monde. Enquête sur l’industrie du sexe en milieu estudiantin.
Etudier aujourd’hui sur le campus d’Abomey-Calavi n’est pas chose aisée. Les difficultés sur le chemin de l’obtention du diplôme sont tellement énormes que certaines jeunes filles se voient obligés de vendre ce qu’elles ont de plus cher pour s’en sortir. En effet, la plupart des résidentes du campus viennent de l’intérieur du pays et n’ont donc aucune famille proche. Pour poursuivre leurs études supérieures, elles sont obligées d’aller habiter sur le campus pour minimiser les dépenses à leurs parents, qui d’ailleurs ne sont pas à l’abri des embarras quotidiens de survie.
Ainsi, face à la crise ambiante du fait de la hausse du coût de la vie, elles se retrouvent entremêlées dans l’engrenage des difficultés du campus. Et pour s’en sortir, tous les moyens sont bons, pourvu qu’ils ne vous conduisent pas à voler. Estelle H. étudiante en 2ème année de Sociologie, résident dans les locaux du campus, laisse entendre « Beaucoup de personnes pensent que je couche par plaisir. Ils se trompent. Je n’ai personne sur qui compter, je me prends entièrement en charge. Moi, je suis ici pour étudier, mais comme je n’arrive pas à convenablement joindre les deux bouts, la seule solution que j’ai trouvée pour pouvoir continuer mes études, c’est de me prostituer. »
Des propos assez édifiants des difficultés qu’elle rencontre pour s’en sortir et arriver à avoir son diplôme. « Je ne le fais que par pure nécessité et je ne fais pas le trottoir comme d’autres filles. Je préfère coucher avec des étudiants qui sont sur le campus ; ceci me permet de ne pas trop me culpabiliser puisqu’ils sont presque du même âge que moi. Et puis tout le monde s’en sort gagnants car moi je prends de l’argent et eux, ils ont du plaisir » a-t-elle poursuivie pour se justifier.
Mais si, Estelle met tout en œuvre pour survivre sur le campus, sa copine de cabine, Chimène, ressortissant de Dassa et étudiante en 2ème année de Linguistique et Communication, impute son activité lucrative au retard dans l’attribution des bourses. « Pour une étudiante qui loge au campus et qui n’a toujours pas perçu son trousseau cinq mois après la rentrée, il est presque impossible qu’elle puisse faire face aux dépenses nécessaires pour sa toilette et aussi pour assurer sa pitance journalière, surtout que dans notre cas, les parents se lavent les mains de nos études quand on franchit le rubicond du Bac. Comment vais-je survivre moi ? Alors, dans ces conditions, je laisse des camarades étudiants venir me voir dans ma chambre quand mes colocataires sont absentes. C’est ainsi que je gagne de l’argent ; ce qui me permet, en attendant la bourse de m’acheter tout ce qui me manque. » Ainsi, comme Chimène, beaucoup d’autres étudiantes accusent le retard des bourses et secours universitaires comme étant l’une des causes des activités qu’elles mènent et dont elles ne sont pas forcément fières.
Mais si certaines étudiantes s’adonnent au plus vieux métier du monde pour survivre sur le campus afin de ne pas rater le coche de l’obtention de leur diplôme universitaire, d’autres par contre préfèrent la facilité et vont directement faire du charme à leur professeur. Ceci afin d’avoir des facilités pour les examens ou pour carrément avoir des ‘’Notes Sexuellement Transmissibles’’. C’est le cas de Amandine, étudiante en 3ème année de Sciences Juridiques. « Moi, je suis venu sur le campus pour avoir mon diplôme. Et s’il faut que je me donne aux professeurs pour réussir, je le ferai. C’est d’ailleurs ce que j’ai toujours fait pour être aujourd’hui en 3ème année. Comment s’en sortir avec tout ce monde d’étudiants dans un seul amphi ? En tout cas, je ne regrette rien, j’ai fait mon choix et je l’assume » a-t-elle laissé entendre.
Toutefois, les motivations varient selon les étudiantes. Si certaines le font par nécessité, d’autres par contre le font pour assouvir leurs instincts sexuels. Des jeunes étudiantes interrogées, ont, en effet, avoué, qu’elles se prostituent par plaisir. Ce ne serait donc pas pour de l’argent, mais pour le désir de faire l’amour ou d’être comblée sur le plan sexuel. « Cela peut vous paraître bizarre, voire même incroyable, mais je ne fais pas la prostitution pour de l’argent puisque mes parents sont aisés. Mais je me prostitue pour assouvir mon désir. Je suis étudiante à la Faculté des sciences économique et de gestion, j’ai même passé à mon examen du DEUG 2 cette année. Si je fais la prostitution, ce n’est pas à cause de l’argent, je vous jure que je n’en manque pas, mais c’est pour assouvir mon désir qui est débordant.».
Ainsi, comme Annabelle, les raisons qui poussent ces étudiantes à vendre leur corps sont différentes, mais une chose est sûre, ces actes ternissent l’image de l’éducation béninoise et rendent incertain l’avenir de ces pratiquantes qui sont victimes soit de la pauvreté et piégées par l’amour de l’argent facile, soit de leur désir effrénée et incontrôlable.