La grave crise qui a éclaté au sein du FPI est toujours en train de secouer et de diviser ce Parti. Elle a même failli viré au drame avec l’assassinat manqué du président Pascal Affi N’Guessan dans la nuit du vendredi 30 janvier 2015 au cours des obsèques de la mère du président Laurent Gbagbo à la Place Ficgayo de Yopougon. La réorganisation technique de la Direction opérée le 04 juillet 2014 par le président a été très mal perçue par certains cadres du Parti qui avaient été remplacés dans leurs fonctions ou exclus. Un malaise s’est ainsi installé, porté par de gros mécontentements qui ont généré de violentes accusations et donné forme à un mouvement de fronde. Pour les mécontents,”Affi veut tourner la page de Gbagbo,”Affi veut aller aux élections”,”Affi veut faire entrer le FPI au gouvernement Ouattara”, “Affi est dans un deal “, etc. En réalité rien de tout cela n’est vrai. Contrairement aux rumeurs que les frondeurs ont répandues à travers le pays, le président du FPI est le meilleur élève de Laurent Gbagbo, son plus fidèle et plus loyal disciple. Chaque jour Affi nous démontre qu’il suit les traces de Laurent Gbagbo.
Nous le savons tous, malgré les arguments de façade que la rébellion dirigée par Guillaume Soro avait brandis pour tenter de justifier ses actions subversives et meurtrières, l’objectif de la sanglante guerre menée contre le président Laurent Gbagbo et la Côte D’Ivoire, depuis septembre 2002, était avant tout d’installer par tous les moyens Alassane Ouattara au pouvoir, de briser l’essor de notre pays, de le livrer au désordre et à l’incertitude. Cependant, tout au long de cette douloureuse crise politico-militaire imposée à son régime, l’action du Président Laurent Gbagbo avait toujours été guidée par le souci constant de rétablir la paix et la stabilité, de restaurer la cohésion sociale et de permettre à notre pays de se reconstruire dans un climat apaisé. Il l’a très clairement rappelé dans le libre évènement “LAURENT GBAGBO SELON FRANÇOIS MATTEI” en ces termes en page 235 « …parler avec tout le monde, c’est cela la politique ». Laurent Gbagbo ne ménagera ainsi aucun effort humainement possible dans la gestion de ce conflit.
De Lomé à Ouagadougou en passant par Marcoussis, Kléber , Accra I, II et III, Pretoria I et II, le président Laurent Gbagbo était allé partout pour négocier avec en tête une seule idée, obtenir la fin des hostilités. Ne voulant pas l’exclure de la recherche d’une solution à la crise, il avait même rencontré l’un des parrains de la rébellion, Blaise Compaoré, le 03 décembre 2002 à Bamako malgré le soutien que le président burkinabè apportait aux rebelles à qui il avait offert son pays comme base arrière. Laurent Gbagbo avait nommé en janvier 2003, à Klébert (France), Seydou Élimane Diarra comme premier ministre et l’avait chargé au cours du Sommet des Chefs d’État ouest-africains tenu à Yamoussoukro le 10 février 2003, de former un Gouvernement de Réconciliation nationale incluant les insurgés. Il avait accepté que plusieurs rebelles soient nommés ministres, les Soro, Messamba, Alain Lobognon, des illettrés comme Tuo Fozié et même Louis André Dakoury Tabley, son frère devenu ennemi. Des ministres comme Patrick Achi, Amon Tanoh et compagnie qui avaient auparavant été exclus du Gouvernement avaient été réintégrés. Par la suite et pour des besoins d’efficacité, Laurent Gbagbo avait accepté d’offrir la Primature à Charles Konan Banny avant d’y installer finalement Guillaume Soro en personne. Le cruel chef de la rébellion qui avait endeuillé la Côte D’Ivoire avait été nommé le 29 mars 2007 après la signature à Ouagadougou d’un Accord politique de Paix le 4 mars de la même année. Une Loi d’Amnistie avait même été adoptée le 06 août 2003 pour rassurer les rebelles.
Malgré cependant toutes ces importantes concessions et hormis la question électorale que le président Laurent Gbagbo avait tranchée au moyen de l’article 48 de la Constitution par l’octroi du droit à Alassane Ouattara de se présenter à l’élection présidentielle de 2010 comme candidat exceptionnel au regard des dispositions constitutionnelles en vigueur, les autres grandes préoccupations sur lesquelles portait l’APO, à savoir le désarmement et la réunification du pays n’avaient jamais trouvé de solutions. Les rebelles avaient continué de comploter dans l’ombre, usant de stratégies dilatoires, s’adonnant à des actions d’incivisme anti-républicain et de défiance envers le Président de la République. Rien de tout ceci n’avait pourtant découragé Laurent Gbagbo dans sa quête inlassable de la paix par la négociation et les compromis. C’est aux termes de tout ce périple jonché de multiples embûches que Laurent Gbagbo avait remporté les élections présidentielles 2010 et avait été investi par le Conseil Constitutionnel avant que la France de Nicolas Sarkozy ne vienne parachever le travail pour l’expédier à la Haye.
Faisons maintenant un parallèle avec les actions du président Pascal Affi N’Guessan dans la gestion de la crise qui a éclaté au FPI. Les initiatives et l’attitude que le président du FPI a adoptées pour affronter cette crise rappellent à bien des égards les efforts du président Laurent Gbagbo que nous venons de passer en revue. Comme son mentor, Pascal Affi N’Guessan a cherché la paix et la réconciliation. Comme lui, il s’est montré prêt à faire des concessions majeures et est resté ouvert aux compromis sans jamais se compromettre. Affi a privilégié le dialogue et les vertus du “Asseyons-nous et discutons” prôné par Laurent Gbagbo pour résoudre les différends dans un esprit de pardon, d’ouverture et de tolérance qui caractérise les hommes de grandeur. Comme Laurent Gbagbo qui appelait hier les uns et les autres au respect strict de la Constitution, il a appelé les militants du FPI au respect des Textes fondamentaux (Statuts et Règlement intérieur) que le parti socialiste ivoirien s’est librement donnés. Conscient des responsabilités liées à sa mission, il reste aussi conscient de ses prérogatives et il en a fait usage pour rendre son équipe plus efficiente et plus apte à l’aider dans ses tâches. Sa gestion n’a cependant jamais été froide ou mécanique. Comme un bon père de famille, soucieux de rassembler tous ses enfants, Affi dans le sillage de Laurent Gbagbo est resté attaché à la recherche constante de la paix et de la cohésion dans la gestion des hommes et de leurs différences ou divergences.
Ce que certains pourraient alors tenter vainement aujourd’hui, de présenter comme une faiblesse n’en est donc pas une en réalité. Etant celui que l’on a voulu ébranler et discréditer, le chef qui selon un dicton baoulé est un tas d’ordures où l’on jette tout, très conscient qu’il est celui qui doit pardonner, apaiser et rassembler, Affi n’a pas failli à son devoir. D’aucuns, tournant le dos aux arguments, choisissent de descendre dans la poubelle en l’y invitant, beaucoup ont abandonné les premiers motifs de la fronde et critiqué divers concepts comme celui de la Cei consensuelle, oubliant que le Comité Central du 28 juin 2014 a clairement souhaité que le FPI intègre la Cei à condition qu’elle soit consensuelle. D’autres tirent à boulets rouges sur les discussions avec le pouvoir en place alors que c’est ce que Laurent Gbagbo a toujours prôné avec l’adversaire ou l’ennemi pour résoudre les questions qui divisent.
Après l’attaque toujours non élucidée du siège de son Parti, après l’assassinat manqué contre lui à la place Ficgayo de Yopougon, beaucoup avaient pensé qu’il s’abstiendrait de se rendre à Gagnoa pour la suite des funérailles de la mère du président Laurent Gbagbo. Cependant, loin de jeter l’éponge devant la crise, les menaces et les agitations des frondeurs, Affi tout comme Laurent Gbagbo l’avait fait face aux crimes abominables des rebelles, continue de tendre la main et d’appeler les uns et les autres à la retenue et au rassemblement pour relever les vrais défis. Une crise interne pour un parti politique est toujours l’occasion de de montrer qu’il est solide et organisé. Les accrochages verbaux, les chaudes empoignades et les débats hoûleux sont donc toujours inévitables mais restent cependant les signes de la vitalité de toute organisation véritablement démocratique. Le président Affi qui a su bien comprendre cela, sait qu’il lui incombe de gérer comme il se doit les ardeurs et l’agressivité de ses adversaires, ayant en idée que le calme revient toujours après la tempête.
Comme on le voit, Affi a une haute conscience des responsabilités que Laurent Gbagbo et les militants du FPI lui ont confiées dans la direction du Parti.Il sait que la crise veut déraper et tendre vers des dérives mafieuse et criminelles. Les frondeurs instrumentalisent des jeunes et les dressent contre lui. Ce fut le cas à la place Ficgayo de Yopougon, ce fut aussi le cas à Gagnoa où, parti pour s’acquitter de son devoir de président du FPI, il a rencontré une atmosphère surchauffée et hostile installée par les frondeurs. Affi sait cependant qu’il doit continuer à tendre la main, à rassembler de manière inclusive tous les militants et sympathisants dans la solidarité. Il sait qu’il se doit de canaliser toutes les énergies qui se manifestent et de les orienter vers les principaux objectifs de la lutte du parti. C’est donc dire combien il est vital et urgent aujourd’hui pour tout le monde de mettre fin à toutes ces querelles interminables et à toutes ces divisions qui ne rendent service à personne, ni à Laurent Gbagbo dans sa posture du moment, ni aux militants encore moins au peuple ivoirien qui attend du FPI des actes concrets et majeurs pour se réconcilier et réapprendre à vivre. Il est absolument temps de mettre fin aux déchirements internes pour aller au rassemblement, à la lutte dans l’union, la solidarité et la cohésion afin de libérer notre pays, notre président Laurent Gbagbo chers à nous tous, tous nos camarades détenus, trouver des réponses adéquates aux grandes questions pendantes et redresser notre destin commun.
Océane Yacé, Politologue, Monte-Carlo, Monaco.