(Le Patriote) – Le fait est plus que troublant ! Deux jours après l’appel du FPI à une alliance avec le PDCI, le relais du vieux parti sort un journal avec deux pages de l’organe de la refondation qui y ont atterri par inadvertance. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, le porte-voix de la formation dirigée par Henri Konan consacre sa manchette à un cadre du FPI, avec un message sans équivoque : « FPI, LMP, reportons nos voix sur le PDCI ». La collusion se précise-t-elle, comme en 2000 lors de la mise sur pied du Front Patriotique, conduit par Laurent Gbagbo et Fologo, en vue de diaboliser le RDR et son leader, Alassane Ouattara ? A première vue, la position du Président Bédié, donnée par son porte-parole, le Pr Niamey Koffi, est sans ambigüité : « Bédié n’est pas intéressé par l’appel du FPI. La position du PDCI est claire sur la question. On ne brise pas une alliance pour une autre…. ». Après une telle déclaration, on ne trouverait rien à redire, si la posture du SG du PDCI n’avait pas intrigué plus d’une personne. Interrogé par un confrère sur l’appel du FPI au PDCI, Alphonse Djédjé Mady a donné une réponse pas assez nette. En substance, il dit n’avoir pas lu la déclaration et qu’il revient de voyage. De par sa position de numéro 2 du PDCI, ce discours a du mal à prospérer. Il se passe comme si le vieux parti était tiraillé entre deux courants. Le premier, celui incarné par le président Bédié, s’inscrit dans le renforcement du RHDP et dans la gestion collégiale du pouvoir d’Etat. Quand au second courant, il est l’apanage d’un groupe de personnalités et non des moindres, qui montrent des signes de lassitude, qui refusent d’être comptables d’un pouvoir géré de façon collégiale et qui veulent présenter un candidat PDCI à la présidentielle de 2015. L’année dernière, c’est ce groupe qui a guidé la rédaction d’une déclaration qui reprenait à son compte les griefs de la refondation. On eût dit un pamphlet sorti des laboratoires du FPI. Ce groupement qui est très actif de par ses sorties, en a fait tellement, que des voix comme Ahoussou Jeannot et Adjoumani ont crié haro sur le baudet, devant un tel lynchage et passage à tabac de l’allié du RDR. C’est encore ces hommes et femmes qui réclamaient, il y a peu, un congrès du PDCI pour renouveler les instances. On a vu comment KKB a passé un savon au Président Bédié, arguant que ce dernier est atteint par la limite d’âge du fait de l’article 35 des statuts qui fixe l’âge limite pour présider le vieux parti à 75ans. C’est cette disposition que les détracteurs et partisans du courant de la rupture avec le RHDP brandissent pour donner une forme légale à leur revendication. Si les actants d’une telle donne parvenaient à la faire prospérer, le plan B fonctionnerait ainsi. D’un, la mise à l’écart du Président Henri Konan Bédié. De deux, la montée en puissance des extrémistes et autres détracteurs du RHDP. De trois, la désignation d’un candidat du PDCI à la prochaine élection présidentielle. A ce niveau, une personnalité et non des moindres au sein du vieux parti, pense que son heure est arrivée pour gouverner la Côte d’Ivoire. Nonobstant son âge, tout aussi avancé. Ses partisans et lui comptent sur le soutien du FPI à la croisée des chemins et qui a du mal à se trouver un leader charismatique, après la parenthèse Laurent Gbagbo. Pour les tenants de cette thèse, avec le soutien de la refondation, le tour de passe serait réussi. C’est pour cela qu’on a remarqué que l’appel du FPI fait des indécis au sein du PDCI. Pour tout dire, des jours de tumulte et de gros vacarme se précisent au parti cher à Henri Konan Bédié. La bataille fera rage entre partisans et adversaires de l’alliance du RHDP et de la co-gestion du pouvoir avec le RDR. Des schémas se mettent en place. Des personnalités dont on dévoilera bientôt l’identité, font la cour au FPI, vont chez Bédié le jour et travaillent contre lui à la tombée de la nuit, à l’instar de cet autre qui a haussé le ton s’il n’a pas carrément grondé le Président Bédié lors du choix des candidats du PDCI aux dernières législatives. La nuit des longs couteaux se met en place.
BAKARY NIMAGA