La capitale congolaise Kinshasa accueille ce 25 février 2023, les travaux de la 22ème session de la conférence des chefs d’État et de gouvernements de la Communauté économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC). Sauf surprise, la rencontre ne présage rien de ce qui peut faire avancer l’institution pourtant elle se tient en plein contexte de tensions et de volonté de rationalisation des communautés économiques régionales (CER) CEMAC, CEEAC tel que voulu par les chefs d’État et de gouvernements.
Ce qu’on sait est que le président gabonais, Ali Bongo Ondimba, devrait prendre le flambeau de la présidence tournante de l’institution au cours des travaux qui se tiennent en République Démocratique du Congo ce samedi 25 février 2023. Il s’agit d’une pratique formelle au sein de la Communauté économique des État de l’Afrique Centrale (CEEAC) conformément aux nouvelles dispositions issues de la réforme de 2015-2020 de l’institution; et donc sans réel impact sur le processus d’intégration régionale.
À sa création le 20 octobre 1983, la CEEAC avait pour mission de mobiliser toutes ses ressources et son énergie pour faire de l’Afrique centrale, une région de paix, de prospérité et de solidarité fondée sur un espace économique et politique unifié dans lequel chaque citoyen se sent libre. Sa commission devrait couvrir toutes les activités des institutions publiques, privées, société civile et les populations dans une dynamique intégrative. Mais en réalité, la communauté dans son ensemble, peine à atteindre ses objectifs.
Rendus en 2023, l’Afrique centrale cherche encore à implémenter une politique d’intégration menacée par certaines politiques nationales nées des voix discordantes. C’est dire que l’ensemble des onze pays que compte l’institution ne s’accordent pas sur ce qui est qualifié de primordial. Conséquence, aucune réelle politique commune n’a pu voir le jour et se matérialiser. Les États ont trouvé important de fusionner la CEEAC et la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) à travers la rationalisation pour faire naître une institution qui viendra apporter une réponse à l’essentiel. Le projet est là et n’attend que sa matérialisation. Entre-temps, les multiples conférences des chefs d’État et de gouvernements ainsi que d’autres réunions techniques ne parviennent pas à trouver la formule de la cohésion entre les États et à l’intérieur de ceux-ci. Les groupes armés gagnent du terrain et imposent une insécurité désormais chronique et face à une certaine impuissance des États. C’est d’ailleurs, ce que le Premier ministre congolais Jean-Michel Sama Lukonde a qualifié d’hypocrisie diplomatique lors de l’ouverture des travaux du Conseil des ministres. Le chef du gouvernement congolais a dénoncé l’agression de la RDC par le Rwanda sous couvert du M23 estimant que la CEEAC, ne devrait pas rester indifférente lorsqu’un État membre est agressé par un autre de la même communauté.
À l’entame de son mandat à la tête de cette organisation, le président Félix Tshisekedi de RDC s’était engagé à “ne ménager aucun effort pour remplir” sa mission et œuvrer “pour la paix” dans la région; lui qui avait également été désigné comme facilitateur du processus de transition au Tchad. Felix Tshisekedi aura certainement essayé mais sans succès puisque le Tchad est plus que jamais divisé et plongé dans une crise née de ce processus de transition.
Au plan fonctionnel la CEEAC souffre et suffoque à cause du comportement de certains États. Les problèmes de trésorerie s’intensifient au quotidien. Le président de la Commission, Gilberto Da Piedade Verissimo, a récemment insisté sur cette question qui mine le financement et le fonctionnement normal de cet organe. Il a plaidé en faveur de la mise en œuvre des mécanismes de financement des activités de la CEEAC afin de la rendre compétitive. L’opacité de certains organes de l’institution a souvent été mise en cause ainsi que les problèmes de mal gouvernance. Avec tous ces facteurs mis ensemble, il est difficile de croire que les travaux de Kinshasa pourront faire avancer l’institution d’un cran. Par conséquent, les chefs d’États et de gouvernements se retrouvent à nouveau pour faire du surplace comme à l’accoutumée.
La 22ème session de la conférence des chefs d’État et de gouvernements de la CEEAC a été précédée par la réunion des experts et hauts fonctionnaires de l’institution tenue le 19 février à Kinshasa et le conseil des ministres le 23 février.
Rappelons que la CEEAC est née sur les cendres de l’Union économique et douanière des États de l’Afrique centrale (UDEAC) en 1983, Elle a pour siège Libreville au Gabon et compte 11 pays membres à savoir : le Congo, la RDC, la RCA, l’Angola, le Burundi, le Rwanda, la Guinée équatoriale, le Cameroun, Sao Tomé-et-Principe, le Tchad et le Gabon naturellement.
Yves Modeste NGUE